Un régime pauvre en FODMAP contre l’intestin irritable

Les FODMAP, des sucres bien particuliers
L’acronyme FODMAP est anglais. Il désigne les O ligosaccharides, D isaccharides, M onosaccharides et les P olyols qui ont en commun le fait d’être F ermentescibles par la flore intestinale. Plus clairement, tous ces glucides (qui n’ont pas toujours un goût sucré) ne sont que partiellement absorbés par l'organisme pendant la digestion. En conséquence, quand ils arrivent dans le côlon, ils sont susceptibles d’être consommés et digérés par les bactéries qui y logent. Le résultat, bien souvent, ce sont les symptômes du syndrome de l’intestin irritable : ballonnements, gaz, douleurs intestinales, accompagnés de diarrhées ou de constipation selon les cas.
Diminuer les apports en FODMAP est efficace contre l’intestin irritable
Plusieurs études ont montré que si l’on diminue tous ces glucides, les symptômes de l’intestin irritable s'estompent. Le régime « FODMAP » a donc aujourd’hui sa place comme première solution diététique en cas de syndrome de l’intestin irritable. Malheureusement, ce régime est extrêmement contraignant. En effet, pour savoir quels aliments sont concernés, il faut savoir quel type de glucides ils contiennent, ce qui est loin d’être évident. Par ailleurs, tous ces glucides n’apportent pas forcément un goût sucré caractéristique. Les patients doivent donc aussi se méfier d’aliments comme certaines céréales (blé, orge et seigle), certains légumes (échalote, artichaut, poireaux, champignons) ou encore des laitages… Et pas question de faire des écarts : le régime doit être suivi très attentivement pour être efficace.
FODMAP : uniquement sous contrôle d’un professionnel de la santé
Un suivi par un(e) diététicien(ne) est indispensable pour suivre un régime faible en FODMAP, et pas seulement à cause de la difficulté à repérer les FODMAP. D’abord, face à des symptômes intestinaux désagréables et qui se maintiennent au-delà de quelques semaines, il est capital de consulter son médecin généraliste, qui vous orientera si nécessaire vers un gastroentérologue, pour éliminer toutes les autres causes possibles : des troubles inflammatoires comme la maladie de Crohn, l’intolérance au lactose, la maladie cœliaque… jusqu’au cancer colorectal. Par ailleurs, le régime pauvre en FODMAP est tellement restrictif qu’il faut absolument être suivi(e) par un(e) diététicien(ne) pour équilibrer son alimentation, sans quoi les carences sont pratiquement inévitables.
Malgré toutes ces difficultés, le régime FODMAP est un grand progrès pour les patients qui souffrent de l’intestin irritable. Les symptômes de ce syndrome sont en effet très gênants et peuvent très sérieusement nuire à la qualité de vie des personnes touchées, voire les empêcher de mener leurs activités quotidiennes. Mais il faut rappeler qu’il s’agit d’un régime à but thérapeutique, qui va soigner des personnes malades. Il est donc déconseillé d’adopter ce mode d’alimentation si vous ne souffrez pas du syndrome de l’intestin irritable.
Néanmoins, le "P" de FODMAP, ce sont les Polyols, c’est-à-dire une grande partie des édulcorants utilisés dans les produits et boissons industriels dits « sans sucre », « allégés » ou « light ». Même si l’on n‘est pas certain d’être victime du syndrôme de l’intestin irritable mais que l’on en repère certains symptômes, il n’y a aucune difficulté, ni aucun danger, bien au contraire, à les supprimer de son alimentation.
Sources
Eugénie Joly, Diététicienne chef en hospitalisation aux Cliniques Universitaires Saint-Luc.