6 choses insolites à savoir sur le sperme

L’abstinence fait varier le volume de sperme
Dans l’imaginaire collectif masculin, "c’est la virilité qui s’exprime par le volume du sperme", explique le Pr Desgrandchamps. A tort. Car le volume normal lors de l’éjaculation est situé entre 2 et 4 millilitres. Il dépend surtout de la durée durant laquelle l’homme est resté abstinent. "Entre trois et six jours d’abstinence, la quantité sera légèrement plus élevée", confirme l’urologue parisien. Au-delà, la dose reste la même.
Mais répandre sa semence plus ou moins généreusement n’est pas un gage de fertilité. "Il a été démontré que, si on éjacule tous les jours, la quantité de spermatozoïdes restera la même, précise François Desgrandchamps. C’est le liquide qu’on trouve autour qui varie."
En effet, le sperme se compose à 20 % de liquide issu de la prostate et à 70 % de liquide produit par les vésicules séminales – deux glandes reliées à la prostate. Ces dernières ont besoin d’un délai pour reconstituer leur stock. "Si on éjacule tous les jours, ces vésicules n’ont pas le temps de sécréter à nouveau leur liquide", complète le Pr Desgrandchamps.
Inutile, donc, de s’alarmer : un éjaculat de faible volume n’aura pas forcément de conséquences sur la fertilité.
Plus de 4 verres d'alcool par jour atrophient les testicules
L’alcoolisme n’est pas compatible avec un sperme de qualité. Non seulement il diminue le volume produit, mais il abîme aussi la qualité des spermatozoïdes. "C’est lié au fait que l’éthanol agit directement sur l’axe hypothalamo-hypophyso-testiculaire, qui est l’axe de régulation de la vie du testicule", explique François Desgrandchamps.
A partir de quatre verres par jour, cet axe essentiel est inhibé. "Les testicules vont donc s’atrophier et produire moins de spermatozoïdes", poursuit l’urologue. Cet effet ne s’observe que dans le cadre de consommations chroniques et le sevrage permet d’améliorer la situation.
Et l’alcool n’est pas la seule addiction qui pose problème. Fumer affecte aussi la qualité du sperme. En cause, les métaux lourds contenus dans les cigarettes. "Elles contiennent du plomb et du cadmium qui pénètrent dans le sperme et agissent comme des facteurs d’inflammation", développe le Pr Desgrandchamps. La mobilité des spermatozoïdes est alors inhibée.
Certains aliments pourraient diminuer la qualité du sperme
Que faut-il manger pour avoir un sperme de qualité ? De nombreuses équipes scientifiques se sont cassé la tête sur cette question. "Une légende urbaine veut que le bière augmente la quantité de sperme, sourit le Pr Desgrandchamps. C’est faux, bien sûr."
En dehors des idées reçues, l’interrogation est légitime, mais la réponse compliquée. "On en sait assez peu sur ce point", concède l’urologue. Il faut dire que la plupart des études nutritionnelles s’appuient sur des questionnaires remplis à distance. Difficile, donc, de déterminer une cause alimentaire.
"Comme pour les autres déterminants de santé, les viandes rouges et grasses, les produits laitiers gras, les pommes de terre, le soja et les boissons sucrées ou light ne sont pas très bons, liste le Pr Desgrandchamps. Mais comme le disait Paracelse, c’est la dose qui fait le poison."
A savoir : L’obésité favorise des troubles de la fertilité, même chez les hommes. En cause, le tissu adipeux qui est une source importante d’hormones. "Le gras est un organe, résume François Desgrandchamps. Il transforme notamment les hormones masculines – androgènes – en hormones féminines – œstrogènes."
On peut être allergique au sperme
L’allergie au sperme est rare, mais elle existe bel et bien. Il s’agit, plus précisément, d’une hypersensibilité à une protéine contenue dans le liquide séminal : le PSA, produit par la prostate. "Cette allergie provoque une rougeur vulvaire et des douleurs après les rapports sexuels", précise François Desgrandchamps.
Les symptômes de l’allergie sont localisés au niveau des zones entrées en contact avec le sperme. Mais dans les cas les plus graves, un choc anaphylactique peut se produire. Le problème, c’est que les manifestations ressemblent beaucoup aux autres infections sexuelles plus courantes. "C’est une catastrophe car on accuse souvent le partenaire d’être à l’origine d’une IST, concède l’urologue. On ne pense quasiment jamais à l’allergie."
Cette méconnaissance est d’autant plus gênante que la sensibilisation peut se produire avant même un rapport sexuel. "On retrouve une protéine similaire au PSA dans les poils de chien, développe le Pr Desgrandchamps. Il est donc possible de s’immuniser et de souffrir des signes dès le premier rapport." Et les hommes ne sont pas épargnés.
Traiter l’allergie est possible, à l’aide d’un traitement de désensibilisation. Le port du préservatif permet aussi d’éviter le contact avec le sperme.
Les antibiotiques altèrent la qualité du sperme
Certains médicaments peuvent avoir un effet néfaste sur la qualité de la semence masculine. Certains sont assez couramment utilisés, comme les antibiotiques ou les antiépileptiques. D’autres sont plus rares.
Plusieurs modes d’actions se distinguent. Les uns peuvent être toxiques pour la production de spermatozoïdes – comme les chimiothérapies cytotoxiques – et d’autres altérer l’axe HHT, comme les opiacés utilisés au long cours ou certains antidépresseurs. Des anomalies dans l’action des spermatozoïdes ont aussi été constatées sous anticonvulsivants ou certains antibiotiques.
Mais la plupart des médicaments ayant un effet sur la qualité du sperme provoquent une dysfonction érectile, éjaculatoire ou une diminution de la libido. C’est le cas du finastéride, un anti-androgène de synthèse indiqué dans certaines calvities.
"Les hommes jeunes le prennent pour faire repousser leurs cheveux en cas d’alopécie andro-génétique, explique le Pr Desgrandchamps. Ce médicament interfère avec l’hormonologie de la prostate. Il peut donc y avoir un retentissement sur la qualité du sperme, mais il est en principe réversible."
Le cannabis diminue la quantité de spermatozoïdes
Le cannabis est un produit toxique bien connu des urologues. En effet, le tissu des testicules possède des récepteurs au THC, le principe actif de cette plante psychoactive. Les consommateurs sont donc à risque accru de cancer testiculaire.
"A partir de 8 joints par semaine, les récepteurs situés sur les testicules sont affectés", explique le Pr Desgrandchamps. Cela se traduit par des spermatozoïdes moins nombreux et un comportement anormal, d’après une petite étude réalisée en 2003.
Sources
Comment améliorer la fécondité de l'homme, Clinque mutualiste La Sagesse
Quels sont les médicaments pouvant affecter la fertilité masculine ?, Québec Pharmacie