8 astuces pour en finir avec le ronflement

Eviter les produits vendus en pharmacie
Pastilles, sprays, granules… Les solutions anti-ronflement pullulent en pharmacie. Mais ces produits, parfois coûteux, sont à éviter selon le Dr Gérard Vincent. Inefficaces, ces traitements en vente libre n'ont pas été testés de manière satisfaisante. Face à un ronflement, mieux vaut garder une chose à l'esprit : aucun traitement pharmacologique n'aidera à y mettre fin.
"Les sprays ne marchent jamais, tranche le chirurgien-dentiste. Au pire, ils peuvent provoquer des complications par un dépôt d'huile dans les petites alvéoles." Des cas de brûlure et d'irritation des muqueuses sont également possibles.
Apprendre à respirer correctement
"Le ronflement n'est pas une maladie", rappelle le Pr Frédéric Chabolle. Le patient est en bonne santé, ce qui signifie que les traitements doivent rester limités dans leur impact. "On va donc du traitement le moins invasif vers le plus invasif", souligne-t-il. La première solution consiste à vérifier que le patient respire correctement.
"Normalement, on inspire par le nez et on expire par la bouche, explique Gérard Vincent. Parfois, on inspire par la bouche, ce qui peut provoquer le ronflement." Après s'être assuré que l'orifice nasal n'est pas obstrué, par un rhume ou une sinusite notamment, cette habitude doit être vaincue. Pour cela pas de secret : penser à inspirer par le nez, afin d'en faire un réflexe.
A noter : Face à un ronflement, consulter un ORL ou un dentiste est vivement recommandé. En effet, les causes d'un tel bruit sont multiples. Environ 8 cas sur 10 sont dus à un trouble de la sphère ORL.
Perdre du poids
Le surpoids est un facteur de risque important de ronflement. Celui-ci est deux à trois fois plus courant chez les personnes qui présentent une surcharge pondérale. En cause, l'accumulation de graisse autour de la gorge et le long des parois du larynx. "Très souvent, un amincissement permet de régler le problème du ronflement, souligne le Pr Frédéric Chabolle. Maigrir est souvent le meilleur des traitements."
Changer de position la nuit
Il arrive qu'une mauvaise position la nuit provoque le ronflement. Dormir sans oreiller, notamment, augmente considérablement le risque, tout comme le fait de sommeiller sur le dos. "La tête part en arrière, la mâchoire tombe et les tissus vibrent", résume le Dr Gérard Vincent.
Mais comment savoir si le ronflement est lié à la posture ? "On réalise presque toujours un enregistrement du sommeil avant de traiter le patient, explique Frédéric Chabolle. Cela fournit des renseignements importants sur la composante posturale." Si les données montrent que le patient ne ronfle que sur le dos, changer de position est recommandé.
Le problème, c'est que le dormeur ne maîtrise pas ses mouvements… Ne reste donc qu'une solution : le contraindre à dormir sur le côté. Pour cela, tout est bon. "Le but est de le gêner, que ce soit avec un sac à dos ou une balle en caoutchouc…", liste le Pr Chabolle. Cet ORL accepte même le recours à des produits plus modernes, qui vibrent.
Le Dr Gérard Vincent, lui, se fait plutôt le chantre de la simplicité. "On dit au patient d'incliner le matelas pour le faire dormir sur le côté, précise-t-il. Le recours à une balle de tennis n'est pas forcément une bonne idée, dans la mesure où cela gêne le sommeil." Une méthode douce qui a le mérite de préserver les articulations des personnes souffrant de troubles rhumatologiques ou orthopédiques.
Porter un écarteur nasal
Lorsque le ronflement a une cause mécanique, la traiter est essentiel. "Pour qu'il se produise, il faut un moteur et un vibrateur, illustre Frédéric Chabolle. Le moteur, c'est un rétrécissement de l'écoulement d'air au niveau de la gorge. Il crée une zone de turbulences qui met en vibration la luette ou le voile du palais."
Si l'air passe mal à cause d'un nez obstrué, celui-ci doit donc être dégagé. Pour cela, des bandelettes ou des écarteurs nasaux, qui jouent le rôle de ressort, sont disponibles. "Ils décollent la paroi qui gêne, résume le Dr Vincent. Une fois la narine écartée, l'air rentre mieux."
Cette technique a le mérite d'être peu invasive. "Mais ce n'est pas la cause majeure du ronflement", souligne le chirurgien-dentiste. En cas de fracture ou de déviation de la cloison nasale, la chirurgie peut être nécessaire (voir plus loin).
L'orthèse quand le problème vient du fond de la bouche
Les orthèses agissent sur les problèmes du fond de la bouche qui provoquent le ronflement. Et ceux-ci sont nombreux. "Le voile du palais, situé au bout de la gorge, assure un effet de clapet avec la luette, illustre Gérard Vincent. C'est lui qui vibre lors d'un ronflement." De même, la langue peut manquer de place et écraser le pharynx.
