VGM et TCMH élevés : décrypter la macrocytose sans alarmer et comprendre le diagnostic

Publié par Stéphane Leduc
le 01/12/2025
4 minutes
Un plan moyen rapproché (Medium Close-Up) capturant une femme d'une cinquantaine d'années et son fil
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Votre prise de sang révèle un VGM (Volume Globulaire Moyen) élevé, un phénomène appelé macrocytose. Cela signifie que vos globules rouges sont plus grands que la normale. Souvent associée à l'anémie, cette anomalie est un indice important, mais non un diagnostic. Quelles sont les causes fréquentes d'un VGM élevé – notamment les carences en vitamines B12 et B9, l'alcool ou l'hypothyroïdie – et comment le médecin procède-t-il pour trouver l'origine ? Des réponses claires pour lever vos doutes.

Recevoir un résultat de biologie avec des valeurs hors des normes de référence peut être une source d'inquiétude. Pourtant, derrière les acronymes VGM et TCMH se cachent des informations précieuses pour votre médecin. Ces marqueurs ne sont pas une sentence, mais le point de départ d'une réflexion logique pour comprendre le fonctionnement de votre organisme. Plutôt qu'un signe de maladie grave, une élévation de ces paramètres est souvent le reflet d'un déséquilibre qu'il est possible de corriger. Comprendre la signification grand public d'un VGM élevé permet de dédramatiser la situation et de participer activement à la démarche diagnostique.

Qu'est-ce qu'un VGM élevé et est-ce toujours grave ?

L'hémogramme, ou numération formule sanguine, analyse en détail les cellules de votre sang. Deux paramètres clés concernent les globules rouges : le VGM (Volume Globulaire Moyen), qui mesure leur taille, et la TCMH (Teneur Corpusculaire Moyenne en Hémoglobine), qui évalue la quantité de pigment rouge qu'ils contiennent. Lorsque le VGM dépasse 100 femtolitres, on parle de macrocytose. Un TCMH élevé sur une prise de sang accompagne souvent cette augmentation, car un globule plus volumineux transporte logiquement plus d'hémoglobine. Cette anomalie est un indice, pas une maladie en soi. Il est essentiel de savoir que de nombreuses situations expliquent les causes d'un VGM élevé sans anémie, c'est-à-dire sans que le taux global d'hémoglobine dans le sang soit diminué. Dans certains cas, il peut même s'agir d'une "fausse macrocytose", un artefact de mesure lié à la présence d'anticorps spécifiques ou à une hyperglycémie majeure.

Quelles sont les causes les plus fréquentes de cette anomalie ?

L'enquête sur l'origine d'une macrocytose commence par les causes les plus courantes. En premier lieu, la principale cause de macrocytose est une carence en vitamines B12 ou B9 (folates). Ces deux nutriments sont essentiels à la synthèse de l'ADN et donc à la division cellulaire. Quand ils manquent, la moelle osseuse produit des globules rouges de grande taille et fragiles, conduisant à une anémie dite mégaloblastique. Cette carence est moins souvent due à l'alimentation qu'à un problème d'absorption intestinale, comme dans la maladie de Biermer. La consommation chronique et excessive d'alcool est une autre cause majeure. L'alcool exerce un effet toxique direct sur la moelle osseuse, et c'est une piste classique dans le diagnostic d'une anémie macrocytaire, même sans carence vitaminique associée. Toutefois, il faut se garder des conclusions hâtives : un VGM élevé n'est pas systématiquement synonyme d'alcoolisme. D'autres conditions, comme une maladie du foie, une hypothyroïdie ou la prise de certains médicaments (chimiothérapies, antiviraux), peuvent aussi être en cause.

Comment le médecin mène-t-il l'enquête diagnostique ?

Face à une macrocytose, le médecin agit comme un détective. Son premier indice est le taux de réticulocytes, les jeunes globules rouges. S'il est élevé, cela signifie que la moelle osseuse tente de compenser une perte (hémorragie) ou une destruction accélérée des globules. Si ce taux est bas, le problème se situe au niveau de la production, pointant vers une carence, un effet toxique de l'alcool ou d'un médicament. Un bilan hépatique et thyroïdien est systématiquement réalisé pour écarter ces pistes. Pour confirmer un déficit vitaminique, les analyses se sont affinées. Le simple dosage de la vitamine B12 n'est plus jugé suffisant, car il ne reflète pas toujours sa disponibilité réelle pour les cellules.

Les praticiens s'orientent de plus en plus vers des marqueurs fonctionnels plus fiables. Le dosage de l'Holo-transcobalamine (Holo-TC), la forme active de la vitamine B12, ou la mesure de l'Acide méthylmalonique (MMA) et de l'Homocystéine, dont les taux augmentent en cas de déficit fonctionnel, permettent de poser un diagnostic de certitude. Cette précision est cruciale, car une carence sévère en B12, si elle n'est pas traitée, peut provoquer non seulement une anémie mais aussi des atteintes neurologiques potentiellement irréversibles.