Stress post-traumatique lié aux attentats : six semaines pour guérir

Toute personne, victime directe ou indirecte des attentats parisiens du 13 novembre 2015 peut bénéficier d’un nouveau traitement du stress post-traumatique dans le cadre de l’étude "PARIS MEMoire vive" qui vient de débuter dans onze centres hospitaliers parisiens. Cette méthode rapide s’avère plus adaptée que les psychothérapies classiques et les antidépresseurs pour atténuer le souvenir traumatisant et prendre en charge les victimes d’attentats et les traumatismes de masse en général.
Sommaire

Une nouvelle thérapie du stress post-traumatique testée dans les hôpitaux parisiens

La "thérapie Brunet* est une technique prometteuse développée au Canada par le Pr Alain Brunet, directeur de recherche en Psycho-Traumatologie à l’Université McGill de Montréal.

Cette nouvelle méthode dans le stress post-traumatique est bienvenue. En effet, les antidépresseurs sont efficaces mais rapidement abandonnés dans un quart à un tiers des cas du fait de leurs effets secondaires. Quant aux psychothérapies classiques, elles s’envisagent sur la durée (10-25 séances) avec un risque de rechute à un an de 50%. La promesse tenue de la thérapie Brunet est une réadaptation des victimes à la vie normale en six semaines après un choc traumatique.

Pr Brunet : « L’objectif est de diminuer la charge émotionnelle du souvenir traumatisant grâce à un traitement combinant un médicament et une psychothérapie. J’ai déjà formé une centaine de praticiens parisiens en vue de prendre en charge les personnes traumatisées par les attentats du 13 novembre 2015 et de les inclure dans l'essai PARIS MEM. Au total, onze centres hospitaliers à Paris ont répondu à l’appel. La finalité de l’étude est de valider cette méthode, déjà testée avec succès chez plusieurs centaines de personnes, mais cette fois-ci à une plus large échelle ».

Le principe : affaiblir le souvenir pour guérir

En substance, la thérapie Brunet imite le processus normal de guérison des souvenirs douloureux. De manière générale, tout souvenir remémoré (réactivé) doit être de nouveau consolidé pour persister. L’idée est donc de se remémorer le traumatisme grâce à un "protocole de réactivation du traumatisme" mais sous l’influence d’une molécule qui bloque justement ce processus de reconsolidation. Il s’agit du propranolol, un médicament déjà employé contre l'hypertension et la migraine. Comme la consolidation, la reconsolidation est un processus qui passe par la synthèse de protéines qui permettent de fixer le souvenir (c’est-à-dire lorsqu’il est transféré de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme). Le propranolol interférerait chimiquement avec cette synthèse protéique.

Pr Alain Brunet : « Avec cette méthode, la personne en état de stress post-traumatique n’oublie pas mais l’émotion rattachée au souvenir est affaiblie, semaine après semaine. Or l’émotion est un souvenir en soi. Lorsque l’on ravive un souvenir, l’émotion revient. Ces deux formes distinctes de mémoire (souvenir émotionnel et souvenir factuel) sont ravivées en même temps. Avec notre technique, le souvenir factuel du traumatisme reste, mais l’émotion extrême, insoutenable, est émoussée semaine après semaine, pour ne plus être qu’un souvenir ordinaire après six semaines, comme d’autres mauvaises expériences ».

Une étude avec cette méthode selon les plus hauts standards des essais cliniques est sur le point de se terminer à Toulouse. Mais déjà, deux essais présentés en 2015 ont livré des données probantes. De plus, comparé à certains antidépresseurs, le blocage de la reconsolidation s’est avéré avantageux : pour une efficacité comparable, on économise du temps et des moyens avec moins d’abandons de traitement et moins de rechutes. D’où son intérêt en cas de traumatisme qui touche beaucoup de personnes à la fois (attentas, catastrophes naturelles etc.).

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.

Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Source :  D’après un entretien avec le Pr Alain Brunet, directeur de recherche en Psycho-Traumatologie à l’Université McGill de Montréal.