Améliorer le passage de l'air est alors nécessaire. C'est justement le rôle d'une orthèse. "Le principe, c'est de propulser la mandibule en avant, pour faire avancer la langue", résume Frédéric Chabolle. Le pharynx est alors dégagé, ce qui suffit à stopper la plupart des ronflements.
L'orthèse en question ressemble à un protège-dents dont les deux parties sont reliées par des barrettes de longueur réglable. La mâchoire est progressivement avancée jusqu'à ce que le ronflement disparaisse. "Sur le long terme, cela peut déplacer les dents, avertit l'ORL. Il faut donc voir son dentiste tous les 6 mois pour vérifier que ce n'est pas le cas." Ce type de déplacement est minime et reste rare. "2 % des gens sont touchés et cela reste mineur. Les patients ne s'en plaignent pas", rassure Gérard Vincent. Cela peut même corriger des mauvaises positions de la mâchoire inférieure.
Plusieurs types de dispositifs sont en vente. Celles disponibles en pharmacie sont thermo-formables : après un passage à l'eau chaude, chacun peut mouler le dentier sur sa propre dentition. Une technique qui a l'avantage d'être peu coûteuse.
"L'inconvénient, c'est que les dents sont uniques, comme les empreintes digitales, modère le Pr Chabolle. Cette orthèse n'est donc pas parfaitement adaptée." Utiliser une orthèse validée cliniquement, et vendue en pharmacie, permet de s'assurer d'obtenir un produit de qualité. L'idéal reste de les réaliser sur mesure, à partir d'une empreinte dentaire. Le coût est plus élevé et reste entièrement à la charge du patient.
Arrêter de fumer et de boire
L'hygiène de vie joue un rôle majeur dans la survenue du ronflement. L'alcool, par exemple, relâche les muscles qui dilatent le pharynx. Ceux-ci se détendent, ce qui diminue le passage de l'air, particulièrement le soir.
"Ne pas prendre d'alcool le soir, ne pas manger trop le soir, diminuer sa consommation de somnifères" : voilà les conseils que prodigue le Pr Chabolle à ses patients. Un conseil simple, mais efficace car les hypnotiques accentuent fortement le ronflement.
Les ronfleurs ont aussi tout intérêt à arrêter de fumer. En effet, le tabac agit sur les tissus mous de la gorge, qui sont enflammés. Cette réaction réduit le volume du pharynx, favorisant les bruits nocturnes.
En dernier recours : se faire opérer
En dernier recours, la chirurgie peut être indiquée contre un ronflement. Mais avant cela, "il est important de s'informer sur les attentes du conjoint, souligne Frédéric Chabolle. S'il est insomniaque, le ronflement continuera d'être une gêne et l'opération ne sera pas intéressante."
L'intervention peut viser les tissus mous de la gorge, le nez ou encore la mâchoire. C'est à l'ORL d'en déterminer la nature. Dans tous les cas, elle devra rester légère. "On ne pratique pas d'anesthésie générale pour un ronflement simple", tranche le Pr Chabolle. Ainsi, la chirurgie de la langue n'est plus pratiquée en raison des risques élevés et des résultats inégaux qu'elle occasionne.
L'opération peut consister à désobstruer les voies encombrées, après une fracture du nez ou à cause d'amygdales trop grosses par exemple. Le médecin peut aussi choisir de réduire le volume de la luette ou inciser le voile du palais, si ceux-ci posent problème. "On ne le fait plus trop car cela ne supprime pas forcément la cause du ronflement", souligne toutefois le Dr Gérard Vincent.
Une technique moins mutilante est un peu plus utilisée : la radiofréquence. "Elle consiste à rigidifier le voile du palais en l'exposant à une chaleur contrôlée", explique le chirurgien-dentiste. En effet, le courant envoyé dans les tissus mous provoque une fibrose qui rigidifie cette zone, limitant le ronflement.
Et si c'était une apnée du sommeil ?
Le ronflement peut être le symptôme d'une maladie chronique avec de lourdes répercussions sur la santé : l'apnée obstructive du sommeil qui touche 4 % de la population française.
"C'est un syndrome bien plus grave qu'un simple ronflement, alerte le Dr Gérard Vincent. Le ronflement peut être un signe annonciateur d'une apnée. C'est une maladie mal connue qui augmente le risque cardiovasculaire et métabolique."
Avant d'engager un traitement, il est important d'écarter ce diagnostic, car la prise en charge n'est pas la même. C'est tout l'intérêt de l'examen du sommeil, qui permet de voir si une apnée se produit lorsque le patient dort.
Sources
"En finir avec les ronflements: Un guide pratique pour retrouver une qualité de sommeil optimale", Dr Gérard Vincent et Damien Bidaine, Editions Eyrolles
Site du centre du ronflement à Lyon
Site du CRTS
Les ronflements, Assurance maladie