Quelles sont les plantes qui ont révolutionné la médecine ?

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 31/03/2016
Maj le
5 minutes
herbes médicinales dans des bouteilles en verre et scoop en bois, phytothérapie
Autre
L’histoire abonde de potions à base de plantes formulées par des médecins oubliés qui ont pourtant contribué à la plupart des traitements d’aujourd’hui. Certaines de ces recettes magiques sont farfelues, souvent utiles, voire toxiques et à l’origine de quelques empoisonnements célèbres plus ou moins intentionnels.Le Dr Jacques Labescat* nous dévoile ici avec beaucoup d’humour, le parcours de ces médecins, les origines et les finalités de certaines de ces potions oubliées.

Le baume de Fioravanti : les premiers miraculés de la chirurgie

Au XVIe siècle, le baume de Fioravanti destiné à soigner les blessures de guerre des soldats a fait figure de révolution car à cette époque, on mourrait davantage des suites des blessures que des blessures elles-mêmes. Il en était de même lors des opérations, qui si elles sauvaient le malade, l’exposaient ensuite à de graves complications souvent mortelles.

Symbole de paix, le rameau de laurier sauce, tout comme celui d’olivier, était utilisé pour ceindre le front des généraux victorieux et des athlètes vainqueurs. À la fin du moyen-âge, les couronnes de baies de laurier ont servi à orner la tête des étudiants en fin d’études promus à gagner l’université, d’où le nom de baccalauréat, issue du nom latin des baies de laurier baca laurea

Avec ce premier baume cicatrisant qui est resté présent dans la pharmacopée française jusqu’en 1949, Fioravanti a inventé le premier « service après-vente chirurgical ». À la fois réparateur et antidouleur, celui-ci a soulagé et sauvé des milliers de blessés ayant réchappé aux opérations militaires et chirurgicales. Même François 1er a fait fabriquer par un moine ce baume pour sauver les arquebusiers blessés et infectés.

Entrent dans la composition de cette potion : gomme de lierre, bois d’aloès, clous de girofle, petite consoude, cannelle, noix de muscade, gingembre, et aussi et surtout des baies de laurier. En usage externe, la décoction de laurier sert à désinfecter les plaies, calmer les angines et les rhinopharyngites.

La potion du Dr Cabanis : un poison mortel quasi parfait

C’est le Dr Dubreuil, médecin du roi lui-même, qui aurait transmis de nombreux secrets de plantes, de formules… et aussi de poisons à Pierre Jean Gorges Cabanis, pourtant alors davantage passionné de littérature. Après de longues études de médecine, devenu le médecin et le nègre du conte de Mirabeau, il a fort probablement expérimenté une de ses potions sur son ami malade dans le but d’abréger ses souffrance. Les mêmes soupçons se portent sur lui lorsque le marquis de Condorcet est retrouvé mort empoisonné dans sa cellule, échappant ainsi à la guillotine. Cette même formule aurait failli aider Napoléon à finir dignement, si celle-ci n’avait pas été éventée… Un comble, le Dr Cabanis fut conduit au Panthéon des grands hommes huit jours après sa mort.

L’ingrédient fatal de la potion du Dr Cabanis est le datura stramonium (trompette de la mort, herbe aux sorcières…), une plante utilisée comme hypnotique par les faiseurs de zombis à Haïti, qui contient pas moins de 64 alcanoïdes, tous des poisons potentiels : accélération cardiaque, transpiration excessive, amnésie, perte de connaissance, délire, hallucinations. Il s’agit d’une des plantes les plus toxiques de la pharmacopée, aujourd’hui utilisée à doses très faibles pour ses propriétés calmantes contre certaines affections nerveuses, comme la maladie de Parkinson par exemple.

Armand trousseau : première cigarette thérapeutique… contre l’asthme

Quoi de plus curieux qu’un médecin asthmatique qui invente la cigarette thérapeutique et consomme lui-même. C’est après avoir traité une crise d’asthme avec quelques bouffées de cigare qu’il devient adepte des vertus « combustives » du tabac et développe des formules pour se traiter lui-même avec des plantes de la famille des solanacées aux propriétés antispasmodiques pour combattre le spasme bronchique. Il place ainsi de nombreux végétaux dans ses cigarettes, dont la stramoine, l’hyoscyamine, la belladone, et là encore, la fameuse datura dont se servaient les vaudous d’Haïti pour créer des zombies. C’est sans doute cette plante précisément dont il se servait à titre thérapeutique pour soulager ses crises d’asthme, qui ont eu raison de ce talentueux médecin. À moins qu’il ne s’agisse de l’alcool dont il prônait l’usage comme médication, et notamment de son autre invention, un vin diurétique appelé vin de l’Hôtel-Dieu ou amer de la charité. À base de scille et de digitale, cette potion est surtout cardiostimulante. Ces plantes contiennent toutes deux de la scillipicrine, et des glycosides pour la digitale seulement, des principes actifs tonicardiaques. Pouvant être considérées comme toxiques, ces plantes sont aujourd’hui déconseillées en automédication.

Ces dernières potions illustrent bien la fameuse phrase de Paracelse, médecin suisse que l’on peut considérer comme l’inventeur de la phytothérapie moderne : « tout peut être poison ou médicament selon la dose ».

Pourquoi avoir écrit ce livre « Potions magiques de médecins oubliés » ?

Dr Jacques Labescat : « j’ai découvert que des potions qui avaient rendu de sacrés services au fil du temps et au long de l’histoire de la médecine, avaient été balayées par la Science. Leurs inventeurs célébrés étaient tombés dans l’oubli injustement et méritaient une séance de réhabilitation. Ils ont été souvent courageux, parfois rebelles et toujours actifs pour leurs patients, et donc méritent meilleur sort que le leur. »

Quelles sont ces particularités ?

Dr Jacques Labescat : « Le contenu de ce livre a la particularité d’être sérieusement drôle. Mais aussi, il fait entrouvrir l’histoire par une porte souvent fermée à tort et méritant d’être entrouverte plus souvent. En finalité, à travers des petites histoires il donne un petit éclairage sur la Grande médecine de manière distrayante. »

À lire

« Potions magiques de médecins oubliés », Dr Jacques Labescat, Editions Anfortas.

À consulter : www.soignerparlesplantes.fr

Sources

* En collaboration avec le Dr Jacques Labescat, médecin, expert en phytothérapie et auteur du livre « Potions magiques de médecins oubliés », aux Editions Anfortas.

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