Sevrage tabagique : prêt, partez !

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 31/12/2003
Maj le
9 minutes
Autre
Profitez des vacances pour vous lancer dans l'aventure du sevrage tabagique. Cette sensation de liberté que vous ressentirez n'a pas de prix. Les nouvelles recommandations de bonne pratique formulées par l'AFSSAPS*, vous expliquent les différentes aides disponibles et vous offrent les clés de la réussite.

LES TRAITEMENTS NICOTINIQUES DE SUBSTITUTION (TNS) Gommes à mâcherPatchs ou timbresPastilles à sucerInhalateurLe dosageLa durée du traitementLE BUPROPION LP (ZYBAN®)LES THERAPIES COGNITIVES ET COMPORTEMENTALES (TCC)CO-DÉPENDANCE ALCOOL/TABACCO-DEPENDANCE CANNABIS/TABACATTENTION AUX MEDICAMENTSPREVENTION DES RECHUTESLES FEMMES ENCEINTES OU ALLAITANTESEN CAS DE MALADIE CARDIOVASCULAIREEN CAS DE TROUBLES PSYCHIATRIQUESAVANT UNE INTERVENTION CHIRURGICALELA PRISE DE POIDSLE CAFEPOUR EN SAVOIR PLUS

LES TRAITEMENTS NICOTINIQUES DE SUBSTITUTION (TNS)

L'efficacité des TNS comparée à celle d'un placebo a été clairement démontrée : ils permettent de doubler le taux d'abstinence tabagique à 6 mois. A un an, 18% des fumeurs ayant été traités par TNS sont abstinents, contre 10% dans le groupe placebo.Les TNS n'induisent pas d'accidents cardiovasculaires, même chez les patients atteints de maladie coronarienne, d'hypertension artérielle ou d'artérite.A ce jour, les TNS ne sont pas inscrits sur la liste des médicaments remboursables.

  • Gommes à mâcher
  • Commercialisées en France depuis 1986, il en existe deux dosages : 2 et 4mg. La dose libérée est d'environ 1mg pour les gommes de 2mg et d'un peu moins de 2mg pour les gommes de 4mg.Elles se présentent sous différentes saveurs (menthol, orange, fruits…). La nicotine libérée par les gommes est absorbée par la muqueuse buccale. Il faut savoir cependant que les taux plasmatiques de nicotine obtenus sont moindres que ceux obtenus avec une cigarette.La gomme ne doit pas être considérée comme un chewing-gum. Inversement, elle doit être mâchée très lentement et la salive ne doit pas être déglutie. Sinon, le patient risque d'avoir des effets indésirables buccaux ou gastriques. Le risque de transférer la dépendance aux cigarettes vers une dépendance à la gomme, sans être nul, reste marginal.Les gommes à mâcher peuvent exposer certains patients aux risques de décollement de prothèse dentaire.
  • Patchs ou timbres
  • Ce système transdermique a été développé pour éviter les difficultés d'usage des gommes. En effet, le timbre permet une meilleure observance grâce à sa facilité d'utilisation.Afin de diminuer le risque de réaction cutanée locale, il est conseillé de changer quotidiennement le site d'application du timbre.Certains patchs, portés durant 24 heures, délivrent une dose de 21mg de nicotine par jour. D'autres, portés 16 heures, délivrent 15mg par jour.
  • Pastilles à sucer
  • Le système de diffusion de la nicotine est proche de celui des gommes, à ceci près que les pastilles n'ont pas de matrice retenant la nicotine. De ce fait, une pastille de 2mg libère environ 2mg de nicotine, et celle de 4mg libère près de 4mg.
  • Inhalateur

L'efficacité des TNS comparée à celle d'un placebo a été clairement démontrée : ils permettent de doubler le taux d'abstinence tabagique à 6 mois. A un an, 18% des fumeurs ayant été traités par TNS sont abstinents, contre 10% dans le groupe placebo.Les TNS n'induisent pas d'accidents cardiovasculaires, même chez les patients atteints de maladie coronarienne, d'hypertension artérielle ou d'artérite.A ce jour, les TNS ne sont pas inscrits sur la liste des médicaments remboursables.

