Le stimulateur cardiaque : quel intérêt pour les sujets âgés ?

Publié par Dr Stéphanie Lehmann
le 28/05/2003
Maj le
4 minutes
Inventé il y a plus de 40 ans, le stimulateur cardiaque est aujourd'hui principalement posé chez les personnes de plus de 60 ans. La technologie a bien sûr formidablement évolué, les indications aussi. Voici ce qu'il faut savoir sur le fonctionnement de ces « petites boîtes » et ce qu'il faut en attendre.

Pourquoi le propose-t-on ?

En France, 50.000 stimulateurs cardiaques (Pace maker) sont posés tous les ans. Dans 90% des cas, les bénéficiaires sont au moins sexagénaires et il est très fréquent que les patients aient entre 75 et 79 ans lors de l'intervention. Prévus à l'origine pour fonctionner lors de certains troubles du rythme cardiaque responsables de syncopes, les pace maker permettent aujourd'hui de traiter bon nombre de problèmes.

Comme l'âge s'accompagne régulièrement de maladies touchant le cœur, c'est logiquement que la moyenne d'âge des bénéficiaires augmente.

Qu'est-ce que c'est, exactement ?

C'est un boîtier métallique que l'on pose en principe sous la peau, dans la région de la clavicule (en général à droite). Bourré d'électronique et alimenté par une pile interne, il est raccordé à un ou plusieurs petits câbles (selon le type d'appareil), appelés sondes de stimulation. Ces sondes sont placées dans une ou plusieurs cavités du cœur, en les faisant cheminer dans les veines qui s'y jettent.

Comment ça marche ?

Parce que le cœur est diagnostiqué comme défaillant pour se contracter efficacement (il faut le bon rythme et le bon ordre de contraction, entre les oreillettes et les ventricules), les cardiologues proposent, à chaque fois que c'est possible, de placer des sondes de stimulation : elles permettent, en donnant une impulsion électrique, de faire se contracter les fibres musculaires cardiaques où il faut et quand il faut.

Selon que l'on pose une ou plusieurs sondes, on parlera de stimulation monochambre (1 seule sonde, le plus souvent dans le ventricule droit), double chambre (2 sondes, le plus souvent dans l'oreillette droite et le ventricule droit) ou multisite (quand il y en a aussi dans le ventricule gauche).

L'appareil est capable de détecter le rythme spontané de la personne et de ne se déclencher que quand celui-ci est trop bas. De même, on peut choisir une fréquence fixe ou variable, selon l'effort réalisé, grâce à des capteurs qui mesurent l'exercice. Les appareils double chambre et multisite peuvent synchroniser la contraction propre du cœur selon les besoins, pour en augmenter l'efficacité.

Qui peut en profiter ?

Chaque personne présentant des troubles du rythme (résultant d'une défaillance de la zone de stimulation habituelle, située dans l'oreillette droite) ou de la conduction du signal de stimulation (qui va normalement de l'oreillette au ventricule).

Avec l'âge, d'autres problèmes peuvent survenir et éventuellement bénéficier d'un stimulateur : les syncopes (malaise par baisse du rythme cardiaque avec parfois de véritables pauses), certaines insuffisances cardiaques (par perte d'une bonne coordination de contraction entre oreillettes et ventricules, le flux d'éjection du sang peut devenir insuffisant).

Une fois posé, que faut-il surveiller ?

La radiographiegraphiedu thorax permet de contrôler le bon nombre, le positionnement et bon raccordement des sondes.L'électrocardiogramme permet de vérifier la fréquence de déclenchements du stimulateur. Le fonctionnement de l'appareil est vérifiable par le cardiologue, en approchant un aimant ou, selon les modèles, un programmateur. Dans l'avenir, on verra certainement des stimulateurs reprogrammables à distance, par téléphone.

Ce qui est indispensable, c'est de porter sur soi la carte de porteur de stimulateur cardiaque, qui définit le type et le rôle de chaque appareil.

Quelles sont les précautions à prendre ?

Tout d'abord, il faut régulièrement honorer les visites chez le cardiologue, afin de vérifier le bon fonctionnement d'une machine, qui, bien que très sophistiquée, mérite quand même une surveillance. La durée de vie des stimulateurs est souvent dépendante de la batterie qui doit, selon les modèles, assurer une simple surveillance ou déclencher de façon plus ou moins fréquente des impulsions dans une ou plusieurs sondes. En moyenne, il se passe de 7 à 10 ans avant leur remplacement.

Vérifier que la peau en regard du boîtier ne s'infecte pas. Si la période post-opératoire immédiate est la plus délicate, il arrive que des infections se révèlent plusieurs mois après la pose. Le moindre doute impose une consultation.

Prendre conscience du risque d'interférences électromagnétiques

En milieu médical, l'utilisation du bistouri électrique ou le traitement par radiothérapie, surtout à proximité du stimulateur cardiaque, risque de le déprogrammer ou d'en épuiser la batterie. L'IRM est absolument contre-indiquée. L'utilisation de stimulateurs électriques externes (électrodes en kinésithérapie), voire la téléalarme (système d'aide à domicile), sont également à éviter. À noter encore l'obligation de retirer le matériel en cas d'incinération.

Les stimulateurs cardiaques sont des outils technologiques dont les bénéfices sont importants quand l'indication est bien établie. D'autant que leur mise en place est très peu risquée, même à un âge avancé. La question de savoir si « c'est bien utile de mettre une pile après 75 ans » ne doit pas être posée mal à propos : tous les troubles du rythme ne se compliquent pas forcément de mort subite. La plupart du temps, les malaises font risquer la chute, dont les complications au grand âge sont souvent dramatiques (fractures, hospitalisation, perte d'autonomie, etc.).

Ainsi, on finit par parler de la qualité de vie. C'est sous cet angle que la décision doit se prendre, pour ne pas risquer une abstention préjudiciable. N'oublions pas qu'aucun pace maker n'empêchera de mourir et que d'en proposer un ne signe pas l'acharnement thérapeutique.

Sources

C. Barnay, Gérontologie Pratique, 2003; 146 : 1-2.

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