Rage : premier traitement, première survie

Pour la première fois, un traitement expérimental inédit de la rage a été mis en oeuvre avec succès, chez une jeune fille ayant développé les symptômes de cette maladie. Jusqu'à aujourd'hui, la rage était fatale... Explications sur cette première mondiale.

La seule protection indiscutable contre la rage est la vaccination, le plus tôt possible après l'exposition et avant l'apparition des symptômes. En effet, une fois les symptômes déclarés, cette maladie est fatale. Après une maladie rabique déclarée, cinq cas de survie ont été rapportés, mais ces sujets avaient été vaccinés avant l'apparition des symptômes. Pour la première fois, un traitement expérimental a été appliqué chez une jeune fille de 15 ans atteinte de la rage, un mois après la morsure par une chauve-souris enragée.

Après avoir été légèrement mordue, l'adolescente n'a pas consulté de médecin et n'a donc pas bénéficié de la vaccination, laquelle est systématiquement réalisée par précaution.Un mois plus tard, elle présentait les symptômes de la rage : fatigue, paresthésie de la main (sensation anormale, désagréable, mais non douloureuse au niveau de la peau, traduisant une atteinte de fibres nerveuses), puis diplopie (dédoublement visuel), nausées et vomissements. Dès le cinquième jour, la fièvre était apparue, accompagnée de tremblements du bras et de troubles de l'élocution. Lorsque la jeune fille a été hospitalisée, elle commençait à saliver et à présenter des troubles de la déglutition.

Avec le consentement éclairé des parents, l'équipe médicale a entrepris un traitement expérimental inédit. Celui-ci consistait à protéger le cerveau, le temps que la réponse naturelle du système immunitaire se développe et élimine le virus. Pour cela, les médecins ont provoqué, pharmacologiquement, un coma, afin de réduire le métabolisme cérébral. Deux antiviraux antirabiques efficaces chez l'animal ont également été administrés. Petit à petit, la paralysie a cédé, tandis que le taux d'anticorps antirabiques s'est accru.Après onze semaines d'hospitalisation, la patiente est rentrée chez elle. Aujourd'hui, cinq mois après l'admission, elle est alerte et va à l'école à mi-temps. Toutefois, elle conserve quelques séquelles comme des troubles de l'élocution, de la coordination des mouvements et une démarche instable.

Les recherches doivent se poursuivre, et évaluer notamment l'efficacité respective des antiviraux et du coma. Mais ce premier succès ouvre la voie à une approche thérapeutique efficace contre la rage.

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.

Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Source : New England Journal of Medicine, pp 2508 et 2549, 16 juin 2005.