Quels traitements pour les joueurs invétérés ?

Coupé de la réalité, le joueur ne consulte pas pendant des années
Difficile de croire, que sans consommer aucune drogue, il soit possible de se comporter comme un drogué. Pourtant, c'est bien ce qui arrive aux joueurs invétérés qui sont tombés dans le cercle infernal de la dépendance.
Curieusement, comme l'expriment souvent les « drogués du jeu » quand ils se rendent pour la première fois à une consultation médicale, ils n'ont pas eu conscience pendant longtemps de ce qui se passait. En effet, le joueur en proie à cette fièvre du jeu, semble perdre le sens de toute réalité, jusqu'au jour où une goutte d'eau fait déborder le vase… Un divorce, un licenciement, un interdit bancaire et tout à coup, le joueur s'effondre. Rattrapé par la réalité, il prend la mesure de sa dépendance, que son entourage ne cessait de lui répéter, sans qu'il l'entende.
Le médecin, premier interlocuteur du joueur dépendant
Tous les professionnels de la santé et les anciens dépendants le savent bien : il est très difficile de se sortir seul d'un état de dépendance car la bonne volonté ne suffit pas. Le joueur ne s'est-il pas déjà dit mille fois, « aujourd'hui, je ne joue pas » ou « demain j'arrête » ? Mille fois déjà, n'a-t-il pas échoué malgré la fermeté de sa résolution ? Le joueur pathologique, comme un toxicomane ou un alcoolique, est dépendant. Pour s'arrêter, il a besoin d'aide et c'est vers son médecin traitant qu'il peut d'abord se tourner.
Première étape du traitement : la prise conscience de la dépendance
Au cours d'une ou de plusieurs consultations, le médecin peut alors faire le point sur cette dépendance, sur les retentissements dans la vie quotidienne, sur l'état de santé, sur l'humeur. Ce premier temps est essentiel : évaluation de la gravité de la situation, prise de conscience de la dépendance et ouverture vers une véritable motivation à l'arrêt.
Des traitements médicaux sont parfois nécessaires
Une prescription médicamenteuse n'est en rien systématique et il n'existe pas à l'heure actuelle de traitement « anti-jeu ». Néanmoins, dans certains cas, le joueur souffre d'une anxiété majeure ou traverse une période de dépression profonde. Dans ce cas, un traitement spécifique, anxiolytique ou antidépresseur peut être prescrit.
Le deuxième temps : la psychothérapie
Ensuite, le joueur va avoir besoin d'être accompagné, soutenu, aidé, encouragé et compris par un professionnel de santé qui va l'aider à rompre le cercle infernal de la dépendance. Selon les cas, ce travail psychologique peut se faire avec l'aide d'un médecin généraliste, d'un psychiatre, d'un psychologue ou d'un psychothérapeute, au sein d'une consultation privée ou publique. Peu importe la spécialité du soignant, pourvu qu'il ait une connaissance des problèmes de dépendance. Comme pour l'alcool, le joueur va alors apprendre progressivement à se passer du produit. Et comme tout chemin vers l'abstinence, le parcours sera émaillé de rechutes, suivi de périodes sans jeu de plus en plus longues et de plus en plus fréquentes.
La thérapie cognitivo-comportementale est la méthode de référence
Les professionnels peuvent utiliser différentes méthodes psychothérapeutiques. L'approche la plus codifiée actuellement est la thérapie cognitivo-comportementale. Après avoir approfondi la motivation du sujet, elle consiste à analyser, à décrypter les pensées du joueur qui l'incitent à jouer (dimension cognitive) puis à lui apprendre, à l'aide de différents exercices ou tâches à modifier son comportement (dimension comportementale), notamment en lui apprenant à résister à son envie de jouer. Dans un second temps, « sevré » de sa dépendance, le patient apprend à affronter progressivement les situations qui l'incitent le plus à jouer.
Les mouvements joueurs
Les mouvements d'anciens joueurs existent en France depuis quelques années, à l'image des associations d'anciens alcooliques comme les « Alcooliques anonymes ». Le principe repose sur l'entraide et le soutien par des personnes ayant traversé la même souffrance. Il existe un programme en 12 étapes, permettant au joueur d'avancer progressivement vers une nouvelle liberté. Les mouvements d'anciens joueurs apportent une aide précieuse et complémentaire d'un cheminement psychothérapeutique.