Rhumatisme psoriasique : les traitements pour calmer l'inflammation

Publié par Audrey Vaugrente
le 20/12/2017
Maj le
4 minutes
douleur de la jambe chez une femme sur fond vert
Istock
Des plaques rouges, couvertes de peau blanchâtre. Voilà à quoi on associe souvent le psoriasis qui touche surtout les femmes jeunes. Quand elle affecte les articulations, on parle de rhumatisme psoriasique. Plusieurs formes d’atteintes existent. E-Santé fait le point sur les solutions avec le Pr Francis Berenbaum, rhumatologue à l’hôpital Saint-Antoine (Paris).

Des anti-inflammatoires et antalgiques contre la douleur

Comme pour les manifestations cutanées, le rhumatisme psoriasique évolue par poussées inflammatoires. Lorsque les articulations sont douloureuses, des traitements d’appoint sont disponibles. "Dans les formes bénignes, on utilise beaucoup les anti-inflammatoires et les antalgiques pour soulager le patient", explique le Pr Francis Berenbaum.

Ces derniers permettent d’apaiser les souffrances. Les anti-inflammatoires, eux, servent à limiter l’inflammation qui cause la douleur. "On fait principalement appel à deux types de médicaments : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l’ibuprofène ou le diclofénac, et la cortisone, liste le rhumatologue. On fait le choix en fonction du type de rhumatisme psoriasique et de l'intensité des douleurs."

Mais plusieurs formes existent, et toutes ne répondent pas de la même manière à cette stratégie. La forme axiale, par exemple, touche surtout la colonne vertébrale. "Elle est très sensible aux AINS et un peu moins à la cortisone", précise Francis Berenbaum.

Le Méthotrexate® pour limiter les poussées

Mais traiter le rhumatisme psoriasique au cas par cas ne suffit en général pas. Limiter la fréquence des poussées est aussi nécessaire. C’est pourquoi, "le plus souvent, le traitement associe un traitement de fond et un traitement symptomatique", développe le Pr Berenbaum. Le Méthotrexate®, un immunosuppresseur, est ainsi prescrit au long cours.

"Le Méthotrexate® est souvent administré en première intention, par voie orale ou sous-cutanée, explique le rhumatologue. Il est généralement bien toléré et administré une fois par semaine." Une souplesse d’administration qui présente un réel avantage.

Les biothérapies en deuxième ligne

Le problème, c’est que le méthotrexate ne permet pas systématiquement d’interrompre les poussées inflammatoires. Les biothérapies, qui ciblent une molécule ou une cellule clé dans la maladie, sont alors utilisées en deuxième ligne, souvent en association avec le méthotrexate.

"Il existe aujourd’hui trois familles de biothérapies, liste le Pr Berenbaum. Les anti-TNF alpha sont la classe la plus ancienne. Depuis peu, on utilise aussi l’ustekinumab (Stelara®) ou le sécukinumab (Cosentyx®), qui ciblent d’autres molécules de l’inflammation."

Ces biothérapies sont assez bien tolérées par les patients. "On reste attentif au risque d’infection", reconnaît toutefois le rhumatologue. Et pour cause : ces biothérapies agissent sur l’action du système immunitaire en l’inhibant. "On réalise donc un bilan avant de démarrer un traitement, afin de s’assurer qu’il ne réveillera pas une infection sous-jacente."

Une autre classe médicamenteuse pourrait bientôt arriver en complément, selon le Pr Berenbaum : les inhibiteurs de JAK, déjà indiqués dans certains rhumatismes inflammatoires. "Cette thérapie cible une voie d’activation de l’inflammation", détaille le rhumatologue.

Les infiltrations de cortisone quand l'inflammation persiste

La plupart du temps, ces approches thérapeutiques suffisent. De manière ponctuelle, des traitements locaux peuvent être administrés. Mais cela reste rare, et limité à une situation très spécifique. "Lorsque le traitement est très efficace, il arrive que certains patients continuent d’avoir de l’inflammation sur une articulation ou deux. Dans ce cas, on réalise des infiltrations à base de cortisone", explique Francis Berenbaum.

La kinésithérapie moins prescrite

Autre bénéfice de cette efficacité des traitements de fond, les rendez-vous incessants chez le kinésithérapeute sont un lointain souvenir pour de nombreux patients. "On a tendance à prescrire moins de séances car de plus en plus de patients atteignent la rémission complète", confirme le Pr Berenbaum.

La kinésithérapie reste cependant intéressante dans deux indications. "Dans les formes très axiales, avec une tendance à l’ankylose, on va prescrire des séances, au moins au début de la maladie", précise le rhumatologue. L’objectif est de préserver la mobilité du patient et d’éviter le handicap.

L’autre situation concerne les patients encore mal contrôlés. "Après une longue période d’inflammation, certains patients souhaitent reprendre une activité physique, détaille Francis Berenbaum. Encadrer cette pratique par de la kiné peut donc être utile."

La chirurgie pour les cas les plus sévères

Dans les cas les plus sévères, et sans traitement, l’articulation finit par être détruite par l’inflammation chronique. L’articulation abîmée est alors remplacée par une version artificielle. Mais grâce à l'efficacité des traitements, "la chirurgie est devenue extrêmement rare", précise toutefois le Pr Berenbaum.

Sources

3 nouveaux traitements dans le psoriasis et/ou rhumatisme psoriasique, France Psoriasis

Les traitements du rhumatisme psoriasique, France Psoriasis

Les symptômes et le diagnostic du psoriasis, Assurance maladie

Mon rhumatisme psoriasique, brochure de Pfizer

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