Stress et vieillissement

Publié par Dr Stéphanie Lehmann
le 30/07/2001
Maj le
3 minutes
Autre
Nous sommes tous soumis au stress. Selon la façon dont on le supporte il peut devenir ami ou ennemi, mais le stress est avant tout un phénomène naturel. Biologiquement, il s'agit d'un processus physiologique qui permet de stabiliser les fonctions vitales de l'organisme, selon un système de réponse et d'adaptation parfaitement codifié. Avec l'âge pourtant, le mode de réponse peut être moins performant, rendant les effets d'un stress prolongé particulièrement délétères.

Le stress, c'est la vie ...

Selon sa définition, il y a stress chaque fois que survient une agression ou une stimulation suivie d'une réponse de l'organisme à cette agression.Si les stimulations peuvent être multiples: physiques (coup, chaleur, douleur, mais aussi caresse), psychologiques ou émotionnelles (contrainte, peur, mais aussi joie, tendresse) ou sensorielles (bruit, froid, mauvaise odeur, mais aussi musique, douceur, parfum), la réponse est stéréotypée et non spécifique. En effet, elle déclenche à chaque fois les mêmes mécanismes d'adaptation au niveau du cerveau et empreinte les mêmes voies, les mêmes circuits. On connaît aujourd'hui la géographie interne du stress, enchaînement quasi implacable de sécrétion hormonale par les glandes surrénales (adrénaline et cortisol) qui interfère avec le système nerveux (voie sympathique) et deux glandes maîtresses situées à la base du cerveau: l'hypothalamus et l'hypophyse.

Mais trop de stress, ou un mauvais stress peut être le lit de certaines maladies

Face à un évènement stressant aigu, chaque individu peut ajuster sa réponse (schématiquement fuir ou attaquer) en fonction de son expérience antérieure et de sa constitution génétique. La situation est alors sous contrôle (voie sympathique et sécrétion surrénalienne). Mais, en cas de perte de contrôle, le mode de réponse devient passif (système hypothalamo-hypophysaire).Certaines études scientifiques ont permis d'affirmer les interactions fortes entre les évènements stressants de la vie, leur prise en charge éventuelle et l'évolution de la maladie.

La personne âgée et le stress

Il est acquis maintenant que le stress chronique, l'isolement social et surtout le vieillissement entraînent un défaut d'organisation des glandes cérébrales (hypothalamus et hypophyse), provoquant une sécrétion de cortisol au long cours dont les effets délétères sont évidents.Cet « hypercorticissme » est responsable d'hypertension artérielle, d'athérome et de diabète. Il explique en partie l'ostéoporose touchant les femmes dépressives et peut également entraîner une baisse des défenses immunitaires. De ce fait, la résistance aux infections est amoindrie, comme par exemple la réponse aux vaccinations et la cicatrisation.Mais surtout, et c'est là une découverte récente et essentielle, le stress chronique est toxique pour les neurones d'une région cérébrale appelée hippocampe, dont la baisse de volume est directement liée aux troubles des fonctions intellectuelles.

Ainsi, la mauvaise régulation du système hormonal prédispose aux troubles de la mémoire à court terme si le stress est court; à la destruction des neurones et à la baisse du volume de l'hippocampe si le stress se prolonge. Pour certains auteurs, ce mécanisme expliquerait la forte proportion de femmes ménopausées (ne bénéficiant pas d'un traitement hormonal substitutif) touchées par la Maladie d'Alzheimer. En effet, les bouleversements hormonaux de la ménopause accentueraient les réponses inadaptées et dommageables.

Le stress est en fin de compte un phénomène inéluctable d'usure générale, résultat de ce qui est fait ou subi, et de toutes les activités de l'organisme. Les années qui passent apportent forcément leur lot de stress tout en diminuant notre capacité à y répondre correctement.Bien gérer son stress consiste à reconnaître et à développer celui qui est bon, c'est à dire celui qui nécessite le moins d'énergie. Faire le choix de ce qui convient le mieux à chacun est la meilleure façon de réagir en préservant l'organisme. Ainsi, une activité physique ou intellectuelle même intense, quand elle est gratifiante, use beaucoup moins qu'une autre moins importante mais moins valorisante.

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