Acné adulte : le soleil, ami ou ennemi de la peau ?

L’acné est une maladie de peau qui ne concerne pas seulement les adolescents. Chez les adultes, elle touche principalement les femmes. 25% des Françaises adultes auraient une peau acnéique, selon ameli.fr.
L’acné est dit adulte quand elle se manifeste pour la première fois à l’âge adulte sans antécédent à la puberté. Elle peut aussi être la résurgence à l’âge adulte d’une acné non guérie à l’adolescence. "L’acné adulte se déclare quand l’adolescence est terminée, en moyenne autour de 25-30 ans", note Marie-Estelle Roux, dermatologue à Paris, contactée par e-sante.
Acné adulte : les symptômes
Cette maladie inflammatoire du follicule pilosébacé se caractérise par une anomalie de la qualité du sébum sécrétée par la glande sébacée. En cas d’acné, le sébum est sécrété en excès et devient épais, décrit ameli. Les pores de la peau sont obstrués par les cellules mortes, le sébum mais aussi les bactéries. Ce milieu gras offre en effet un terrain propice à la prolifération d’une bactérie naturellement présente sur la peau, le Cutibacterium acnes, favorisant les lésions d'acné.
Cette affection de peau se manifeste par des lésions inflammatoires, sous forme de boutons d’acné (boutons rouges sans pus ou rouges à tête blanche renfermant du pus) visibles à la surface de la peau. En profondeur, elle s’accompagne de nodules, des petites bosses profondes de plus de 5 mm, sans rougeur visible mais néanmoins douloureuses.
Chez les femmes concernées par l’acné adulte, "ces nodules sont souvent localisés sur le bas du visage, le long des joues et de la mâchoire", précise Marie-Estelle Roux.
Acné adulte : une maladie multifactorielle
D’une femme à l’autre, l’apparition de lésions d’acné présente des origines diverses. Chez certaines, cette maladie de peau est rythmée sur les variations hormonales, notamment au moment des règles.
Peuvent également être en cause des traitements hormonaux, la prise de contraceptifs oraux (pilule), une stimulation ovarienne dans le cadre d’une procédure de procréation assistée, ou encore certains médicaments. "Certains traitements médicamenteux peuvent donner des éruptions acnéiformes, comme les corticoïdes (cortisone par voie orale), la vitamine B12 ou encore la prise de psychotropes", relève la dermatologue.
Autre coupable connu, le stress, qui peut entraîner une acné adulte. Il s’observe notamment chez des jeunes femmes actives, soumises au stress et à une charge mentale trop encombrante.
Acné adulte : une alimentation inflammatoire aussi en cause
L’alimentation est également pointée du doigt : "on retrouve aussi des facteurs alimentaires dans la survenue de l’acné adulte, pointe Marie-Estelle Roux. Les produits lactés et les produits sucrés (sucre industriel) sont des produits pro-inflammatoires, qui favorisent toutes les pathologies inflammatoires comme l’acné". Et l’alcool ? S’il est clairement reconnu comme néfaste pour la santé et pro-inflammatoire, il n’est pas scientifiquement établi qu’il soit pourvoyeur d’acné.
D’autres facteurs environnementaux pourraient avoir une influence sur l’apparition d’acné adulte, comme la pollution, même si son impact ne fait pas l’objet d’un consensus scientifique et reste encore peu documenté. En 2019, une étude parue dans l'International Journal of Cosmetic Science, a tout de même démontré un lien entre la pollution atmosphérique et l’acné inflammatoire.
Acné adulte : les faux bienfaits du soleil
Les femmes touchées par l’acné ont souvent l’impression que l’exposition solaire améliore l’apparence de leur peau. En réalité, cette cohabitation avec le soleil ne serait pas un si grand allié. Au contraire, celui-ci pourrait aggraver les lésions cutanées, qui reviennent comme un boomerang après l’été et les multiples expositions solaires, au grand dam des concernées : "Quand on a de l’acné inflammatoire, il faut absolument se protéger du soleil. Le soleil risque de laisser des taches sur les peaux acnéiques sur les phototypes 4, 5, 6 (peau mate, brune et noire). Sur les phototypes plus clairs (peau très claire à claire), l’exposition au soleil peut laisser des cicatrices", prévient la dermatologue.
