Réparer un coeur après l'infarctus : le miracle des cellules souches

Publié par Dr Agnès Lara
le 14/01/2002
Maj le
3 minutes
Autre
L'injection de cellules souches adultes dans le coeur d'un patient souffrant d'insuffisance cardiaque pourra peut-être lui permettre de recouvrer un coeur de jeune homme. La thérapie cellulaire ouvre la porte à la médecine du 21e siècle.

Lors d'un infarctus du myocarde, l'une ou plusieurs des artères qui alimentent le muscle cardiaque en sang oxygéné (les artères coronaires) se bouchent. Privée d'oxygène la partie du muscle qui n'est plus irriguée meurt et ne peut donc plus se contracter. Lorsque l'issue n'est pas fatale, il en résulte une perte plus ou moins importante de la puissance de « pompage » du cœur. On dit que les patients sont insuffisants cardiaques.Jusqu'à présent, l'un des principaux recours était le pontage coronarien, une opération chirurgicale permettant d'établir une dérivation de l'artère coronaire bouchée de manière à rétablir rapidement la circulation sanguine dans la région affectée. Aujourd'hui de nouvelles méthodes sont mises à jour et on envisage purement et simplement la réparation du muscle cardiaque « in situ ». Ce petit miracle est devenu possible grâce à l'injection de cellules souches.

Des cellules miraculeuses

Les cellules souches sont présentes dans l'embryon et à plusieurs endroits dans l'organisme adulte: sous la peau, dans le foie ou dans la moelle osseuse, etc.Alors que la plupart des cellules composant les tissus adultes sont spécialisées et ne peuvent se multiplier suffisamment pour renouveler un tissu abîmé, les cellules souches peuvent se multiplier rapidement et former différents types de tissus. Injectées dans un organe comme le coeur, elles seront capables de coloniser la zone endommagée, et d'adopter la forme et la fonction des cellules environnantes, dans ce cas, des cellules cardiaques.

Comment s'y prend-on pour les greffer dans un cœur malade ?

D'abord testée chez l'animal, la technique a été adaptée à l'homme et fait maintenant l'objet d'une étude en phase I. A l'hôpital Bichat de Paris, le service du Pr Philippe Menasché a entrepris des autogreffes de myoblastes sur 10 patients insuffisants cardiaques suite à un infarctus du myocarde.Les médecins ont effectué un prélèvement dans le muscle de la cuisse du patient. Les cellules prélevées, les myoblastes, ont été mises en culture « in vitro » de façon à ce qu'elles se multiplient jusqu'à atteindre un nombre suffisant (800 à 900 millions). Elles ont alors été injectées dans la zone endommagée du cœur du même patient (autogreffe). Le fait que les cellules proviennent du même malade, évite toute réaction de rejet.Jusqu'à présent, les médecins ont pu vérifier que les myoblastes greffés se contractaient bien avec le reste du muscle. Reste maintenant à savoir s'ils améliorent efficacement à la contraction cardiaque. Une étude en phase II sur une centaine de patients devrait permettre de le déterminer dès le début de l'année 2002.

La thérapie cellulaire : médecine du futur ?

Probablement. Si l'on en croit le Pr Mc Kay du National Institut of Health, les greffes de cellules souches prélevées à partir d'organismes adultes pourraient permettre de traiter un grand nombre de maladies. Leur utilisation semble en particulier très prometteuse pour les maladies cardiaques et hépatiques. Elles donnent également beaucoup d'espoirs pour le traitement des maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer ou celle de Parkinson, même si pour cela elles rencontrent plus de détracteurs.Contrairement aux cellules embryonnaires, les cellules souches adultes ne subissent pas de critiques d'ordre éthique puisque les prélèvements se font sans dommages importants sur l'organisme adulte et ne nécessitent pas la destruction d'embryons. D'autre part, les expériences menées à ce jour sur l'animal n'ont mis en évidence aucun effet secondaire négatif.

Partager :