Vivre en couple : comment ça marche ? Règles établies... et cachées

En fait, le regard des thérapeutes de couple ou familiaux permet de reconnaître des paramètres communs, des « constantes » propres à la vie relationnelle d'un couple. Ensuite, avec ce fonds commun, chacun compose à sa façon « son propre contrat conjugal ».

Le couple obéit aux mêmes règles que le groupe

Le thérapeute familial explique en effet qu'un couple est comme un petit club, évidemment très fermé, puisqu'il n'admet que deux membres ! Mais dès qu'il est constitué, il existe comme une entité propre, au même titre qu'un groupe, quelle que soit sa taille.

De fait, dès le mini-club constitué, un système d'autorégulation spontanée se met en place, sans que chacun ait besoin de le nommer.

L'équation du couple est aussitôt 1 + 1 = 3

En ce sens, point n'est besoin d'attendre la naissance d'un enfant pour dire que 1 + 1 = 3.

Le couple forme donc en lui-même « une troisième instance qui défie les lois mathématiques ».

Autrement dit, « le couple existe par lui-même, indépendamment des deux partenaires qui le composent ». Sa construction est progressive et à la fois il contribue à diriger sa vie (du couple) tout en échappant au contrôle individuel de ses membres.

Le couple met en place des règles explicites

En se construisant, chaque couple définit des règles explicites pour mieux asseoir son organisation et son fonctionnement.

Ainsi en est-il de la décision d'ouvrir ou non un compte commun et de définir les dépenses estimées comme faisant parties de ce compte.

Parmi ces règles figurent aussi des décisions qui peuvent porter sur le travail (l'un renonce-t-il à son travail pour l'autre), les horaires de chacun, les activités ou moments que l'un ou l'autre conserve en dehors du couple, la répartition des tâches ménagères, etc.

Toutes ces questions sont évidemment actualisées avec la naissance puis par l'éducation d'un (des) enfant(s).

Les règles implicites ne vont pas toujours de soi...

D'autres types de règles de fonctionnement se mettent aussi en place dans le couple, mais cette fois-ci de façon implicite.

Ces règles ne sont donc pas énoncées clairement, tout se passant comme si elles étaient tellement évidentes qu'elles n'avaient pas besoin d'être dites. Et c'est là que souvent le bât blesse...…

Ce qui est tellement évident pour l'un ne l'est pas forcément pour l'autre, et rapidement, à partir de situations quotidiennes très banales, des conflits profonds peuvent émerger. Ainsi, peut-il en être du déjeuner dominical chez la belle-mère ou plus prosaïquement encore de la place du beurre dans le frigo ou de la façon de placer les couverts dans le lave-vaisselle….

Il existe une face visible du couple et une face cachée

Dans le couple, plusieurs niveaux d'échanges et de relations sont en fait profondément intriqués.

• La face visible est constituée par la communication entre les deux membres du couple, faite d'échanges tranquilles, parfois de mésententes, de temps de conflits et bien sûr de négociations.

• La face cachée est encore plus riche et évidemment non consciente pour une grande part.

  Elle est constituée par l'histoire personnelle de chacun, qui fait que pèse sur la relation tout le « poids des demandes inconscientes » de l'un vis-à-vis de l'autre, « la force des projections » de l'un sur l'autre, la puissance des attentes, des désirs (non exprimés).

Autrement dit, l'arithmétique d'un couple va même bien au-delà de 3, puisque derrière le visage de chacun se cache celui d'un père, d'une mère, d'une sœur, d'une amie ou d'un amour d'enfance, etc.

Le couple partage " un pot commun " rempli de dits et de non dits

Serge Hefez désigne par cette image du pot commun, l'espace dans lequel chacun dépose « ses attentes, ses désirs, ses représentations du couple ». Il contient donc à la fois « ce dont on parle et ce dont on ne parle pas », « ce que l'on partage et ce que l'on souhaite garder pour soi ». Tout cela contribue à définir l'espace de l'intimité et « la bonne distance » dans la relation. Concrètement, la façon dont l'argent est régulé est une bonne illustration du pot commun. La question des amis en fait aussi partie. « Tes amis sont-ils aussi les miens ? », « qui sont les nôtres ? », etc.

Les crises dans un couple sont absolument normales

Un couple n'existe pas une fois pour toute, avec une configuration donnée et immuable. La vie d'un couple n'est pas un état figé dans lequel chacun resterait immobile à une place, en occupant une fonction particulière.

Au contraire, la relation de couple est un processus continu de développement, qui par nature évolue par crises successives.

En ce sens, comme l'écrit Serge Hefez, « ces crises sont absolument normales et c'est le fait de les surmonter qui maintient la relation vivante ».