La politesse, des vertus plus grandes qu'il n'y paraît

Publié par Dr Catherine Solano
le 18/06/2007
Maj le
3 minutes
Autre
« Dis bonjour à la dame.» « Et qu'est-ce qu'on dit ? Merci. » Ou encore « je n'ai pas entendu le mot magique… S'il te plait », etc. Nous passons beaucoup de temps à apprendre la simple politesse à nos enfants. Est-ce vraiment si utile ?

La politesse est-elle une simple hypocrisie ?

Certaines personnes estiment que la politesse, bien qu'agréable, est parfois une sorte d'hypocrisie sociale institutionnalisée. Pourquoi prendre des gants avec des personnes que l'on ne connaît pas ? Pourquoi s'efforcer d'être poli avec des personnes que l'on n'estime pas, voire que l'on n'aime vraiment pas ? N'est-ce pas une sorte de mensonge de faire croire à notre entourage que nous sommes bienveillants alors qu'il n'en est parfois rien ?

La politesse est un langage commun

Même si la politesse n'avait que ce rôle assez limité, elle servirait tout de même à donner un certain vernis, un liant social pour huiler les rouages relationnels humains. C'est déjà un rôle très utile. À partir du moment où les règles de la politesse sont les mêmes dans un groupe social donné, on se comprend et l'on est sur la même longueur d'onde pour échanger, pour communiquer, pour se rencontrer. Elle est donc déjà un certain langage commun qui permet de se comprendre. En cela, elle est déjà très importante, car sans elle, une personne pourrait passer comme étrangère dans son propre pays. D'ailleurs, il existe bien des manuels de savoir-vivre à l'étranger, où les règles sont différentes et ne sont pas toujours faciles à appréhender pour quelqu'un qui a appris à raisonner autrement.

Un droit au respect

Mais la politesse, c'est aussi bien plus que cela. Quand une maman demande à son enfant de dire « s'il te plait », elle ne lui apprend pas seulement une phrase, une habitude de comportement. Elle lui fait aussi passer le message que l'autre n'est pas là pour se plier à vos désirs, qu'il n'est pas un esclave, mais qu'il a le droit au respect. Et dans le fond, c'est sans doute cela le plus important. C'est qu'à force de se comporter comme si l'on respectait l'autre, comme si on l'appréciait, on finit réellement par penser comme on agit. Ainsi, le vernis de la politesse, qui a priori semble une petite couche recouvrant notre psychisme, finit par s'incruster en profondeur. Les personnes vraiment polies ont d'ailleurs souvent un profond respect pour les autres, une vraie gentillesse que l'on ressent très bien. Et cela est vrai pour tous les comportements. Il est bon de se comporter non comme on en a la pulsion, mais d'une manière qui représente ce que l'on a envie d'être réellement en profondeur. Comme le disait Paul Bourget : « Il faut vivre comme l'on pense, autrement l'on finit par penser comme on vit ». Cet effort de comportement porte donc ses fruits en profondeur. En tant que parents, nous l'appliquons à nos enfants et nous pouvons tout aussi bien nous l'appliquer à nous-mêmes pour aller toujours plus vers l'idéal de ce que nous avons envie de devenir. Alors, si vous en avez parfois assez de rabâcher pour la millième fois « on dit s'il te plait », rappelez-vous que vous êtes aussi en train de faire un travail éducatif en profondeur, cela vous mettra du baume au coeur !

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