UNITAID : la solidarité internationale dont nous pouvons être fiers

La France pionnière
L’UNITAID a une belle histoire car elle répond à un grand besoin : donner accès aux médicaments aux plus déshérités de la planète. Les traitements du VIH ont en effet mis en évidence que l’écart entre les pays riches et les pays pauvres devenait insupportable. Alors que les premiers avaient accès aux trithérapies qui sauvaient leurs habitants, les seconds voyaient leur espérance de vie s’effondrer et leurs enfants mourir.
D’où l’idée de Bill Clinton de créer une centrale internationale d’achats pour faire pression sur les prix et obtenir un accès du plus grand nombre aux meilleurs traitements. Mais l’argent restant le nerf de la guerre, c’est à Jacques Chirac et à Luiz Inácio Lula da Silva, alors Présidents de la France et du Brésil, que nous devons la taxe de solidarité sur les billets d'avion qui a apporté l’argent nécessaire à la naissance d’UNITAID. La loi française était promulguée la première le 30 décembre 2005 (loi n° 2005-1720, article 22). Cette loi a permis la mise en place d’une taxe de 1 à 40 euros sur le prix des billets internationaux. L’année suivante l’UNITAID était créée, en septembre 2006, à l’occasion d’une Assemblée générale des Nations Unies.
Des médicaments pour les enfants
Aujourd’hui l’UNITAID a pour mission de lutter prioritairement contre les grandes pandémies mondiales (sida, paludisme, tuberculose) à l'origine de millions de morts par an. Le coût des principaux traitements pédiatriques contre le sida a ainsi pu être divisé par 10, permettant de sauver plus de 400.000 enfants dans le monde. Mais l’UNITAID c’est aussi le financement de la recherche pour créer des formes pédiatriques aux traitements et de nouveaux tests diagnostiques.
Un financement indolore
Aujourd’hui 11 pays ont suivi la France et le Brésil dans le financement d’UNITAID pour récolter en 6 ans plus de 2 milliards d’euros. Mais la crise économique est là, entraînant pour la première fois une baisse des aides publiques dans le monde. D’autres sources de financement doivent être trouvées. François Hollande a proposé que 10 % de la taxe dite Robin des bois sur les transactions financières soit dévolue à cet objectif. Souhaitons que la France continue à montrer la voie.
La grande leçon d’UNITAID est que les sources de financement de ce genre, qui s’apparentent à du Crowdfunding, ou financements participatifs, sont indolores. Quand le Chili a ainsi suivi la France en prélevant 1 dollar sur chaque billet d’avion, on craignait que cela n’entraîne une baisse du trafic. Il n’en a rien été, celui-ci ayant continué à augmenter.
Source : Le Quotidien du Médecin du 3 juin 2013, n°9247.