Quand prendre la décision de se séparer ?

Parfois, une séparation est une bonne chose, et parfois une erreur.
Alors, comment savoir si l’on prend une bonne décision ?
La séparation quand on est en danger physique
Un conjoint agressif, violent qui vous maltraite de manière chronique, c’est LA raison incontestable de prendre la décision de se séparer.
Et pourtant, ce n’est pas toujours si simple.
La séparation quand on est en danger psychique
Le danger psychique est souvent associé au danger physique, même s’il peut aussi être seul présent. Les personnes qui souffrent de violences physiques et psychiques disent unanimement que le plus difficile, ce sont les violences psychiques. « Les coups, ça s’oublie, les paroles, jamais ».
La violence psychique est très destructrice.
Un conjoint pervers narcissique, manipulateur, vous ridiculise, vous fait vivre des humiliations, des insultes, des colères, des petites remarques vexantes répétées, en privé ou en public… Puis, quand il sent que vous vous éloignez, il prétend vous aimer passionnément afin de vous faire revenir vers lui. Et il reproduit en boucle ces comportements.
Quand une personne réussit à prendre suffisamment de distance pour repérer ce cercle vicieux, elle peut s’en extraire par une séparation.
Cette décision est souvent très difficile à prendre, car la personne cible de ce comportement toxique, qu’elle soit homme ou femme, a tendance à se sentir très dépressive, donc à manquer d’énergie pour envisager une séparation en pratique. Le soutien de l’entourage, de la famille, peut être déterminant pour aider quelqu’un à se sauver de cette situation toxique.
La séparation peut être, dans d’autres cas encore, une question de survie psychique. Lorsque, par exemple, une personne se dit : « ma relation avec mon conjoint, ce n’est pas de l’amour c’est de la possession. Je me sens être sa chose. » Ou dans le cas de jalousies pathologiques extrêmes.
La certitude intérieure
Une petite voie intérieure peut brusquement s’affirmer.
« C’est quand j’ai visité une maison que nous cherchions à acheter que j’ai su. Jamais je n’habiterai ici avec elle. J’ai su que notre histoire était finie. Il a fallu quelques mois pour que la séparation soit effective, mais je connais le moment précis où tout a été fini entre nous ».
Cette certitude intérieure qui s’impose est souvent un excellent guide. Il ne s’agit pas d’un coup de tête, mais d’éléments qui se mettent en place inconsciemment et qui se révèlent tout à coup évidents.
Les raisons de cette certitude intérieure peuvent venir d’une goutte d’eau faisant déborder le vase : coup, parole humiliante, mais aussi prise de conscience que la relation était basée sur une inégalité, où un des membres du couple se trouve infantilisé.
Lorsqu’il grandit psychiquement, il prend conscience de ce déséquilibre jusqu’à un point de rupture. Une relation où il garde la position basse devient impossible à tenir dans la durée.
Et puis, simplement, on peut prendre conscience à l’occasion d’un anniversaire, du temps qui passe et que l’on vit dans un couple sans joie, ou qui ne correspond en rien à notre idéal.
Comme la vie est courte, la séparation peut être inévitable.
Les mauvaises décisions...
- Je reste pour les enfants.
C’est toujours une mauvaise décision, à moins d’avoir creusé ce que cette affirmation recouvre. Aucun enfant n’est sécurisé par un couple de parents qui se déchirent ou vivent d’énormes tensions toujours perceptibles pour eux.
Quand les enfants ont conscience que leurs parents restent uniquement pour eux, c’est une dette très lourde qu’on leur fait porter. Sans eux, leurs parents auraient peut-être trouvé leur bonheur en couple…
- Je me sépare sur un coup de tête.
La découverte d’une liaison extraconjugale, une engueulade sur un sujet qui nous tient à cœur, peut déclencher une séparation. Parfois, la crise est un révélateur utile. Parfois, notre réaction à cette crise est infantile et l’on peut se séparer sans comprendre ce qui se joue.
Il est toujours bon de prendre le temps de se séparer dans un cas de crise. La crise peut être une occasion de grandir ensemble. On est parfois plus fort quand on a surmonté des difficultés. Ou parfois la crise révèle de graves dysfonctionnements semblant irréparables.
- Je n’éprouve plus de désir.
Le désir et l’amour sont deux choses très différentes. On peut manquer de désir pour des raisons liées à tout autre chose qu’à la relation : à cause d’une dépression, de gros soucis de travail ou d’argent, d’une histoire ancienne d’agression sexuelle, ou d’une histoire familiale très lourde. Aussi faut-il prendre le temps de comprendre les ressorts de ce manque de libido.
- J’éprouve des ressentiments non exprimés.
Quand on en veut terriblement à l’autre, on peut avoir envie de partir. Pourtant, mieux vaut toujours crever l’abcès. « Il m’a obligée à avorter 3 mois après notre rencontre… » Pourtant, cet homme ne savait pas que cet événement de leur histoire marquait encore son épouse. Il a été très touché, profondément triste de savoir que pour elle, la blessure était toujours aussi vive. Aussi, laisser les ressentiments s’amonceler peut-il écraser l’amour. Faire régulièrement le ménage des ressentiments est une saine activité pour éviter les séparations dues à des incompréhensions.
- Je pars pour quelqu’un d’autre.
Ce n’est jamais vraiment le cas. Quand on est heureux en couple, on reste. Alors, qu’est-ce qui ne va pas ? Est-ce que je réclame ce dont j’ai besoin pour être heureux(se) ? Est-ce que j’écoute et j’entends l’autre ? Plutôt que de risquer de reproduire plusieurs fois un couple dysfonctionnel, mieux vaut se poser des questions...
Les bonnes questions à se poser avant une séparation
- Suis-je heureux(se) ?
- Est-ce que j’aime être seul(e) avec l’autre ?
- Ai-je des ressentiments non exprimés ?
- L’autre a-t-il des ressentiments non exprimés ?
- Pour quelles raisons je reste si je suis malheureux (se) ?
- Qu’est-ce qui m’attache ?
- Quelles sont les raisons qui me donnent envie de partir ?
- Qu’est-ce que cette séparation va m’apporter ?
Trouver de l’aide
Avant d’envisager une séparation définitive, il est souvent bon d’aller consulter un conseiller conjugal ou un psy compétent, afin de faire le point, d’explorer ce qui se joue pour soi-même intimement et dans la relation de couple. Cela permet d’assainir les décisions.
Et c’est souvent bien mieux que de demander conseil à des proches qui projetteront forcément leurs problèmes et leurs désirs personnels sur notre histoire…
À lire
- Trop bien pour partir, pas assez pour rester de Mira Kirshenbaum aux éditions Marabout.
- Se séparer sans se déchirer de Jocelyne Dahan et Evangeline de Schonen aux éditions Robert Laffont.
- Le couple brisé de Christophe Fauré aux éditions Albin Michel