Les traumatismes dans l’enfance rendent plus vulnérables à la douleur chronique

Les expériences traumatisantes vécues dans l’enfance, comme les abus sexuels et physiques ou le harcèlement scolaire, laissent souvent des stigmates pérennes sur la psyché à l’âge adulte. Selon une nouvelle étude parue dans European Journal of Psychotraumatology, ces traumas augmentent aussi le risque d'être en proie à des douleurs chroniques des années plus tard.
© Istock

Les agressions physiques, les violences verbales, le rejet, l’abandon, le harcèlement à l'école, l’humiliation… Les traumatismes subis dans l’enfance marquent durablement et peuvent ébranler la santé mentale des personnes concernées. Ces blessures douloureuses peuvent affecter significativement les émotions, les pensées, les relations aux autres et l’image de soi. Ces expériences négatives rendaient également plus vulnérables aux douleurs chroniques.

Une nouvelle étude, parue dans la revue European Journal of Psychotraumatology le 18 décembre 2023, illustre cet autre stigmate sur la santé, lié aux traumas vécus dans l’enfance. 

Dans le cadre de ces nouveaux travaux, les chercheurs canadiens de l’Université McGill ont passé au crible la somme de recherches menées sur une période de 75 ans, portant sur un total 826 452 adultes.

Le fruit de leur méta-analyse met en évidence que les personnes qui ont subi des événements traumatiques dans l'enfance courent un risque accru de souffrir de douleurs chroniques et d'incapacités liées à la douleur à l'âge adulte, en particulier chez celles qui ont été victimes d'abus physiques. Et pour les victimes qui ont subi des expériences douloureuses de façon cumulée, avant l’âge de 18 ans, le risque est encore plus exacerbé.

Précisément, les personnes exposées directement à un traumatisme, qu'il s'agisse d'abus physique, sexuel ou émotionnel, ou de négligence, ont été 45 % plus susceptibles de déclarer une douleur chronique à l'âge adulte, comparé à celles qui n'en avaient pas été victimes.

De plus, les violences d’ordre physique subies pendant l'enfance étaient associées à une probabilité plus élevée de déclarer des douleurs chroniques et des incapacités physiques.

Mieux prendre en charge les traumatismes vécus dans l’enfance

"Ces résultats sont extrêmement préoccupants, d'autant plus que plus d'un milliard d'enfants, la moitié de la population infantile mondiale, sont exposés chaque année à des expériences négatives vécues pendant l’enfance, ce qui les expose à un risque accru de douleur chronique et de handicap plus tard dans la vie", alerte dans un communiqué le Dr André Bussières, auteur principal de l’étude, chercheur à l'École de physiothérapie et d'ergothérapie de l'Université McGill, au Canada.

Face à ce constat inquiétant, les auteurs assènent l’impérieuse nécessité de mieux prendre en charge les personnes exposées à ces traumatismes pendant l’enfance, de façon à minimiser les répercussions néfastes sur leur santé dans leur vie adulte.  "Il est urgent de mettre au point des interventions ciblées et des systèmes de soutien pour rompre le cycle de l'adversité et améliorer les résultats sanitaires à long terme, pour les personnes qui ont été exposées à des traumatismes pendant l'enfance.

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