Autre idée reçue qui a la peau dure : penser que le soleil a un effet asséchant sur les boutons d’acné. Là aussi, le soleil se révèle un faux ami dont il faut se méfier : "C’est une impression transitoire. Certes, la peau devient plus épaisse, mais cet effet anti inflammatoire du soleil est éphémère : une fois passée l’exposition solaire, on constate un effet rebond pro inflammatoire. On observe un regain de poussées d’acné déclenchée par l’exposition du soleil. On le voit beaucoup au retour des vacances à la rentrée".
Soleil et acné adulte : comment préserver sa peau fragile
Pour s’épargner ces mauvaises surprises, sources de stress supplémentaire à la rentrée, certaines bonnes habitudes sont à adopter pendant l’été : "on reste à l’ombre le plus possible, on porte un chapeau. Et si on ne peut pas faire autrement que s’exposer au soleil, on protège sa peau avec de la crème solaire d’un indice 50 ou 50 +, avec une texture adaptée aux peaux acnéiques (non grasses et non comédogènes)". Plusieurs marques de cosmétiques disponibles en parapharmacie proposent des gammes spécifiques pour les peaux acnéiques avec des protections solaires.
Pas de traitements anti-acnéiques rétinoïdes en été
En période estivale, les traitements anti-acnéique rétinoïdes comme le roaccutane sont proscrits car ils diminuent l’épaisseur de la peau, qui devient plus vulnérable au soleil. La barrière cutanée moins épaisse exposée au coup de soleil risque la brûlure. En traitement par voie locale, le peroxyde de benzole peut être prescrit par un médecin pour les zones inflammatoires.
Le zinc, un actif bénéfique contre l’acné adulte en été
Si on ne peut pas prendre de médicament par voire orale en été pour lutter contre l’acné adulte, on peut se tourner vers le zinc, un actif naturel intéressant. "Dans l’acné, on observe une anomalie de la qualité du sébum avec des lipides de mauvaise qualité. Le zinc diminue la séborrhée et améliore la qualité des lipides du sébum", explique Marie-Estelle Roux. Cet oligoélément peut se prendre sous forme de cure (en médicament ou complément alimentaire) pendant au moins 3 mois, sachant que les premiers effets sont visibles dès 15 jours.
Et en dehors du zinc ? Les acides de fruits sont également bénéfiques. "On peut utiliser des acides de fruits 2 à 3 soirs par semaine. Et les autres soirs on hydrate bien. La peau acnéique est une peau fragilisée donc il importe de la réparer, insiste la dermatologue. En résumé, en été, le matin on, protège correctement sa peau du soleil et le soir, on l’hydrate bien", en privilégiant des crèmes non grasses avec acide hyaluronique qui vont aider à réparer la barrière cutanée fragilisée et agressée par le soleil.
Surtout, on évite de toucher ses boutons ou de les percer, au risque de laisser des marques et des taches sur sa peau (encore plus si on a une peau pigmentée), ajoute l’experte. Au retour de l’été, on n’hésite pas à aller consulter un dermatologue qui prescrira le traitement le plus adapté pour contrer les éventuelles poussées acnéiques post été.
Acné adulte : l’importance d’une alimentation équilibrée
On mise sur une alimentation adaptée riche en vitamine C, un antioxydant qui améliore la cicatrisation, en omega-3 et omega-6, des acides gras également bénéfiques pour réparer la peau. "Quand on a de l’acné, il est nécessaire de manger équilibré en consommant des produits frais, des fruits frais pour la vitamine C, des acides gras pour avoir de bons lipides et corriger l’anomalie des lipides constatée dans l’acné. Il est également conseillé de limiter les produits lactés, et de favoriser le lait de chèvre ou de brebis, plutôt que le lait de vache, pro-inflammatoire", recommande la dermatologue.