Psycho : éviter le perfectionnisme

Quand le perfectionnisme va trop loin
Alice doit inviter des amis à dîner. Elle en est malade d'avance, car elle veut que tout soit impeccablement réussi. Le choix du menu, la cuisson, la présentation, la décoration de la table, le vin et même la conversation et les échanges. Elle met donc plusieurs semaines à choisir des amis qui vont s'entendre, autant de temps à choisir son menu, et elle s'angoisse à l'idée de ne pas être prête à temps. Pourtant, il s'agit d'amis tout à fait sympathiques et aucun enjeu professionnel n'existe pour elle. Elle n'invite pas son patron.
On en arrive à se gâcher la vie
Le résultat, c'est qu'Alice se gâche le plaisir de préparer un bon moment et elle en arrive même à se gâcher la soirée elle-même. Car elle n'est jamais à la hauteur de ses attentes. Même quand les invités sont rentrés chez eux, Alice demande, inquiète, à son ami : « Tu es sûr que le vin était à la bonne température ? Qu'il allait bien avec le poisson ? Que Xavier ne s'est pas ennuyé ?... » Elle s'inquiétait avant, et elle continue ensuite.
La volonté de tout contrôler
Alors, où est le problème ? Personne ne se plaint de rien, tout le monde a passé un bon moment sauf Alice ! C'est que cette jeune femme veut tout contrôler. Elle voudrait que tout soit parfait, sans aucun risque d'erreur. Et c'est impossible.
Pourquoi veut-elle que tout soit parfait ?
C'est la question qu'elle devrait se poser pour mieux se comprendre et pour changer, pour aller vers plus de plaisir de vivre. C'est comme si Alice estimait qu'elle avait un devoir : celui d'être parfaite. Et que, si elle ne répondait pas à ce devoir, les conséquences seraient terribles. Lesquelles ?
Sans doute imagine-t-elle qu'on ne l'aimerait plus
Cela correspond peut-être à une peur profonde ou à un manque d'estime de soi. Alors, pour être aimé, il faut tout bien faire, tout faire parfaitement.
Analyser sa manière de fonctionner
Alice ressent chaque action comme un examen d'amour. « Si je ne réussis pas, on va me rejeter ». Bien sûr, si vous demandiez à Alice ce qui se passe dans sa tête, elle ne vous dirait pas cela. Car c'est plus un réflexe, une manière de fonctionner qu'elle a mise en place sans l'analyser. À partir du moment où elle le comprendra, elle pourra se poser les vraies questions et changer en conséquence. Est-ce que mes amis m'aimeraient moins si le vin était imbuvable ? Est-ce que ça nous empêcherait de profiter de la soirée ? Est-ce que moi, quand je vais chez un ami, je le juge mal si la décoration de la table est moyenne, voire inexistante ? Elle se rendrait déjà compte qu'elle se met la barre dix fois plus haut qu'elle ne la positionne pour ses amis.
Une autre question : "est-ce que mes amis préfèrent avoir affaire à Alice détendue et rigolote comme elle peut l'être, ou à une Alice stressée par son soufflé qui retombe ou par une petite tache sur la nappe ?" En fait, quand on rencontre des amis, c'est pour partager un moment, pas pour se mettre une note comme un juge des étoiles Michelin ! Que faire pour changer, une fois que l'on a compris nos peurs intérieures, celle de ne pas être aimé pour soi, d'être mal jugé, la peur de ne pas être à la hauteur ?
Il faut s'entraîner à agir différemment
Peut-être qu'Alice pourrait demander à son ami : "Invite les amis un jour, sans me prévenir, et on se débrouillera comme on pourra". Elle fera peut-être des spaghettis, enverra quelqu'un acheter des œufs pour une omelette à l'épicerie du coin, et elle passera la meilleure soirée de sa vie : elle ne se sera angoissée ni avant, ni pendant la soirée. Elle aura appris à lâcher prise et à ne pas se créer elle-même des angoisses qui n'ont aucune raison d'être.
Lâcher prise naturellemment
Et l'intérêt d'une telle soirée, c'est qu'elle ouvre à Alice une porte : celle qui lui montre qu'elle peut être différente de ce qu'elle est d'habitude et que ça lui convient très bien. Par la suite, elle reproduira de plus en plus facilement ce nouveau processus lors de nouvelles expériences et apprendra à lâcher prise de plus en plus naturellement, à la fois sur le plan pratique et sur le plan de ses émotions.
Changer quand on est perfectionniste.
Au total, il existe deux niveaux de réactions pour changer :
- comprendre les peurs qui nous poussent à agir ainsi,
- trouver l'action qui nous entraîne à agir différemment, pour s'apercevoir que c'est un chemin de progrès à emprunter plus souvent.