Se séparer sans blesser

Publié par Wiliam Memlouk
le 22/01/2007
Maj le
3 minutes
jeune couple en querelle à la maison
Istock
©iStock
« Expliquer que papa et maman se séparent n'est pas toujours évident, disait Françoise Dolto. Il y a des maux à dire et des mots à taire. » Comment ne pas blesser son enfant ? Comment le sécuriser ? « L'enfant doit comprendre que même si le couple conjugal est malmené, le couple parental reste soudé. »

" Papa, maman, pourquoi vous vous séparez ? "

S'il est inutile de rentrer dans les détails qui ont conduit à la séparation (ton père, ta mère me trompe, ne m'apporte pas ce dont j'ai besoin…), il est important de dire à l'enfant ce qui se passe, à l'aide de paroles simples. En refusant de répondre à ses questions, les parents risquent de renforcer son inquiétude. Les non-dits peuvent l'amener à penser que papa et maman dénient l'amour qu'ils ont pour lui puisqu'ils ont dénié l'amour qu'ils ont eu l'un pour l'autre.

" Maman, papa est-il méchant ? "

En discréditant ouvertement son conjoint, on cherche souvent à le punir et à récupérer l'amour et la reconnaissance de l'enfant. On cherche aussi parfois à mieux digérer sa propre douleur, en donnant au conflit une tournure radicale, sans regret.

Seulement, cette attitude place l'enfant face à une alternative impossible : « En te répondant que papa est méchant, je te demande de lui en vouloir et donc de me choisir plutôt que de le choisir… » Ce type de comportement est destructeur pour l'identité de l'enfant en devenir et le fait souffrir. Chaque petit a besoin de se construire dans un contexte de complémentarité avec ses deux parents, et non de rivalité.

" Je souffre quand tu souffres "

Une séparation est souvent vécue comme un échec en soi, comme la révélation d'une faillite : celle du couple. Si elle blesse ou déstabilise forcément, beaucoup de parents nient leur douleur propre pour protéger leur enfant.

Seulement, pour être mis en confiance, chaque enfant a besoin de sentir une cohérence entre la parole et l'attitude de ses parents. Si cette cohérence semble déficiente, l'enfant, véritable éponge émotionnelle, le sentira et, sans les mots, angoissera. Être triste fait partie du spectre des émotions. Exprimer ses ressentis, c'est autoriser l'enfant à le faire à son tour.

" Maman, j'aime pas mon nouveau papa... "

« Ce genre de refus est fréquent mais généralement passager. Il cache souvent l'expression d'un mal-être lié à une certaine nostalgie du temps passé. Il équivaut en quelque sorte à une période de transition où l'enfant apprend peu à peu à se reconstruire via l'opposition et la négation du nouveau modèle proposé.

Quoi qu'il en soit, un enfant ne doit pas être grondé parce qu'il affirme son ressenti, ses déceptions. Il a le droit d'apprécier ou de rejeter cette nouvelle personne qui partage désormais sa vie. Toutefois, en retour, il doit comprendre que lui aussi doit renoncer à sa toute-puissance et respecter le choix de ses parents. »

Le saviez-vous ?

Environ 3 millions : c'est le nombre d'enfants en France vivant séparés d'un de leurs parents.

120.000, c'est en moyenne le nombre annuel de divorces en France depuis 1990.

En Europe, 20% seulement des pères demandent la garde de leurs enfants.

En savoir plus

Pour vous

" Quand les parents se séparent ", Françoise Dolto, Le Seuil, 4,95 €

" Après la rupture : reconstruire sa vie après un divorce ou une séparation ", Bruce Fisher, InterÉditions, 26 €

 

Pour lui

" Vivre seul avec papa ou maman ", Catherine Dolto-Tolitch, Colline Faure-Poirée et Frédérick Mansot, Gallimard Jeunesse-Giboulées, 6 €

" Les parents de Samira se séparent " (1 livre + 1 livret-parents), Edwige Antier, Christian Lamblin, Régis Faller et Charlotte Roederer, Nathan, 6 €Adresses utiles SOS Famille en périlTél. : 01 42 46 66 77SOS PAPA SOLOTél. : 01 39 76 07 07www.sos-papa.net C.L.E.R (Conseil conjugal, couples, médiation)Tél. : 01 48 74 87 60Centre de Consultations et de Thérapie familiale (CECCOF)Tél. : 01 48 05 84 33.www.ceccof.com

Sources

Psychoenfants, janvier/février 2007.

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