Toux chronique d’hypersensibilité : des quintes de toux infernales !

Publié par Hélène Joubert
le 13/03/2017
Maj le
4 minutes
malade, tousser
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Qu’y a-t-il de commun entre le parfum d’une passante, la position allongée ou un fou-rire ? Pour la plupart d’entre nous, aucun. Mais pour certaines personnes, ces trois éléments peuvent déclencher des quintes de toux irrépressibles. Quel est ce nouveau syndrome appelé « toux chronique par hypersensibilité » ?

Une toux chronique d’un autre type ?

Des quintes de toux à n’en plus finir, sans qu’aucune maladie ne soit en cause... c’est l’enfer que vivent de nombreuses personnes. Heureusement, les médecins s’en préoccupent de plus en plus et cette toux chronique -un syndrome à part entière- porte un nom depuis 2014 : « Toux chronique d’hypersensibilité » (Cough Hypersensitivity Syndrome*).

La prévalence de cette toux « maladie » reste inconnue. Seuls indices, elle concerne les femmes pour les deux tiers, aux alentours de la cinquantaine.

Dr Roger Escamilla, service de pneumologie (Hôpital Larrey, Toulouse) : « La toux chronique d’hypersensibilité commence à être mieux explorée. Comme les autres types de toux, ses conséquences sur la qualité de vie peuvent être désastreuses. La toux d’hypersensibilité fait partie des toux chroniques (durée de huit semaines minimum), observées chez un non-fumeur et en échec de tous les traitements. Mais elle se distingue en tous points des autres toux chroniques, notamment par les déclencheurs (simuli) de la toux et par ses mécanismes physiopathologiques ».

Comment distinguer une toux d’hypersensibilité ?

Avant d’affirmer qu’il s’agit d’une toux chronique d’hypersensibilité, toute autre cause organique connue pour provoquer ce type de toux chronique doit être écartée :

  • Le reflux gastro-œsophagien (RGO).
  • Les maladies ORL : une rhinorrhée postérieure (l’écoulement nasal tombe dans le fond de la gorge), une sinusite chronique ou allergique, une dysfonction des cordes vocales ou des troubles de la déglutition.
  • Les maladies pulmonaires : une toux variante d’asthme c’est-à-dire une forme d’asthme caractérisée par une toux sèche improductive, une fibrose (altération du tissu pulmonaire), une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), une dilatation chronique des bronches (bronchectasies) et autres maladies chroniques des bronches.

De plus, un traitement utilisé en cardiologie (inhibiteurs de l’enzyme de conversion/IEC) peut aussi déclencher ce genre de toux.

Plusieurs caractéristiques cliniques doivent faire penser à une toux d’hypersensibilité :

  • Le tousseur décrit des fourmillements, un picotement, une diminution ou une exagération de la sensibilité (dysesthésies) au niveau du pharynx ou de la trachée.
  • Tous ces symptômes alors même que les muqueuses sont parfaitement saines.

Pourquoi le réflexe de toux est-il perturbé ?

La toux chronique par hypersensibilité est une atteinte des nerfs sensitifs, on dit que c’est une toux « neuropathique ». A la suite d’une infection respiratoire, d’une inflammation de la partie basse de l’œsophage, d’un choc psychologique ou autres, le réflexe de la toux (« réflexe tussigène ») est perturbé de façon permanente.

La première difficulté est d’identifier l’évènement déclencheur initial qui a entraîné une sensibilisation du réflexe de toux.

La seconde difficulté est de repérer les déclencheurs (stimuli) au quotidien qui déclenchent les quintes de toux. En effet, certains tousseurs se mettent à tousser à cause de stimuli présents à des concentrations très faibles (parfums, odeurs fortes...), d’autres à cause de facteurs qui ne font habituellement pas tousser comme une activité physique, parler au téléphone, rire, le stress, le changement de température ambiante, la position couchée…

La toux d’hypersensibilité se soigne-t-elle ?

Côté thérapeutiques, le médecin se trouve encore démuni. Les médicaments contre la toux (antitussifs) pouvant être inefficaces, il peut se tourner vers des molécules qui modulent l’activité des neurones comme un anti-épileptique (gabapentine). Bien entendu, cette prescription dépasse le cadre de son Autorisation de mise sur le marché.

Dans l’attente de nouveaux antitussifs dont certains sont déjà bien avancés dans les recherches, les pastilles au menthol font peu ou prou l’affaire, de par leurs propriétés pharmacologiques anesthésiques et antitussives au niveau du pharynx.

La sophrologie, l’ostéopathie, l’orthophonie et la rééducation en cas de trouble de la déglutition représentent un complément souvent utile dans la prise en charge du tousseur chronique.

Sources

* Morice AH et al. Eur Respir J. 2014 Nov;44(5):1132-48

D’après un entretien avec un spécialiste des toux chroniques, le Dr Roger Escamilla, service de pneumologie à l’Hôpital Larrey (Toulouse). 

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