Publié par Dr Philippe Presles
le 17/02/2009
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12 minutes

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portrait sur fond blanc d'une femme de quarante ans en studio
Autre

Après 40 ans, le dépistage des cancers est vraiment important

Les dépistages ont pour objectif de faire des diagnostics précoces des principaux cancers autorisant 100% de guérison dans la grande majorité des cas.

1. Les dépistages de routine pour toutes les femmes (à faire systématiquement) :

  • Cancer du sein : 1ère cause de décès par cancer chez la femme de moins de 44 ans

    Autopalpation des seins tous les 3 mois.

    Il est important de demander à votre médecin de vous expliquer comment vous y prendre.

    Votre gynécologue peut également vous proposer de commencer le dépistage du cancer du sein dès l'âge de 40 ans, par une mammographie et/ou une échographie mammaire régulière, si vous avez été très exposée au tabac et à l'alcool pendant votre adolescence et au début de l'âge adulte.

  • Cancer du col utérin : 2ème cause de décès par cancer chez la femme de moins de 44 ans

    Le frottis et éventuellement un test HPV (à voir avec son médecin) sont à répéter tous les 2 ans, si les résultats sont normaux.

    Si les résultats montrent des anomalies, la conduite diagnostique ou éventuellement thérapeutique sera dictée par le gynécologue.

    Celui-ci pourra réaliser un nouveau frottis pour confirmer le diagnostic, pratiquer un test HPV afin de détecter la présence éventuelle de Papilloma Virus à haut risque, pratiquer un autre examen appelé colposcopie ou de pratiquer un prélèvement au niveau du col de l'utérus.

    Le frottis est remboursé par le régime obligatoire - le test HPV quant à lui n'est pas remboursé par la sécurité Sociale, sauf quand il est réalisé suite à un frottis anormal. Le coût du test HPV varie entre 30 et 55 euros.

  • Cancer de la peau ou mélanome : consultation de dermatologie si grain de beauté ou bouton noir suspect (forme irrégulière, asymétrique, coloration hétérogène, taille de plus de 6 mm). Le doute doit pousser à consulter, car le mélanome est une tumeur qui guérit complètement si elle est opérée à temps et est redoutable dans le cas contraire .

2. Le dépistage du cancer chez la fumeuse :

  • Cancer ORL/Poumons : les fumeuses doivent consulter leur médecin traitant chaque année (examen ORL, voire scanner des poumons si nécessaire, prescrit par le médecin traitant, l'ORL ou un pneumologue). En cas de changement de voix et de toux persistante, consulter un ORL de toute urgence.

3. Les dépistages particuliers en cas d'antécédents familiaux de cancers :

  • Cancer du sein ou cancer de l'ovaire : un dépistage précoce doit être mis en place s'il existe 3 antécédents familiaux de cancer du sein ou de l'ovaire en ligne directe (mère, grands-mères, tantes, sŒur ou filles) ou 2 antécédents dont un survenu avant 40 ans et/ou bilatéral (concernant les deux seins).

    Dans ce cas, le dépistage consiste en :

    • la recherche de mutation génétique à risque (mutation BRCA1 et BRCA2),
    • un examen clinique tous les six mois et une mammographie chaque année associée à une échographie à partir de l'âge de 35 ans ou à commencer 5 ans avant le plus jeune âge de survenue d'un cancer dans la famille,
    • une échographie abdominale pour dépister un cancer de l'ovaire (parallélisme entre cette affection et le cancer du sein familial)
    Tous ces examens sont prescrits par le médecin traitant, le gynécologue ou le cancérologue et sont remboursés par la Sécurité Sociale.
  • Cancer du côlon : il faut consulter son médecin une fois par an en cas d'antécédents personnels de polype intestinal ou de maladie intestinale inflammatoire chronique sévère (comme la maladie de Crohn) ou d'antécédents familiaux de cancer du côlon (une personne de la famille ayant présenté un cancer du colon avant 65 ans ou deux parents atteints).

    Il faut le consulter également en cas de sang sur le papier de toilette, dans les selles ou dans la cuvette, irrégularité inhabituelle du transit intestinal.

  • Autres cancers : consulter son médecin en cas d'antécédents familiaux de cancers précoces.

Pensez aussi au dépistage de ses risques cardiovasculaires

Tout le monde ne présente pas le même risque de développer une maladie cardiovasculaire.

