Vaccin anti-covid : Un médecin qui a eu une réaction allergique, appelle à faire attention

Aux USA, la campagne de vaccinations contre la COVID-19 mis en place dans l'espoir de mettre un terme à la pandémie a débuté mi-décembre. Le Dr Hossein Sadrzadeh, oncologue de Boston, en a profité le 24 décembre dernier. Malheureusement, l'homme connu pour être allergique aux crustacés a rapidement souffert d'un effet secondaire rare : il a ressenti les prémices d'un choc anaphylactique. Si au moins 6 complications de ce genre ont été rapportées avec le vaccin de Pfizer, il s’agit du premier cas signalé avec celui de Moderna. 

Rythme cardiaque accéléré, picotement : le médecin détaille sa réaction au vaccin

Le médecin s'est confié sur sa réaction allergique dans la presse américaine. Quelques minutes après l’injection, sa fréquence cardiaque avait atteint les 150 battements par minute, soit environ deux fois sa cadence normale. Il a ensuite ressenti des picotements dans la langue puis elle s’est engourdie. En peu de temps, il a été trempé en raison de sueurs froides. Selon ses dires, il se sentait étourdi et faible. Sa tension artérielle a également chuté.

"C'était la même réaction anaphylactique que j'éprouve avec les crustacés", a expliqué le Dr Sadrzadeh au New York Times.

twitter.com/nbcbayarea/status/1343262891030573056

Le professionnel de la santé a alors eu le réflexe d’utiliser son EpiPen, traitement d'urgence des réactions allergiques sévères présenté sous la forme d’un stylo auto-injecteur. Il a ensuite été conduit aux urgences, où il a reçu plusieurs médicaments, dont des stéroïdes et du Benadryl pour calmer ses symptômes.

Un compte rendu de sa visite précise qu'il souffrait alors "d’essoufflement, d’étourdissements, de palpitations et d’engourdissement"

Dans un communiqué, David Kibbe, le porte-parole du Boston Medical Center, a confirmé que l’oncologue avait reçu le vaccin de Moderna. Il a ajouté que le médecin "avait l'impression de développer une réaction allergique et était autorisé à s'auto-administrer son EpiPen personnel. Il a été emmené au service des urgences, évalué, traité, surveillé puis renvoyé chez lui", quatre heures plus tard.

Si le docteur Hossein Sadrzadeh allait bien dès le lendemain, il ne veut pas que "quelqu'un d'autre traverse ça" et a donné ses mises en garde. 

Vaccin anti-covid : les précautions à prendre selon l'oncologue

Le docteur Hossein Sadrzadeh n’a gardé aucune séquelle de sa mésaventure. Toutefois, il voudrait qu’elle profite aux autres. Il a confié au journal Boston Globe "Je veux que [les gens qui se font vacciner contre la covid-19] prennent leur EpiPen s'ils en ont à la maison et informent également la personne qui leur administre cette injection qu'ils peuvent avoir des réactions allergiques graves. Je connaissais les symptômes. J'ai l'expérience. J'étais médecin et j'étais mort de peur. Imaginez quelqu'un qui n'a pas l'information. "

Néanmoins, ce moment angoissant n'a pas fait changer d’avis le médecin sur l’importance de se faire vacciner contre le coronavirus. "Je pense que les gens doivent se faire vacciner", a-t-il assuré. Il conseille également aux personnes allergiques de se faire vacciner à l'hôpital par précaution. 

Par contre, le professionnel aimerait que les laboratoires "enquêtent davantage sur cette question" pour "éviter que des choses ne se produisent".

twitter.com/OncSadr/status/1344118587431276547

Pour le moment, le vaccin de Moderna n’est pas disponible en France. Son dossier devrait être étudié par l'Agence européenne des médicaments le 6 janvier prochain.

Le vaccin Pfizer/BioNTech est le seul produit à avoir reçu le feu vert des autorités européennes. Selon les résultats des essais cliniques, il serait "efficace" à 95% pour prévenir les infections de la Covid-19 après la deuxième injection.

Mais quelques réactions allergiques ont aussi été observées dans les pays qui ont débuté leur campagne de vaccination en décembre. C’est pourquoi en France, la Haute Autorité de la Santé met également en garde. Si elle estime que le vaccin Pfizer peut être "utilisé pour les personnes de 16 ans et plus", elle le déconseille aux personnes "présentant des antécédents de manifestations graves d’allergie de type anaphylactique, compte tenu des rares cas rapportés en Grande-Bretagne."

Vaccin anti-covid : quels sont les effets secondaires ?

Les réactions allergiques au vaccin ne remettent pas en cause les campagnes lancées dans plusieurs pays. En effet, les professionnels de la santé rappellent que les réactions allergiques sont des complications exceptionnelles. On dénombre actuellement 6 cas avec le vaccin Pfizer et 1 avec celui de Moderna alors que près 2 millions de doses ont été administrées aux USA, près d’un million au Royaume-Uni et en Russie ou encore plus de 350 000 en Israël. 

Par ailleurs, les réactions allergiques ne sont pas propres aux vaccins anti-covid. Vaccination Info Service expliquait sur son site dès 2018 : "tous les vaccins injectables sont susceptibles d’entraîner une éventuelle anaphylaxie", tout en précisant qu’il s’agit de cas rares.

Les effets secondaires les plus fréquents avec les vaccins contre la covid-19

Les premières données des campagnes de vaccination contre la COVID-19, menées dans les autres pays, ont mis en lumière d'autres effets secondaires que l'allergie. Les patients indiquent surtout une douleur autour du point d'injection, des courbatures, des maux de tête voire de la fièvre.

Toutefois, ces troubles bénins s'estompent après quelques jours.

Ces informations sont similaires aux rapports publiés par l’agence américaine FDA avant l’autorisation des vaccins. Pour le vaccin de Pfizer, des réactions autour du point d'injection (84,1%), de la fatigue (62,9%), des maux de tête (55,1%), des douleurs musculaires (38,3%), des frissons (31,9%), des douleurs articulaires (23,6%) et de la fièvre (14,2%) avaient été observées. Les participants ayant reçu celui de Moderna se plaignaient principalement de fatigue, de maux de tête et de fièvre.

Par ailleurs, l'Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) a assuré qu’elle allait effectuer "une surveillance continue et en temps réel des effets indésirables prévisibles ou inattendus".