Pour les femmes ayant une prédisposition génétique au cancer du sein : bloquer la progestérone pourrait limiter les risques de développer le cancer

Brca1 : le gène du cancer du sein
En fonction de leur patrimoine génétique, certaines femmes sont plus à risque que d'autres de développer un cancer du sein. En effet, un gène impliqué dans ce cancer a été identifié : le « Brca1 ». Ainsi, les femmes porteuses d'un gène Brca1 inactif (muté) sont génétiquement prédisposées à développer ce cancer. On estime que plus de 50% de ces femmes développeront un cancer du sein avant l'âge de 70 ans.
Gène Brca1, progestérone et cancer du sein : le rôle de la progestérone
Sachant que le gène Brca1 influence l'activité des deux principales hormones sexuelles féminines que sont l'estrogène et la progestérone, restait à découvrir le comment du pourquoi. Les chercheurs ont ainsi poussé leurs recherches dans ce sens et ont montré que chez la souris, le fait de porter un gène Brca1 inactif est associé à une augmentation de l'activité de la progestérone. Et lorsque ces animaux sont traités par une substance capable de bloquer l'action de la progestérone, on constate qu'ils ne développent pas de tumeurs. Toutes les souris non traitées ou traitées à l'aide d'un placebo, ont développé des tumeurs vers l'âge de 5 à 8 mois. En revanche, celles qui ont reçu l'inhibiteur de progestérone en étaient toujours indemnes à l'âge de 12 mois.
RU 486 ou "pilule abortive" : action anti progestérone
Un inhibiteur de progestérone est connu de longue date. Il s'agit du RU 486 ou mifépristone (Mifégyne®) également dénommé « pilule abortive ». En effet, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse repose précisément sur ce mécanisme. Le RU 486 est une molécule dont la structure est si proche de celle de la progestérone qu'il peut prendre sa place et ainsi l'empêcher de remplir ses fonctions. Or sans progestérone, le col se ramollit, les contractions utérines augmentent et l'embryon se décolle.
En conclusion, la progestérone joue un rôle dans le développement du cancer du sein en favorisant la prolifération des cellules tumorales chez les femmes porteuses du gène Brca1. La mifépristone, en bloquant l'activité de la progestérone, pourrait donc représenter un traitement préventif chez ces femmes génétiquement prédisposées au cancer du sein.
Reste à confirmer ces faits par des études cliniques et à mettre au point des antiprogestérones les plus spécifiques possibles, afin de limiter les éventuels effets secondaires ou les interactions hormonales et médicamenteuses.
Sources
Javanovic Poole et coll., Science, p 1467, 1er décembre 2006.