Quels sont les symptômes du cancer du pancréas ?

Le cancer fait peur. Mais parmi les différentes formes, celui du pancréas est sans doute celui qui effraie le plus. Connu pour son agressivité, il touche plus de 10 000 personnes chaque année en France. Et très peu survivent. Le taux de survie à 5 ans ne dépasse pas les 5 %.
Des symptômes qu'il provoque, on sait moins de choses. Faisons le point avec le Dr Olivier Turrini, chirurgien cancérologue au service de chirurgie hépatobiliaire et pancréatique de l'Institut Paoli-Calmettes (Marseille, Bouches-du-Rhone).
Les symptômes varient selon le lieu
Le cancer du pancréas est un réel défi pour les personnes qui le prennent en charge, et cela pour plusieurs raisons. "Il peut rester silencieux pendant un long moment, indique le Dr Turrini. Quand on le découvre, il n'est souvent plus à un stade opérable, ce qui rend le pronostic plus sombre."
Mais ça n'est pas le seul problème. En fonction de sa localisation sur le pancréas, la tumeur va provoquer des symptômes qui varient fortement. "Il faut distinguer les trois parties du pancréas : la tête, le corps et la queue", liste le chirurgien oncologue. Dans le premier cas, le diagnostic est un peu plus précoce car les symptômes apparaissent plus vite.
Dans les deux autres cas, "on peut découvrir le cancer de manière fortuite, à l'occasion d'autres examens, parce qu'il ne provoque pas de symptômes, ou alors tardivement à l'occasion de douleurs lorsque la lésion a eu le temps de progresser".
La jaunisse
Lorsqu'elle est située sur la tête du pancréas – la partie proche du duodénum –, la tumeur entraîne un signe assez clair : la jaunisse. "C'est un signe d'alerte assez fréquent, explique Olivier Turrini. Comme la tumeur bloque le canal biliaire, la bile s'accumule sous la peau au lieu de passer dans l'intestin."
La peau prend alors une teinte jaune, tout comme le blanc des yeux. Symptôme inhabituel, il pousse généralement à consulter un professionnel de santé. Résultat, le diagnostic est posé plus tôt que pour d'autres localisations.
Des urines colorées et des selles blanches
Autre signe manifeste, la coloration des urines. Là encore, ce phénomène est lié à l'obstruction des canaux biliaires par la tumeur. "La bile se mélange aux aliments pour les digérer et colore les selles en marron, détaille le chirurgien cancérologue. En son absence, elles deviennent blanc mastic."
Mais la bile continue d'être produite, et doit donc être évacuée et passe alors par deux organes de filtration : les reins. "Les urines sont alors très foncées, presque noires", souligne le Dr Turrini. Là encore, des symptômes qui poussent à consulter rapidement.
Des troubles digestifs
Mais il suffit que la tumeur se place sur le corps ou la queue du pancréas pour que le cancer se fasse bien plus discret. Il se développe alors, sans provoquer de symptômes. Lorsque ceux-ci apparaissent, ils suscitent rarement une inquiétude de la part du patient.
Il faut dire que les signes en question n'évoquent pas spécifiquement le cancer : douleurs abdominales, perte d'appétit, digestion difficile ou encore ballonnements… "Ce sont des signes tellement banals que les patients n'y font pas attention au début, soupire Olivier Turrini. C'est le fait qu'ils traînent qui provoque un bilan." C'est aussi ce qui explique le diagnostic tardif.
Des douleurs dans le dos
A force de grandir, la tumeur peut gêner les organes voisins. "Le pancréas étant placé juste devant les vertèbres, il est proche de gros vaisseaux et de nerfs", explique le chirurgien oncologue.
Si des douleurs au milieu du dos se développent, elles peuvent être liées à une compression des nerfs par la masse tumorale. "C'est rarement bon signe, car cela signifie que la tumeur est avancée, voire qu'elle envahit d'autres organes", indique le Dr Turrini.
Les jambes gonflent
Aux stades les plus avancés, la tumeur du pancréas peut provoquer des symptômes plus larges, comme des œdèmes au niveau des jambes, qui sont la conséquence d'un état d'extrême dénutrition. "Mais ce n'est pas un signe initial de la maladie", rappelle Olivier Turrini.
Autre cause possible, "la tumeur comprime la veine cave qui assure le retour sanguin. Mais c'est extrêmement rare d'observer cela".
Le diabète
Sans que l'on sache expliquer pourquoi, le diabète de type 2 est fortement associé au cancer du pancréas. "Dans les deux ans qui suivent le diagnostic, le ou la patient.e est dix fois plus à risque de découvrir qu'il souffre d'un cancer du pancréas", chiffre le Dr Turrini.
Un élément peu connu et encore mal compris. "On ne sait pas si le diabète est la cause ou la conséquence, admet le chirurgien cancérologue. En revanche, il faut que les médecins généralistes aient le réflexe de faire une imagerie quand ils diagnostiquent un diabète, et n'hésitent pas à la répéter au cours de la première année."
Sources
Le cancer du pancréas : points clés, Institut national du cancer, consulté le 24 mai 2018