Il y a différents facteurs de risque, et un seul d'entre eux peut suffire à provoquer une maladie cardiovasculaire.

Si plusieurs facteurs sont cumulés, le risque est d'autant plus important.

Comptez les vôtres, de 0 à 9, afin de déterminer à quelle fréquence faire votre bilan cardiovasculaire :

  • Un excès de mauvais cholestérol (LDL cholestérol) ou insuffisance de bon cholestérol (HDL cholestérol).

    L'excès de cholestérol se dépose alors sur les parois des artères, ce qui provoque un dépôt de graisse. Seul un bilan lipidique, via une analyse de sang, permet de détecter une valeur anormale de cholestérol.

    A partir de 45 ans chez les femmes, il est recommandé de faire un bilan lipidique complet tous les trois ans, sauf en cas de diabète. Dans ce cas, le dosage des lipides sanguins doit être réalisé beaucoup plus souvent, soit tous les ans. Sinon, un dosage annuel doit également être réalisé chez ceux qui présentent deux facteurs de risque cardiovasculaire ou plus.Taux normal : LDL cholestérol (inférieur à 1,6 g/l) - triglycérides (1,5 g/l).

    Il est important de signaler à votre médecin tout antécédent d'excès de cholestérol dans votre famille.

  • De l' hypertension artérielle (traitée ou non). Il faut faire contrôler sa tension artérielle par son médecin lors d'une consultation.Valeurs normales inférieures à 14 pour la maxima et inférieures à 9 pour la minima.

    Attention, la plupart du temps, l'hypertension artérielle est silencieuse. Seule une mesure de la pression artérielle (tensiomètre) permet de la détecter. Il est important de signaler à votre médecin tout antécédent d'hypertension artérielle dans votre famille.

  • Du diabète (traité ou non). Le diabète se définit par une élévation anormale du taux de sucre dans le sang, la glycémie (l'insuline, dont la fonction est de réguler le taux de glucose sanguin ne remplit plus sa fonction).

    Le diabète est une maladie silencieuse, il est donc important de la dépister par une simple prise de sang pour évaluer la glycémie.Taux normal de glycémie inférieur à 1,10 g/l. Au dessus de 1,26 g/l, c'est le diabète.

    Il est important de signaler à votre médecin tout antécédent de diabète dans votre famille.

  • Votre tabagisme (actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans).
  • Vous êtes en surpoids.
  • Vous êtes plutôt sédentaire (vous pratiquez moins de 30 mn d'activité physique par jour, la marche étant à inclure dans l'activité physique si elle est pratiquée à un rythme assez soutenu).
  • Vous prenez un contraceptif hormonal.
  • Vous avez des antécédents personnels d'accident vasculaire (infarctus, attaque cérébrale).
  • Vous avez des antécédents familiaux de maladie coronaire précoce :

    • infarctus du myocarde ou mort subite avant 55 ans chez le père ou un frère,
    • infarctus du myocarde ou mort subite avant 65 ans chez la mère ou une soeur,
    • attaque cérébrale chez un membre de la famille avant 45 ans.

Un bilan (glycémie à jeun, recherche d'une anomalie lipidique -cholestérol, triglycérides) devra être effectué :
  • tous les 5 à 10 ans, si vous ne présentez aucun facteur de risque
  • tous les 3 ans si vous présentez 1 facteur de risque
  • et tous les ans à partir de 2 facteurs de risque, ou si vous présentez un facteur de risque majeur (antécédent personnel d'accident vasculaire ou diabète).
  • Ce bilan doit être prescrit par le médecin traitant et est alors remboursé par la Sécurité Sociale.

    Etes-vous à jour de vos vaccinations ?

    1. Vaccinations de base (remboursées) :

    • DTP (Diphtérie, Tétanos, Poliomyélite) tous les 10 ans.

    2. Vaccinations en cas de voyage :

    • Selon les zones : hépatite A, hépatite B si non réalisés, diphtérie si non réalisé, typhoïde, fièvre jaune, encéphalite japonaise, méningocoqu e (A et C), encéphalite à tiques, rage.

      Pour plus de détails : www.chu-stlouis.fr

    3. Vaccinations en cas de risques particuliers :

    • Hépatite B tous les 5 ans chez les personnes exposées. (Professionnels de santé ou vie sexuelle avec multipartenaires.)
    • Grippe : le vaccin est recommandé chaque année :

      • aux personnes atteintes de pathologie chronique respiratoire (dont l'asthme), rénale, cardiaque, métabolique ou immunologique,
      • aux malades atteints de drépanocytose,
      • aux personnels navigant des bateaux de croisière et des avions, et aux personnels de l'industrie de voyage accompagnant les groupes de voyageurs.

