Plan National Nutrition Santé : vaincre la " malbouffe " et l'obésité

Bien manger et bouger
Nombreux sont les objectifs du PNNS ! Si tous atteignaient leur but, la grande majorité des Français quitteraient la vie en bonne santé et à un âge avancé, mince et avec des os en béton. Son but est en effet de réduire la fréquence de ces maladies d'autant plus dévastatrices que l'on vit plus vieux et que l'on a le temps de les développer : cancers digestifs, maladies cardio-vasculaires, ostéoporose et, bien sûr, l'obésité des enfants et des adultes qui ne cesse de croître, favorisant l'installation plus précoce de certains cancers et des troubles cardio-vasculaires. Toutes ces affections, qui furent un temps justement baptisées « maladies de civilisation », sont liées à l'alimentation et au mode de vie actuels. C'est pourquoi, le slogan de base du PNNS est : « bien manger et bouger ». Parce qu'une alimentation trop copieuse, trop grasse et trop sucrée, associée à la sédentarité, est à l'origine de tous ces maux dévastateurs qui coûtent très cher à la société.
2001 : promotion des fruits et légumes...
Les Français ne consomment pas assez de légumes et de fruits, d'où un manque de vitamines, de sels minéraux et de fibres. Au cours de ces quatre dernières années, on a vu nombre de campagnes publicitaires nous incitant à en consommer davantage. Avec quelques résultats positifs : en 2003 les achats ont un peu augmenté (1 à 3%), les jeunes consommateurs en ont mangé plus. Mais on a malheureusement assisté à quelques récupérations du PNNS, pour le moins mal venues, par certains industriels pour qui le mot éthique doit appartenir au langage martien. Ainsi, un confiturier a publié des pages de publicité vantant ses produits et s'appuyant sur le fait que le PNNS recommande de consommer des fruits. Comme si les confitures ne contenaient pas autant de sucre (sinon plus) que de fruits !Marche à suivre Mettez des légumes au menu de chaque repas. Pour gagner du temps, utilisez ceux qui sont surgelés. Au dîner, un bon gros potage de légumes apporte le quota nécessaire, inutile de se casser la tête. Quant aux desserts : salade de fruits frais (qui se mangent plus facilement que lorsqu'il faut les éplucher !) et compotes. Sans oublier l'indispensable laitage nécessaire pour le quota de calcium.
... Et diminution du sel
En ce qui concerne le sel, une action a été entreprise, surtout auprès des industriels, pour diminuer l'apport de ce condiment dans leurs produits. Il est encore trop tôt pour juger du résultat puisque cette diminution est progressive, s'étalant sur plusieurs années, façon de déshabituer peu à peu les gens au goût du sel. Et aussi pour que les consommateurs ne se détournent pas brutalement de produits qu'ils ne jugeraient plus bons, faute d'être suffisamment salés ! Marche à suivre Salez légèrement quand vous cuisinez. Goûtez le contenu de votre assiette avant d'empoigner la salière.
2005 : limiter la consommation des produits gras et sucrés ...
Ce sont les sujets des campagnes de publicité de cette fin d'année. Elles s'adressent plus particulièrement aux enfants, grâce à deux films de 20 et 30 secondes chacun. Deux spots étaient diffusés du 12 septembre au 2 octobre sur les chaînes hertziennes et du câble, avec dix-huit passages chaque jour. L'un incite l'enfant à manger des fruits plutôt que des gâteaux et des bonbons, l'autre à boire de l'eau plutôt qu'une boisson sucrée. Quel impact ont eu ces spots face à l'industrie alimentaire vendant produits et boissons sucrées de toutes sortes, dont les marques sont bien installées dans les jeunes cerveaux, surtout quand un jouet est enfermé ou joint à la confiserie, quand ces produits leur promettent de bien grandir, quand ils se rattachent à leur univers ludique ? On peut se poser la question compte tenu des puissances financières en lice. Côté budget, la pub du PNNS évoque plutôt, hélas, le combat de David contre Goliath ! On peut espérer mieux de la diffusion de ces films au cinéma, pendant le mois de décembre avant la projection du prochain Harry Potter. Si seulement celui-ci avait l'idée de transformer les sodas en eau et ne boire que cela ! Marche à suivre Ne remplissez pas votre frigo de boissons sucrées mais d'eau. Faites des économies en n'achetant pas pop-corn et/ou confiseries au cinéma. Instaurez que bonbons et autres produits sucrés, c'est de temps en temps et pas tous les jours à n'importe quel moment. Mais en même temps, ne soyez pas coercitif : expliquez aux enfants les méfaits de trop de sucre sur leurs dents, leur croissance.
