Alerte à la contrefaçon de médicaments

Publié par Brigitte Bègue
le 6/04/2016
Maj le
3 minutes
diverses capsules de médecine coloré sur fond de table en bois
Autre
Le trafic de faux médicaments ne cesse d’augmenter partout dans le monde. La France est épargnée pour l’instant par la contrefaçon de médicaments, mais des experts, réunis à Paris sous l’égide de l’Académie nationale de médecine, lancent l’alerte.

Contrefaçon de médicaments : des risques graves pour la santé

Un médicament falsifié est un médicament qui ressemble à un vrai mais qui n’en est pas un. Dans 60% des cas, il ne contient aucun principe actif. Dans le cas de la contrefaçon, il peut être sous-dosé ou contenir des substances dangereuses. De l’éthylène de glycol a été retrouvé, par exemple, dans des sirops pour la toux. Dans tous les cas, ces faux médicaments entrainent des risques graves pour la santé : soit le malade ne guérit pas puisqu’on son traitement est inefficace, soit il meurt. Selon l’Ircam (Institut international de recherche anti-contrefaçons de médicaments), ce trafic causerait entre 700 000 à 2 millions de morts par an dans le monde.

Contrefaçon de médicaments : les pays développés ne sont pas épargnés

Les pays en développement sont les plus touchés par ce phénomène : on estime que les médicaments falsifiés représentent 20 à 30% du marché pour l’Afrique sub-saharienne et l’Asie du sud-est. Mais, longtemps à l’abri, les pays développés ne sont plus épargnés. Les États-Unis ont d’ailleurs réagi en mettant en place un système d’alerte. Si toutes les classes de médicaments sont concernées au niveau mondial, en Europe, selon l’Académie de médecine, « la fraude porte souvent sur des médicaments onéreux : anticancéreux, facteurs de croissance, immunosuppresseurs... ». En 2014, de fausses plaquettes d’un anticancéreux, l’Herceptin, ont été décelées au Royaume-Uni, en Allemagne et en Finlande.

50% des médicaments sur internet sont faux

Pour l’heure, en France, aucune contrefaçon de médicament n’a été retrouvée en circulation. Une exception qui s’explique sûrement, pour les experts, par « le maintien d’une chaîne pharmaceutique structurée et réglementée ainsi qu’un niveau de prix relativement peu attractif pour les opérateurs du commerce parallèle ». Néanmoins, comme partout ailleurs, les risques existent avec internet. En Europe, près de la moitié des médicaments vendus sur Internet en dehors des sites légaux seraient des faux. Il s’agit essentiellement de produits dopants, coupe-faim, hormones ou des médicaments contre les troubles de l’érection.

Prévenir et punir la contrefaçon de médicaments : un impératif sanitaire

Aujourd’hui, les experts dénoncent l’inaction des organisations internationales « devant ce drame qui frappe d’abord les populations plus pauvres de la planète » et demandent que cette question soit reconnue comme un « impératif sanitaire ». Dans un manifeste, ils émettent 7 recommandations :

  • faire ratifier la convention Medicrime, qui assimile ce trafic à un crime, par tous les États.
  • rappeler l’OMS à son devoir pour lutter efficacement contre ce fléau.
  • renforcer la coordination entre tous les organismes chargés de ce problème.
  • mieux contrôler la sécurité et la pérennité des approvisionnements.
  • sensibiliser les professionnels de santé.
  • alerter l’opinion publique sur les risques encourus.
  • diminuer le prix des médicaments pour les pays les plus démunis.

Sources

« Médicaments falsifiés : plus qu’un scandale, un crime », rapport de l’Académie de médecine du 8 décembre 2015, coordonné par le Pr Marc Gentilini, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, et le Dr Yves Juillet, président honoraire de l’Académie nationale de Pharmacie.

Manifeste de l’Académie nationale de médecine, de pharmacie et de l’Académie vétérinaire de France, 5 avril 2016.

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