Profiling ou analyse de personnalité, mode d'emploi

Le profiling développé par la police : retrouver un criminel par son profil psychologique
Dans ce cadre, le profileur ne connaît pas le criminel que l’on recherche, et nul ne sait qui il est. Par déduction en fonction des éléments (comportement, lieux, détails), le profileur dresse un profil psychologique type de ce criminel. Par exemple, si le crime a une mise en scène minutieuse avec beaucoup de soins, on suppose que le criminel aura une personnalité obsessionnelle compulsive. Ces connaissances sont utilisées pour comparer le profil énoncé par le profileur aux différents profils des suspects.
Le profiling dans l’entreprise : trouver le meilleur candidat
Son but est le plus souvent de trouver une personne correspondant le mieux à un poste offert au recrutement. Le profileur fait passer une série de tests à un candidat à l’embauche, afin de définir son profil psychologique.
Le profiling à distance : comprendre la personnalité d'un dirigeant, un haut responsable...
Le profileur cherche à définir le profil psychologique d’une personnalité politique, un diplomate, un dirigeant, en général d’une personne à hautes responsabilités. Si cela porte le nom de profiling à distance, c’est que l’on n’interviewe pas la personne cible.
Ecrits, prises de parole, langage non verbal...
Le profileur se base sur les écrits de la personne, sur des interviews (c’est mieux car elles sont souvent improvisées), sur sa biographie, sur ses discours, son langage non verbal : gestes, mouvance corporelle, expressions faciales, tics… Les témoignages des proches sont aussi pris en compte et d’un apport très précieux dans le profiling. Pascal de Sutter a par exemple interviewé des personnes qui ont connu François Bayrou enfant et qui le décrivent comme un enfant studieux et calme… Dans ce cadre, le profileur interroge des personnes qui aiment et qui n’aiment pas la personnalité, afin de parvenir à un profiling le plus objectif possible…
Analyser les 5 grands traits de personnalité
Il existe plusieurs méthodes pour analyser les personnalités. La méthode du Big five est une des plus employées. Elle consiste à analyser 5 grands traits de personnalité qui proviennent du regroupement de tous les traits de caractère d’un être humain. Ce modèle est validé par de nombreuses études.
Voici les 5 items du Big five :
D’autres critères reposent sur les 12 axes décrits dans le manuel des troubles mentaux (DSM4-R) sachant que chaque axe représente les excès d’un type de caractère (https://www.e-sante.fr/7-personnalites-difficiles-vivre/actualite/1526).
À quoi sert exactement le profiling ?
Une fois que l’on a établi les profils psychologiques d’un individu, on peut faire des prédictions. Il ne s’agit bien sûr pas de prophétie ou de divination, mais de prédictions statistiques… comme pour la météo. Le profileur dira par exemple : « ce type de personnalité réagit habituellement de telle manière dans telle circonstance précise ».
Un outil pour prédire les comportements...
Ces prédictions sont utiles pour savoir comment telle personne va réagir en période de crise comme une négociation commerciale ou politique. Le profileur pourra affirmer : il est calme ou coléreux ; il a peur de perdre ou au contraire éprouve du plaisir à prendre des risques… Le profileur peut ainsi, en partie, prédire les comportements…
...et pour mieux cerner son interlocuteur
Il en découle que le profileur peut donner des conseils utiles en politique. Par exemple : vous êtes Président, vous allez rencontrer X ou Y, il vaut mieux lui parler de telle ou telle manière. Les conseils des profileurs sont très utilisés par les hommes politiques aux USA, au Royaume-Uni ou en Israël. Cela leur procure une avance sur les autres pays. Mais cela n’est pas utilisé en France.
Quelles sont les limites du profiling ?
La limite la plus évidente, c’est que le profileur n’a souvent pas accès à toutes les informations qui lui seraient utiles. Par exemple, si un terroriste est terré depuis 10 ans, que l’on n’a aucune nouvelle depuis, et que l’on ne connaît personne de son entourage, il sera extrêmement difficile de réaliser un profiling.
En ce qui concerne les salariés, la personne peut jouer un rôle afin de se montrer sous son meilleur jour. Elle peut même connaître les tests psychologiques et répondre ce qui augmente ses chances d’être embauchée !
Le langage non verbal reste le plus fiable indicateur
Et puis pour le profiling politique, il faut se méfier des écrits (livres ou discours), souvent écrits par des collaborateurs et non par l’homme politique concerné. Le langage non verbal, gestes ou mimiques, est souvent plus intéressant, car plus difficile à contrôler, et pas forcément en accord avec les paroles.
Pas une science exacte !
Un type de personnalité est aussi difficile dans le profiling, c’est l’introverti, très discret, car on ne sait pas ce qu’il pense. Et puis, le profiling n’est pas une science exacte, donc on peut se tromper : il existe des comportements inattendus. Quelqu’un de calme a eu son enfant accidenté la veille et il va être agressif… On ne peut pas le prévoir !
Existe-t-il des profileurs bidons ?
Bien sûr. Certaines personnes qui soi-disant savent analyser les personnalités vont vous dire : telle personne a fait tel geste, donc il pense ceci ou cela. Ce n’est pas sérieux, ce sont des simplifications abusives. Un exemple lu par Pascal de Sutter : « un homme ouvre les bras, fait un Y avec son corps, donc il met en avant sa masculinité ». C’est une remarque sans aucune base scientifique qui n’a donc aucune valeur.
Quelle formation pour les profileurs ?
Il n’existe pas vraiment de formation. Les bases de l’analyse se transmettent d’un profileur à l’autre. En général, il s’agit de psychologues ou de personnes possédant une formation en psychopathologie, ce qui semble indispensable pour maîtriser les concepts psychologiques et psychopathologiques.
* Le Pr Pascal de Sutter, docteur en psychologie, a développé une expertise en psychologie politique et a travaillé en ce domaine pour l’Union Européenne et l’armée canadienne. Il a écrit : « Ces fous qui nous gouvernent » (Editions des Arènes, 2007), « Dans la tête des candidats » (Editions des Arènes 2011).