Les bactéries multi résistantes responsables de 33 000 morts en Europe en 2015

Une nouvelle étude publiée dans The Lancet Infectious Disease estime que l’impact des bactéries résistantes aux antibiotiques s’est aggravé au cours des dernières années, causant plus de 33 000 morts dans l’Union Européenne en 2015.
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Les bactéries multi-résistantes sont-elles le fléau des temps modernes ? Des chercheurs du Centre Européen de Prévention et de contrôle des maladies publient une étude dans The Lancet Infectious Diseases le 5 novembre 2018. Ils y révèlent qu’en 2015, dans les pays de l’Union Européenne (UE), les bactéries résistantes aux antibiotiques auraient causé plus de 33 000 décès.

Les effets cumulés de la grippe, la tuberculose et le sida

Les chercheurs se sont appuyés sur les données du réseau européen de surveillance des résistances antimicrobiennes EARS (European Antimicrobia Resistance Surveillance Network) et ont construit un modèle pour estimer les dommages générés par les bactéries résistantes entre le 1er janvier et le 31 décembre 2015. Résultat : les bactéries multi-résistantes auraient contaminé 671 689 personnes et causé 33 110 décès en 2015 dans l’UE. Une hausse significative comparée aux chiffres de 2007, affirment les scientifiques.

L’impact de ces bactéries serait si fort qu'il serait comparable aux impacts cumulés "de la grippe, de la tuberculose et du sida" sur la même période, notent même les chercheurs dans leur publication. Mais si toute l’UE est concernée, tous les pays ne sont pas affectés de la même manière. Ainsi, la Grèce et l’Italie possèdent les impacts en terme de mortalité les plus élevés.

Une bactérie résistante, c’est quoi ?

Une bactérie résistante est une bactérie qui a la capacité "de résister aux effets des antibiotiques ou des biocides qui sont censés les tuer ou les contrôler", selon le Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux rattaché à la Commission Européenne. Les bactéries multi-résistantes sont quant à elles résistantes à plusieurs types d’antibiotiques.

Leur multiplication au cours des dernières décennies est directement liée à notre consommation d’antibiotiques, que ce soit sous forme de traitement ou dans les produits animaux (viande, poisson, produits laitiers) que nous ingérons, car les animaux sont eux-mêmes traités aux antibiotiques de leur vivant. En effet, à chaque fois que nous prenons un antibiotique, nous détruisons les bactéries sur lesquelles il est efficace. Les bactéries résistantes insensibles aux effets de l’antibiotique n’ont alors plus de concurrence face à elles et se développent plus facilement.

Les résultats de l’étude publiée dans The Lancet montrent par ailleurs que le milieu le plus touché par les bactéries est le milieu hospitalier. En effet, près de deux tiers des infections recensées ont été contractées dans des hôpitaux ou des centres de soins, ce qui en fait des infections dites nosocomiales. Cela "suggère le besoin urgent d’une prise en compte de la résistance antimicrobienne comme une donnée de santé vitale pour les patients et le besoin de trouver des traitements alternatifs pour les patients qui ont d’autres maladies ou qui sont vulnérables du fait d’un déficit immunitaire ou de l’âge" assènent enfin les auteurs de la publication.

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Source : Attributable deaths and disability-adjusted life-years caused by infections with antibiotic-resistant bacteria in the EU and the European Economic Area in 2015: a population-level modelling analysis. Cassini et al., 5 novembre 2018, The Lancet Infectious Diseases. DOI:https://doi.org/10.1016/S1473-3099(18)30605-4 
Assessment of the Antibiotic Resistance Effects of Biocides. Scientific Committee on Emerging and Newly Identified Health Risks (Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux), 19 janvier 2009, Commission Européenne.