" Vous pouvez répéter ? "

Une gêne sociale
La dégradation de l'acuité auditive se fait progressivement et de manière bilatérale. Ainsi, sa répercussion sur le quotidien est souvent minimisée. Mais faire répéter son entourage, ne plus suivre le cours d'une conversation à plusieurs, c'est très gênant. On préfère alors « décrocher », ce qui précipite souvent le déclin intellectuel. En effet, n'entendant plus assez, on échange moins, on aggrave le retrait social et finalement, la capacité à communiquer.
La presbytie se corrige sans honte avec des lunettes, pourquoi tant de réticence à compenser la presbyacousie ?
Pour beaucoup d'entre nous, être sourd, c'est vraiment être vieux. Ne plus voir de près à la cinquantaine, c'est un peu rageant, mais finalement « acceptable ». Pourtant, il n'est pas plus acceptable de moins entendre que de moins voir, même si l'audition handicape souvent plus tard que la vision. Il est important pour un senior de consulter un ORL dès les premiers signes de perte auditive. Après un examen clinique (pour éliminer le classique bouchon de cérumen) et des tests audiométriques (étude des seuils auditifs), le spécialiste prescrira ou non des prothèses.
Des prothèses, ça se porte le plus tôt possible... et des deux côtés !
Les progrès dans le domaine de l'appareillage auditif sont époustouflants, tant sur la miniaturisation que sur les performances. Reste le problème du prix. Les plus petits modèles (certains ne dépassent pas 6 mm, ils se placent de façon totalement invisible dans le conduit de l'oreille) restent réservés aux déficits légers. Les surdités sévères nécessitent quant à elles le plus souvent des amplificateurs puissants, avec contours d'oreille (dont certains modèles restent discrets et légers). Les aides auditives numériques sont remarquables, car elles permettent le traitement du bruit de façon informatique. On gagne ainsi en intelligibilité, en qualité sonore. La quasi-disparition de l' « effet Larsen » (sifflements intempestifs), le réglage automatique en cas de bruit violent et soudain (klaxon, cris, etc.) et enfin le réglage personnalisé (échantillonnage de l'environnement sonore habituel : bruits de rue, d'animaux, etc.) permettent le plus souvent une adaptation en douceur.
Soulignons que la collaboration entre l'audioprothésiste et le patient est primordiale notamment pour l'adaptation et le réglage de l'appareil.
Quel que soit l'âge, la surdité est un handicap. La presbyacousie a de lourdes conséquences, surtout lorsqu'elle complique d'autres déficits (visuels, musculaires, etc.). Reconnaître qu'on entend moins bien qu'avant, ou accepter qu'un proche vous le fasse remarquer, permet d'éviter d'attendre trop longtemps avant de réagir. Trop tarder, c'est perdre des chances de s'adapter aux appareils auditifs et donc risquer de les voir finir dans un tiroir ...