PSA : un dosage à controverse

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 11/12/2000
Maj le
3 minutes
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Le PSA (Antigène Prostatique Spécifique), est une protéine spécifique de la prostate. Cette molécule a révolutionné à la fois la détection, l'évaluation et le suivi du cancer de la prostate.
Son utilisation clinique a surtout été marquée par l'accroissement considérable de l'incidence de ce cancer, probablement en raison du vieillissement de la population. Son dosage permet aujourd'hui d'améliorer la détection des petites tumeurs débutantes, jusque là rarement diagnostiquées à ce stade précoce. Mais malgré ses avantages, son usage pour le dépistage de masse reste controversé.

Dosage PSA : ses avantages

Le cancer de la prostate est une pathologie de plus en plus fréquente de par sa prépondérance dans la population âgée. Toutefois, il n'écourte généralement pas l'espérance de vie car son évolution est très lente. Par ailleurs, on dispose maintenant d'un examen simple qui consiste à doser le PSA à partir d'une prise de sang. Celui-ci constitue l'un des meilleurs marqueurs d'une éventuelle tumeur de la prostate. Il y a encore quelques années, plus de la moitié des nouveaux cas de cancer étaient diagnostiqués à un stade trop avancé (étendu en métastases), mais la généralisation du dosage du PSA permet actuellement de détecter de nombreux cas à un stade beaucoup plus précoce, et ainsi de les guérir.

Dosage PSA : ses limites

Malgré ses atouts, le PSA a des limites. Il représente plus un marqueur biologique spécifique du tissu prostatique que du cancer. En effet, si son taux augmente en cas de cancer, il s'accroît également au cours de l'adénome ou hypertrophie de la prostate (son taux s'élève avec la taille de l'organe, et donc avec l'âge). Certes, une cellule cancéreuse sécrète dix fois plus de PSA, mais un adénome de grande taille peut entraîner un taux de PSA supérieur à la normale. De plus, 25 % des hommes porteurs d'un cancer de la prostate ont un taux de PSA normal. C'est d'ailleurs pour cette raison que seul le toucher rectal permet, dans un premier temps, de différencier ces deux pathologies prostatiques.

Cancer de la prostate : qu'en est-il du dépistage de masse ?

Il n'existe pas actuellement en France de recommandation officielle concernant son usage dans le cadre d'un dépistage de masse.

La raison est simple, aucune preuve décisive ne justifie son utilisation à l'échelle de la population générale. En effet, il n’y a pas d’études démontrant l’efficacité du dépistage. Parallèlement, les hommes s’exposent aux inconvénients et risques du dosage sanguin du PSA (possibilité de faux positifs notamment) puis à ceux des biopsies de confirmation diagnostique (perte de sang dans les urines et le sperme, risque d’infections, de rétention urinaire, possibilité de faux négatifs) et enfin aux conséquences physiques et psychologiques liées aux traitements (troubles sexuels, urinaires, digestifs).

Le dépistage systématique ne semble pas justifié en termes de santé publique, d'autant plus qu'il représenterait un coût exorbitant pour la collectivité. Il doit se pratiquer individuellement chez les hommes ne présentant ni facteurs de risque ni symptôme particuliers après évaluation du bénéfice attendu par rapport au risque.

Le dosage PSA en pratique

L'opportunité de se faire dépister du cancer de la prostate (dosage du PSA) est à discuter au cas par cas avec son médecin après évaluation des bénéfices et des inconvénients.

Au final, le dosage du PSA est surtout réservé aux hommes ayant des facteurs de risque : antécédents familiaux de cancers de la prostate, origine africaine ou antillaise, âge entre 55 et 69 ans.

En revanche, le dosage du PSA est couramment utilisé pour surveiller l'évolution d'un cancer (avant et après traitement).

Sources

FMC, Le Quotidien du Médecin, Pages spéciales, N°6780, 16 octobre 2000.

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