LE BUPROPION LP (ZYBAN®)

Délivré sur ordonnance, il s'agit d'un médicament utilisé dans certains pays comme antidépresseur. Il montre une efficacité légèrement supérieure à celle des TNS. Il n'existe pas de preuve que l'association du bupropion et de TNS soit plus efficace que chacun des produits utilisés seuls. Elle n'est donc pas recommandée. Ce traitement doit être accompagné d'un conseil médical minimal et d'un soutien psychologique suivi. La durée habituelle du traitement est de 8 semaines (7 à 9 semaines). A ce jour, une durée plus prolongée n'est pas recommandée. L'effet indésirable le plus grave et le plus redouté du bupropion est le risque de convulsion (estimé à 1/1000, soit 0,1%), d'où ses précautions d'emploi.Sinon, l'effet le plus fréquemment rencontré est l'insomnie, qui impose de décaler la prise du 2e comprimé en respectant toujours un intervalle de 8 heures.Il est déconseillé au cours de la grossesse et de l'allaitement

LES THERAPIES COGNITIVES ET COMPORTEMENTALES (TCC)

En intervenant au niveau comportemental, cognitif et émotionnel, ces thérapies favorisent le maintien de l'abstinence grâce à un nouvel apprentissage. Pouvant être employées lors des trois phases de l'arrêt (la préparation/motivation, le sevrage, la prévention de la rechute), elles peuvent multiplier par deux le taux d'abstinence tabagique à 6 mois.

CO-DÉPENDANCE ALCOOL/TABAC

Les fumeurs qui présentent un abus ou une dépendance envers l'alcool ont plus de difficultés à s'arrêter de fumer. Il est donc très utile de surveiller de près la consommation d'alcool lors d'un sevrage tabagique. Il est possible d'arrêter l'alcool dans un premier temps, puis une fois fois le sevrage d'alcool effectué de s'occuper du tabac. Mais il est également possible d'effectuer les deux sevrages en parallèle.

CO-DEPENDANCE CANNABIS/TABAC

Attention, la consommation de cannabis réduit fortement les chances de succès d'un arrêt du tabac.

ATTENTION AUX MEDICAMENTS

Le tabac interfère avec les taux plasmatiques de nombreux médicaments. L'arrêt du tabac peut donc produire des changements significatifs des taux de plusieurs médicaments. Des adaptations de posologies sont souvent nécessaires.Une dépendance envers des médicaments (anxiolytiques, antidépresseurs, analgésiques…), doit être dépistée et prise en charge de façon adaptée avant le sevrage tabagique.

PREVENTION DES RECHUTES

Le syndrome de sevrage est observé chez les sujets qui arrêtent ou diminuent brutalement leur consommation. Il comprend des troubles de l'humeur, une insomnie, une irritabilité, une nervosité, de la colère, de l'agitation, un sentiment de frustration, une augmentation de l'appétit, une anxiété, des troubles de la concentration. Des pulsions irrésistibles à reprendre une cigarette sont fréquemment observées, ainsi qu'une appétence pour les aliments sucrés et une augmentation de la toux. Il faut savoir que le syndrome de sevrage débute en quelques heures et est le plus intense dans les 24-48 heures qui suivent l'arrêt du tabac. La plupart des symptômes durent environ quatre semaines, mais les pulsions à fumer, les troubles de l'appétit et l'irritabilité peuvent persister six mois ou plus. L'intensité de ce syndrome varie d'un patient à un autre. Il est important d'anticiper les causes potentielles de rechute : comme justement un syndrome dépressif et une prise de poids, mais également des difficultés de gestion de la consommation d'alcool, de l'attitude face aux proches qui fument à domicile et les situations émotionnelles tant positives que négatives. Les stratégies de prévention de la rechute doivent être adaptées individuellement en fonction des échecs antérieurs. Certains patients nécessitent des interventions plus structurées qui sont en général développées dans les centres de tabacologie. Le soutien peut s'effectuer dans le cadre d'un suivi individuel ou par programmes de groupe. Le suivi doit s'effectuer au moins durant six mois.

