Quand le cancer entraîne des troubles de l'érection...

La sexualité fait partie des plaisirs relationnels qui nous font du bien tout en nous reliant à l’autre. Alors, continuer sa vie sexuelle et amoureuse, c’est important.
Pourtant, parfois, avec un cancer, chez les hommes, certaines difficultés d’érection peuvent survenir…
Cancer, les médicaments et l’érection
Les traitements anticancéreux peuvent, pour certains, entraîner une baisse du désir sexuel, ou des difficultés pour avoir une érection.
Aussi ne faut-il pas hésiter à en parler au médecin au même titre que d’autres effets indésirables.
L’érection, cela fait aussi partie de la santé.
Certains cancers touchent la sexualité, donc l’érection
Les cancers de la prostate, du testicule, ou encore les cancers du petit bassin, comme ceux de la vessie ou du côlon, peuvent entraîner des difficultés d’érection, soit après la chirurgie, soit après la radiothérapie.
Il est important de parler de sexualité au médecin, avant, pendant et après les traitements, de manière à recevoir la meilleure information possible, tant pour les explications que pour les possibilités de traitement visant à améliorer l’érection.
La santé sexuelle, l’érection, dépendent du corps entier…
Même avec un cancer en cours de traitement, en rémission ou guéri, de nombreux hommes conservent une sexualité tout à fait satisfaisante. Mais pas tous. Car les cellules cancéreuses et les traitements qu’on leur inflige ne sont pas seuls en cause.
Une difficulté d’érection ne doit donc pas systématiquement être attribuée au cancer ou à ses traitements.
Le diabète, le surpoids, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, la sédentarité sont des causes connues de troubles de l’érection chez tous les hommes.
Alors, s’occuper de sa santé globale, c’est bon pour notre immunité (donc pour aider l’organisme à se débarrasser au mieux des cellules cancéreuses), et c’est bon aussi pour la sexualité et l’érection.
Les cancers, l’érection et l’angoisse de la maladie
L’annonce du cancer constitue toujours un choc émotionnel. Pendant un temps, la sexualité peut se mettre en sommeil, le temps d’encaisser ce choc.
Puis, pendant le traitement, il est souvent difficile d’éprouver du désir sexuel quand on craint pour sa santé et pour sa vie.
Alors, il se produit assez souvent une période sans sexualité. Cela n’a rien d’anormal, même si tous les hommes ne réagissent pas de cette manière. Pour d’autres, faire l’amour peut se révéler un antidote, un geste de vie qui fait du bien ! Chacun réagit à sa manière.
Les cancers, l’érection, et l’image de soi
Le corps peut être atteint par la maladie, par la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie. Une cicatrice, une opération ressentie comme une mutilation, les séquelles cutanées de la radiothérapie… le corps peut sembler tout à coup moins digne d’être aimé.
Or, quand on a le sentiment de ne plus pouvoir plaire, le désir sexuel s’amoindrit, et l’érection ne fonctionne alors plus aussi bien. Il faut souvent du temps pour intégrer des changements physiques, et de la douceur, de l’amitié pour soi…
D’autre part, quand une maladie grave nous atteint, quand nous sommes en arrêt maladie, nous pouvons éprouver un sentiment d’inutilité et de dévalorisation.
Dans la psychologie masculine, ce sont des sentiments très néfastes pour le désir.
Le cancer et la fatigue et les douleurs, néfastes pour l’érection
Quand le corps est fatigué ou qu’il souffre, par réflexe, il met la sexualité entre parenthèses. C’est une réaction normale lui permettant de se recentrer sur l’essentiel : surmonter la période difficile et tout faire pour guérir.
Il est important alors, de l’accepter, de ne pas en vouloir à ce corps parce qu’il ne fonctionne plus comme auparavant. Il est bien plus adapté, au contraire, de l’encourager, de l’aimer encore, et d’être avec lui émotionnellement. Rappelez-vous que votre corps est votre ami. Il agit toujours du mieux qu’il peut pour vous.
Le cancer, le couple et l’érection
L’érection, cela se fait à deux.
Quand l’érection est difficile, le mieux est d’en parler en couple. Parler de ce que l’on ressent, se questionner sur les raisons des difficultés et agir ensemble. En parler au médecin ensemble est souvent plus facile…
Il est bon de garder à l’esprit que la sexualité n’est pas une prestation de service. C’est d’abord un moyen pour créer une intimité relationnelle avec l’autre. Alors, si pendant une période, l’érection ne fonctionne plus du tout ou plus très bien, d’autres moyens de rester proches physiquement existent.
Les caresses, les baisers sexuels ou non sont possibles. Et il est toujours possible de se donner mutuellement du plaisir, même sans érection et sans pénétration. Cela peut même être une découverte. Comme Antoine qui s’aperçoit qu’il peut avoir des orgasmes provoqués par des caresses, même sans aucune érection…
Pour que cela se passe bien, parler de ce que l’on ressent est indispensable. Et c’est parfois le plus difficile.
Le rôle de la partenaire, pas si facile !
La partenaire a un rôle essentiel… et pas facile !
Idéalement, elle doit continuer à aimer son homme, le désirer, et l’aider, l’encourager en même temps. Si elle devient trop « infirmière » de son malade, elle risque de ne plus le désirer et de se comporter un peu comme une maman avec son enfant. Son désir à lui et son érection risquent de ne plus fonctionner !
Si elle reste une amante très demandeuse, elle risque de provoquer une angoisse de performance (est-ce que je vais être à la hauteur ?). Alors, c’est à l’homme de lui dire ce qu’il ressent pour l’aider à trouver le juste milieu. Et qu’il ne lui en veuille pas trop s’il lui faut du temps pour le trouver.
Soigner le trouble de l’érection, c’est possible !
Un cancer, on doit bien sûr s’en occuper avant tout, mais cela n’empêche pas de soigner un trouble de l’érection. Et il existe des solutions.
Les médicaments contre les troubles de l'érection, le dispositif Muse, les injections intracaverneuses, le vacuum, l’anneau pénien, l’implant pénien…
Il n’est pas toujours facile d’accepter une prise en charge médicalisée de son intimité. Pourtant elle en vaut souvent la peine, puisqu’elle permet de retrouver plus d’intimité avec l’autre.
Là encore, il faut en parler avec son médecin et avec sa partenaire et prendre le temps d’envisager ces changements dans la sexualité…
Au total, peut-être qu’après un cancer, la sexualité ne sera plus jamais comme avant, sur le plan psychique, relationnel ou physique. Pourtant elle sera toujours vivante, puisque la sexualité surgit de notre force de vie.Alors autant la prendre en compte et savoir profiter de tout ce qu’elle peut nous apporter : nous donner du plaisir, nous permettre d’être relié à l’autre, nous rendre dispensateur de plaisir…
Sources
Sexualité et cancer (homme), une brochure de la ligue contre le cancer. http://www.ligue-cancer.net/shared/brochures/sexualite-cancer-homme.pdf
Cancer et sexualité au masculin. Ligue suisse contre le cancer. À télécharger : assets.krebsliga.ch/downloads/2029.pdf.Marc Wisard. Cancer et sexualité masculine. Rev Med Suisse 2008;4:2618-2623.