      La vaccination contre la grippe est également conseillée :

      • aux personnes susceptibles de disséminer le virus, notamment les professionnels de santé, le personnel d'institutions médicalisées, les enseignants,
      • aux personnes souhaitant éviter toute indisponibilité consécutive à une grippe.

    Quelles sont les autres mesures de prévention et de dépistage ?

    1. Audition : vous entendez moins ?

    Il est faux de penser que les problèmes auditifs ne concernent que les seniors: 18% des 35-44 ans seraient touchés par une baisse auditive (source Quotidien du Médecin N°6659 et OMS).

    Environnement professionnel bruyant, nuisances urbaines, baladeurs, concerts, appareils de bricolage et de jardinage... sont autant de facteurs d'altération du système auditif.

    Ce risque apparaît dès 85 décibels et peut survenir après plusieurs années ou en quelques minutes lorsque le niveau sonore dépasse les 110 décibels (exemple : à côté des enceintes dans une discothèque). On risque alors un traumatisme sonore aigu.

    Attention aussi si vous circulez régulièrement en moto. Sachez que 46% des motards ont une perte d'audition du fait du niveau sonore important qu'ils subissent. Pour un motard circulant à 120 km/h, le niveau sonore dans le casque de moto varie entre 90 et 130 décibels selon le type de casque.

    Il n'y a pas que le bruit qui peut déclencher une perte auditive : les infections ORL chroniques peuvent aussi affecter l'oreille interne.

    L'audition est donc très fragile et il faut au maximum la préserver. Si vous faites souvent répéter, si vous avez tendance à monter le son de la télévision pour mieux entendre, si vous souffrez de sifflements ou bourdonnements dans l'oreille (acouphènes), n'hésitez pas à consulter très vite un médecin.

    2. Vue : il faut commencer à bien la surveiller

    Les yeux craignent particulièrement le soleil (accélération du vieillissement) et les accidents :

    • Porter des lunettes de soleil (prévention de la cataracte, irritations de la cornée).
    • Porter des lunettes de protection lors du bricolage pour se protéger contre toutes projections et corps étrangers.
    • Consulter en cas de diminution de l'acuité visuelle ou de tout changement visuel pour les porteurs de lunettes.

    3. Dents : il faut les garder jusqu'au bout !

    Les dents sont essentielles à l'alimentation et au sourire. Il faut les préserver le plus possible :

    • Brossage biquotidien. Si nécessaire utilisation d'un jet interdentaire et de bains de bouche (en cas de bourrages alimentaires fréquents, ou de mauvaise haleine ou encore pour une hygiène parfaite, le jet interdentaire nettoyant entre les dents).
    • Visite bisannuelle chez le dentiste et détartrage.
    • Consultation rapide si douleurs dentaires ou gingivales ou encore saignements au brossage.
    • En cas de perte d'une dent, poser une prothèse rapidement pour éviter toute déformation de la mâchoire.
    • En cas de diabète, consultation pour toute atteinte des gencives.

    4. Poumons : attention au tabac, mais pas seulement...

    Le principal ennemi des poumons est le tabac qui entraîne des risques de cancer du poumon, de bronchite chronique ou d'asthme.

    La toux chronique, l'essoufflement et les sifflements doivent faire poser la question d'un asthme.

    En cas d'asthme, il faut bien suivre son traitement chaque jour et au minimum prévoir un bilan annuel avec son médecin (spirométrie, ajustement du traitement de fond).

    En cas d'allergie au pollen ou sensibilité à la pollution, il convient éviter les sorties en atmosphère à risque ou prévoir un traitement préventif (de type antihistaminique, à déterminer avec son médecin traitant).

    5. Squelette et prévention de l'ostéoporose : nos os ne sont pas si solides !

    La notion de capital osseux est fondamentale. Le squelette est la charpente du corps et il faut apprendre à le ménager, voire à l'entretenir.

    Concernant la prévention de l'ostéoporose, l'activité sportive et l'alimentation équilibrée y participent pleinement. En cas d'antécédent personnel de fracture de fatigue, ou en cas de ménopause précoce, survenant avant l'âge de 50 ans, ou encore en cas de traitement prolongé par des corticoïdes, votre médecin traitant pourra vous proposer de bénéficier d'une ostéodensitométrie.

