Vivre avec une douleur chronique...

Publié par Dr Catherine Solano
le 14/11/2012
Maj le
5 minutes
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Souffrir d’une douleur, ce n’est pas toujours si grave, quand on sait que cela va passer.

Mais quand la douleur dure, la personne atteinte endure une vraie souffrance qui la mine.

Pourtant, il faut continuer à vivre avec. Comment faire ?

C’est quoi une douleur chronique ? Définition…

La douleur est une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire existante ou potentielle, ou décrite en termes évoquant une telle lésion » (1).

La douleur est donc définie par la personne qui en est atteinte. Personne n'a donc le droit de dire « non, vous n’avez pas mal ! »

Toutes les douleurs sont de vraies douleurs.

La douleur est dite chronique lorsqu'elle persiste au-delà de ce qui est habituel pour la cause présumée, soit plus de 6 mois en général, quand elle répond insuffisamment au traitement, ou entraîne une détérioration significative et progressive des capacités fonctionnelles et relationnelles de la personne qui souffre. On estime que quasiment 20 % de la population souffre de douleurs chroniques, soit une personne sur 5.

Détecter l’origine de la douleur

La douleur a forcément une origine.

La première réaction à avoir, quand on souffre de douleur chronique, c’est bien sûr de trouver cette origine afin d’avoir plus de chances d’être soulagé(e).

Ici, un centre de la douleur peut beaucoup aider si votre médecin traitant ne semble pas parvenir à vous soulager suffisamment. Pourquoi ? Parce que la cause la plus évidente n’est pas forcément la bonne.

Prenons un exemple fréquent : une douleur du dos n’est pas forcément due à une hernie discale (quand le disque déborde et appuie sur les nerfs). Parfois, même s’il y a eu une hernie, la personne qui souffreprend par réflexe et de manière inconsciente, une posture visant à diminuer la douleur. Si cette posture devient chronique, elle peut entraîner une douleur.

Le rhumatologue peut ne pas en avoir conscience et continuer à soigner une hernie quand une kinésithérapie serait plus adaptée.

Les médecins des centres de traitement de la douleur sont habitués à repérer ce type de problèmes et à les soigner.

Cela vaut donc la peine d’y consulter, même si vous avez pleine confiance en votre médecin.

Soigner la douleur elle-même

Quand la douleur est chronique, et que l’on ne peut agir sur la cause connue ou non, les traitements antidouleur ou antalgiques sont une première solution. Cette solution est souvent insuffisante car sinon, on ne se plaindrait plus jamais de douleur chronique.

Il existe trois niveaux de médicaments anti-douleurs (antalgiques), du moins fort au plus puissant qui sont prescrits par un médecin.

  • Le niveau 1 correspond aux antalgiques faibles comme le paracétamol ou l’aspirine.

  • Le niveau 2 correspond aux antalgiques plus forts comme la codéine seule ou en association aux antalgiques de niveau 1, ou la poudre d’opium.

  • Le niveau 3 des antalgiques les plus puissants est formulé à partir de la morphine ou de ses dérivés.

Soigner la souffrance

Lorsqu’on s’est occupé de la dimension physique de la douleur et qu’elle persiste, on doit s’occuper de sa dimension psychologique.

Car une douleur qui dure a inévitablement des répercussions sur le psychisme.

La première réaction, c’est souvent la révolte. Le médecin a dit : on ne peut rien faire de plus, et la douleur persiste. Le désespoir peut alors survenir. Et très souvent, l’anxiété importante ou la dépression.

En effet, la douleur chronique est souvent associée à des dépressions. On peut le comprendre !

Du coup, il faut aussi soigner cet aspect psychique de la douleur. Et là, il existe de nombreuses solutions.

Le soutien, par un psychiatre ou psychologue, l’utilisation de l’hypnose, la sophrologie, la méditation, la relaxation. Et aussi l’exercice physique, quand il est possible, est un des meilleurs antidépresseurs qui soit. Chercher des solutions est important, car cela permet de ne pas rester passif.

Rester passif augmente la douleur, alors qu’être actif permet de moins la ressentir.

Prendre en compte la douleur sociale

La douleur n’est pas seulement personnelle, elle est aussi liée à l’environnement.

Les limitations relationnelles et sociales sont toujours importantes. Prenons l’exemple d’un adulte qui ne peut plus jouer avec ses enfants, ou ne peut plus marcher au dehors autant qu’auparavant…

D’autre part, l’entourage a souvent du mal à s’adapter, surtout que la douleur est invisible. Autant l’entourage est souvent compréhensif pour une douleur passagère, même forte, autant, il a du mal à s’adapter à une souffrance chronique. Et la personne souffrante se sent souvent très seule… Les consultations de psychothérapie permettent de dénouer toutes ces difficultés ou au moins d’en parler pour mieux les dépasser.

S’adapter à la douleur

Si l’on parle de douleur chronique, c’est que même avec les meilleurs traitements, les meilleurs antalgiques, la psychothérapie, les pratiques d’hypnose, la douleur reste présente. La personne que l’on ne parvient pas à guérir va devoir l’accepter et vivre avec. C’est souvent une acceptation extrêmement difficile. Mais bizarrement, cela permet souvent de mieux vivre et de moins souffrir et de chercher tout ce qui peut aider à vivre avec, en pratique et sur les plans psychologiques et relationnels.

Les personnes qui arrivent à ce stade réussissent à se dire « Que puis-je faire pour vivre au mieux comme je suis », au lieu de se tourmenter sur tout ce qu’elles ne parviennent plus à faire…

Info pratique : comment trouver un centre antidouleur ?

Sources

« Douleur chronique : reconnaître le syndrome douloureux chronique, l’évaluer et orienter le patient. » Haute Autorité de Santé (HAS), synthèse des recommandations professionnelles 2008.
(1) : Cette définition est celle de l’« International Association for the Study of Pain », Association internationale pour l’étude de la douleur.

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