LES FEMMES ENCEINTES OU ALLAITANTES

Le tabagisme présente des effets nocifs à la fois pour la femme enceinte et pour son foetus. Il augmente le risque d'enfant mort-né, de fausse couche, entraîne diminution de la croissance foetale. Les enfants exposés au tabagisme passif présentent alors un risque accru de mort subite du nourrisson, d'infections respiratoires, d'asthme et d'otites.Plus l'abstinence est obtenue tôt dans le cours de la grossesse, plus les bénéfices semblent importants pour la future maman et son bébé. Toutefois, un arrêt à tout stade de la grossesse est avantageux. En cas d'échec partiel ou complet du sevrage, la mise en place d'un traitement d'aide à l'arrêt doit être discutée au cas par cas avec le médecin qui suit la grossesse. Il convient de garder présent à l'esprit les effets propres de la nicotine, qui pourraient retentir sur le foetus, notamment lorsqu'il est proche du terme. La thérapie cognitivo-comportementale doit être proposée en première intention. En cas d'échec, le médecin peut proposer un TNS. L'administration de bupropion est déconseillée durant la grossesse.En cas d'allaitement, il faut savoir que la nicotine se concentre dans le lait maternel et qu'il existe une corrélation entre la concentration de nicotine dans le lait et le nombre de cigarettes fumées.

EN CAS DE MALADIE CARDIOVASCULAIRE

L'arrêt du tabac est impératif chez les patients atteints de pathologie cardiovasculaire, notamment de maladie coronarienne.Les TNS sont recommandés chez ces personnes car ils sont bien tolérés et ne provoquent pas d'aggravation de la maladie coronarienne, ni de trouble du rythme.Ils peuvent être conseillés dès la sortie de l'unité de soins intensifs au décours immédiat d'un infarctus du myocarde. Toutefois, pour le dosage, il faut prendre en compte la perte de tolérance à la nicotine si le patient n'a pas fumé récemment. Au décours d'un accident vasculaire cérébral, l'utilisation des substituts nicotiniques est possible si le sujet a rechuté dans son tabagisme. On ne dispose pas actuellement de données sur l'emploi du bupropion chez les patients coronariens, dans le post-infarctus et après un accident vasculaire cérébral.

EN CAS DE TROUBLES PSYCHIATRIQUES

La prévalence du tabagisme est élevée dans la population souffrant de troubles psychiatriques, voire supérieure à celle de la population générale. Le sevrage nécessite une prise en charge spécifique. Le bupropion n'est pas recommandé chez ces sujets, même sous traitement psychotrope.

AVANT UNE INTERVENTION CHIRURGICALE

Près d'un tiers des personnes opérées sont des fumeurs. Or le tabagisme est un facteur de risque important de complications opératoires et post-opératoires : les fumeurs présentent une augmentation de la fréquence des complications respiratoires, cardiovasculaires et infectieuses. Les problèmes de cicatrisation et les admissions en unités de soins intensifs sont également plus élevés chez les fumeurs après une intervention chirurgicale. Il est possible de réduire ces complications en arrêtant tout tabagisme, ou au moins en le réduisant, quelques semaines avant l'intervention.

LA PRISE DE POIDS

Au cours du sevrage, une augmentation de l'appétit peut survenir et s'accompagner d'une prise de poids moyenne de 2 à 4kg. Mais il faut relativiser son importance. En effet, le poids moyen des fumeurs est plus faible que celui des non-fumeurs. A distance de l'arrêt, le poids moyen des fumeurs rejoint celui des non-fumeurs. Les kilos supplémentaires peuvent être limités en augmentant l'activité physique. Par ailleurs, sachez que les traitements d'aide à l'arrêt retardent leur apparition. Vous avez ainsi le temps de mettre en pratique votre nouvelle hygiène de vie, comprenant notamment une pratique sportive régulière et une alimentation équilibrée.

LE CAFE

La consommation de café et de cigarettes sont statistiquement liées. La fumée de tabac accélère le catabolisme de la caféine. A l'arrêt du tabac, pour un apport constant de café, la caféinémie est doublée et ceci pourrait être à l'origine d'une accentuation des symptômes de sevrage, et en particulier, de la nervosité et des insomnies. Il est donc conseillé aux fumeurs en cours de sevrage de réduire leur consommation de café.

POUR EN SAVOIR PLUS

A lire« Le tabac en 200 questions », Dr Béatrice Le Maître, Coll. Santé en 200 questions, dirigée par le Dr Jean-Loup Dervaux. Tous les problèmes du tabac (de la prévention aux soins médicaux et psychologiques), sont abordés dans un langage clair et précis, tant pour les fumeurs que pour les exposés au tabagisme passif que nous sommes tous.Sur Internetwww.exfumeur.comwww.tabac-info.netwww.sante.gouv.frwww.stop-tabac.chwww.drogues.gouv.fr

Sources

Recommandations de bonne pratique, " Les stratégies thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses de l'aide à l'arrêt du tabac ", Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (*), mai 2003.

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