    Plus généralement, pour entretenir votre squelette, il faut :

    • Avoir une bonne position assise au travail et à la maison (bonne hauteur de l'écran informatique, bien en face des yeux !).
    • Eviter le port de charges lourdes en mauvaise position pour le dos (le dos ne doit jamais être courbé, ce sont les jambes qui se plient, l'effort de levage étant assuré par les cuisses).
    • Pratiquer un sport une fois par semaine pour le maintien de la musculature (le rythme est de trois fois par semaine pour le coeur).
    • Faire des exercices d'assouplissement une fois par semaine également.
    • Attention au surpoids qui augmente la charge de travail des articulations des hanches et des genoux.
    • Porter des chaussures adaptées, notamment pour le sport.
    • Consulter en podologie, si diabète.

    6. Circulation veineuse

    • Les troubles de la circulation veineuse sont fréquents après 40 ans et sont favorisés par les grossesses.

      La prévention passe par la marche, le sport, et par l'évitement de la station debout prolongée.

      En cas de varices, de douleurs importantes des jambes, il faut consulter régulièrement afin de les traiter à temps médicalement ou chirurgicalement.

    7. Sexualité, Gynéco, Fertilité, stérilité

    • Les rapports sexuels doivent être protégés (préservatifs) en cas de relation occasionnelle, ou nouvelle avant d'avoir fait un test de dépistage du Sida.
    • Toute infection vaginale doit être traitée rapidement. En cas de doute d'une infection sexuelle transmissible, il faut faire des sérologies de dépistage, notamment contre les chlamydiae, responsables de stérilités.
    • Si vous souhaitez un enfant après 40 ans, sachez que le tabac diminue de manière très importante la fertilité. Iil est très important pour vous d'arrêter de fumer.
    • La contraception doit être continuée jusqu'à la confirmation biologique de la ménopause, l'arrêt des règles n'étant pas une certitude de l'arrêt de l'ovulation.

      Il est important de trouver, avec votre médecin, un mode de contraception dont l'usage vous convient.

    • Après un accouchement, effectuez scrupuleusement les séances de rééducation chez le kiné. Elles visent à " re-muscler " le périnée, ensemble de muscles essentiels pour la sexualité et pour prévenir un risque ultérieur d'incontinence.

    8. Hygiène de vie : et oui, vous n'avez plus 20 ans !

    Une bonne hygiène de vie permet d'éviter ou de retarder de manière importante la survenue de nombreuses maladies graves comme l'infarctus du myocarde, l'accident vasculaire cérébral, le diabète, l'insuffisance rénale, les cancers et la maladie d'Alzheimer. L'ensemble de ces bonnes habitudes tend également à améliorer la qualité de vie :

    • Avoir une activité physique régulière et adaptée (marche, vélo, course à pied, natation, etc.).

      La sédentarité est redoutable (voiture pour les courts trajets, ascenseurs pour 1 ou 2 étages, etc.).

      L'idéal est de faire 30 minutes d'activité physique par jour. Ne pas hésiter à varier son activité.

    • Avoir une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes à prendre tous les jours à volonté (au moins 5 par jour), et en poisson à consommer 2 à 3 fois par semaine.

      Ce régime sera pauvre en sucres d'absorption rapide.

      Eviter les excès de graisses d'origines animales, notamment contenues dans les sauces, les charcuteries, le beurre, les fromages, les pâtisseries.

      Saler peu les aliments et ne pas mettre de salière à table.

      Ce régime est à adapter en cas de surpoids, de diabète ou d'hypercholestérolémie. Suivre les prescriptions de son médecin.

    • Consommer peu d'alcool (limité 1 à 2 verres maximum par jour).
    • Eviter le tabac (objectif 0) : consulter son médecin chaque année tant que le sevrage n'est pas obtenu.
    • Limiter le stress qui n'est pas bon pour la santé. Il faut apprendre à éviter le stress inutile et à se décontracter au moins une fois par jour.
    • Protéger sa peau en utilisant des produits de protection solaire et en évitant l'exposition prolongée non protégée.

    En plus de ces mesures liées à l'hygiène de vie, il est essentiel de bien suivre son traitement en cas d'hypertension artérielle, d'hypercholestérolémie ou de diabète.

    Ces trois types de traitements ont largement fait leur preuve en terme d'espérance de vie.