Savez-vous tout sur l’acide hyaluronique ?

Publié par Corinne Guillaumin
le 15/12/2014
Maj le
4 minutes
Autre
Il nous est familier depuis qu’il est devenu notre allié beauté n°1. Mais c’est aussi un composant de nombreux produits de santé dont une nouveauté dans le traitement des pathologies de la sphère ORL. 

Présent naturellement dans l’humeur vitrée de l’œil, dans le liquide synovial des articulations et dans le tissu sous-cutané, l’acide hyaluronique est une substance visqueuse et élastique qui sert : à maintenir un bon niveau d’hydratation de la peau en captant l’eau et en la maintenant dans les couches profondes, à protéger les articulations en augmentant la densité du liquide synovial et la souplesse du cartilage et enfin à lubrifier le globe oculaire.

Se dégrade avec le temps

Seulement voilà, avec l’âge, sa concentration diminue irrévocablement… On estime qu’à 50 ans, le corps a perdu la moitié de l’AH qu’il possédait dans l’enfance ! C’est pourquoi, dès les années 1970, cette substance, dotée d’un fort pouvoir hydratant, est utilisée dans la chirurgie ophtalmique, notamment pour les traitements du glaucome, les transplantations de cornée ou les opérations de la cataracte ou il favorise la cicatrisation des tissus. Aujourd’hui encore, l’acide hyaluronique entre dans la composition de nombreux collyres pour hydrater la cornée. Mais c’est assurément en rhumatologie, pour traiter certains cas d’arthrose, que cet agent au fort pouvoir hydratant est le plus prisé.

Soulager l’arthrose

Selon l’OMS, rappelons que l’arthrose touche à l’heure actuelle environ 10 millions de personnes en France. L’acide hyaluronique est donc utilisé en traitement local, essentiellement pour les genoux mais parfois aussi pour les hanches. Il est administré par injections dans l’articulation à trois reprises, avec 8 à 10 jours d’intervalle. Jugé sûr et très efficace par les rhumatologues, ce traitement soulage bien souvent les patients et leur redonne de la mobilité, en particulier dans le cas d’arthroses modérées. En moyenne, les effets se prolongent jusqu’à 6 mois voire un an. Bien sûr, pour ne courir aucun risque, ce traitement doit être effectué dans un environnement stérile et par un spécialiste.

Éviter le recours à la chirurgie

Actuellement, 450 000 Français bénéficient de ce traitement qui permet de lubrifier les articulations et d’amortir les chocs. Et surtout dans bien des cas, ces injections évitent ou retardent la pose de prothèses ! D’ailleurs en France, le nombre de prothèses est deux fois moins élevé que dans d’autres pays, économiquement comparables ! L’acide hyaluronique peut aussi être utilisé pour traiter l’incontinence urinaire d’effort de la femme. Il s’agit d’une technique non invasive qui consiste à pratiquer, en ambulatoire, sous anesthésie locale une injection d’un gel à base d’acide hyaluronique (Zuidex®) dans la paroi de l’urètre et qui évite de surcroit, dans bien des cas, le recours à la chirurgie. Selon les femmes, l’efficacité se prolonge de deux à cinq ans.

Un agent au fort pouvoir hydratant

Sachez d’ailleurs qu’il existe une technique similaire (pour info avec le Solesta®) pour traiter l’incontinence fécale qui se pratique dans certains pays d’Europe mais pas dans notre hexagone. Toujours dans le même domaine, l’AH peut être employé en injections endoscopiques pour traiter le reflux vésico-rénal chez l’enfant – c’est-à-dire le retour permanent ou intermittent de l’urine de la vessie vers les reins. D’autre part, étant donné que cette molécule est réputée pour ces propriétés réparatrices et hydratantes qui accélèrent la cicatrisation, il n’est pas très étonnant de la retrouver dans la composition d’un certain nombre de médicaments. À commencer bien sûr par les collyres mais également les pastilles pour la gorge, les bains de bouche ou gels pour soulager et cicatriser les aphtes, des crèmes pour traiter les irritations vaginales…

Une solution prometteuse

Mais une récente étude publiée en 2013 par le professeur Matteo Gelardi et ses collègues de la Section ORL du Département des neurosciences et des organes des sens de l’Université de Bari a également mis en évidence le bénéfice de l’acide hyaluronique dans le traitement et la guérison des infections ORL. Sachant que l’acide hyaluronique est un composant clé de l’épithélium, et qu’à ce titre, il joue un rôle prépondérant dans le mécanisme de défense des voies respiratoires supérieures en captant et filtrant les particules, qui s’introduisent dans le corps par la respiration, les scientifiques ont donc élaboré une solution d’hyaluronate de sodium – un agent mouillant obtenu à partir de la réaction d’acide hyaluronique et de sodium – et de corticostéroïdes. Cette solution a été expérimentée par le biais de vaporisateurs nasaux auprès de patients atteints de rhinite et de rhino-sinusite, aussi bien dans les cas allergiques que les non allergiques.

Pas beau mais résistant !

Franchement très laid, sans poil, doté de grandes dents et vivant sous terre, le rat-taupe nu n’a à priori, rien de très enviable ! Si ce n’est sa résistance au cancer. Pourquoi ce petit rongeur d’Afrique de l’Est est-il alors épargné ? Une étude de juin 2013 d’Andreï Seluanov et de Véra Gorbunova de l’université de Rochester aux États-Unis a enfin levé le voile sur ce mystère. Tout simplement grâce à la forme particulière et à l’importante sécrétion de son acide hyaluronique, (la molécule est cinq fois plus grosse que chez les autres animaux et que chez les humains) qui empêcherait les cellules de s’agglutiner pour former des tumeurs cancéreuses. Dans une prochaine étape, les chercheurs envisagent de faire des tests chez la souris. Et chez les humains, cet acide hyaluronique particulier sera-t-il l’arme anti cancer de demain ?

Sources

"Savez-vous tout sur l’acide hyaluronique ?", un article du Magazine Côté Santé de novembre/décembre 2014

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