... et consommer plus de féculents
C'est-à-dire de pain, de pâtes, de riz, de pommes de terre et de légumes secs. La tâche s'avère ardue. Ces aliments - bien que des progrès aient été faits - conservent encore trop la désastreuse image de produits qui font grossir. Sauf peut-être pour les pâtes : grâce à une efficace campagne de publicité datant de plusieurs années et aux sportifs qui les consomment largement, elles se sont inscrites dans les têtes comme riches en glucides lents et bénéfiques. Dans sa communication, le PNNS explique clairement que ces aliments sont fournisseurs de glucides lents et que ceux-ci doivent fournir 50% des calories quotidiennes. Ce qui n'est pas nouveau : les normes de l'équilibre alimentaire ont été définies, il y a plus de 50 ans, depuis les débuts de l'étude de la nutrition. Mais, pour toutes sortes de raisons, au fil des années, les glucides furent « maudits » et les féculents installés dans cette fausse image d'aliments qui font grossir. Le fait de souvent les nommer « sucres » n'a fait que compliquer les choses et brouiller les idées. Marche à suivre Mettez du bon pain sur la table, bien frais, bien croustillant, complet de préférence car il contient plus de fibres et de sels minéraux. Quand vous n'avez pas le temps de cuisiner, faites des pâtes ou du riz, tout le monde en mangera plus de façon à avoir son quota de glucides lents. Les légumes secs ne sont pas longs à cuisiner quand ils sont en boîte et au naturel : ils font de très bonnes salades.
Biscuits : produits gras et sucrés
La consommation française de biscuits est en moyenne de 9 kg par an et par personne. La biscuiterie est un énorme marché qui ne cesse de se développer. Les industriels innovent régulièrement dans de nouveaux produits dont la majorité sont à destination des enfants. Faciles à consommer, les biscuits ont remplacé les traditionnelles tartines de leur petit-déjeuner et de leur goûter. Produits gras/sucrés dont il faut diminuer la consommation ou féculents à consommer plus souvent ? Tous contiennent des lipides (gras) et du sucre, ce qui en fait des produits gras et sucrés mais aussi de l'amidon, glucide lent des féculents et venant de la farine. Les valeurs nutritionnelles des biscuits sont très différentes selon que ceux-ci sont plus ou moins secs (comme les petits beurres) ou bien fourrés de chocolat ou d'autre chose, toujours très sucrée. Ainsi 100 g de petits beurres renferment 10,9 g de lipides, 75 g de glucides dont 20,5 g de sucre et 54,5 g d'amidon. Mais pour 100 g de biscuits chocolatés, c'est 24 g de lipides, 34,3 g de sucre et seulement 26,1 g d'amidon. Pour ceux fourrés de pulpe de fruits, la moyenne est de 77 g de glucides dont 55,7 g de sucre et 17,3 d'amidon.La pub d'un leader de ces produits, fourré à la crème vanillée, avance les arguments suivants : 75 g de glucides qui apportent de l'énergie se délivrant au cours de la matinée, 21 g de lipides qui servent pour une réserve d'énergie. Rien n'est faux, si ce n'est que les glucides sont en majorité du sucre pur et que si les lipides se stockent en réserve d'énergie, encore faut-il que celle-ci soit dépensée ! Ce qui n'est pas forcément le cas. Quels que soient les arguments publicitaires, ne vous y laissez pas prendre. Les biscuits sont pour la grande majorité d'entre eux des produits gras et sucrés dont il convient de ne pas faire un usage immodéré. Marche à suivre Les biscuits sont à utiliser en dépannage lorsqu'un enfant n'a vraiment pas le temps de goûter autrement. De bonnes tartines de pain frais, légèrement beurrées et confiturées, avec un laitage constituent le goûter idéal, équilibré. Même chose pour le petit-déjeuner : trempées dans un bol de lait, les tartines se mangent aussi facilement que des biscuits. Et elles reviennent moins chères que les biscuits !
Manger de tout selon son appétit...
Certains reprochent au PNNS de brouiller encore plus les idées des Français pris entre les sirènes publicitaires de l'industrie alimentaire et les conseils nutritionnels qui, il faut bien l'avouer, furent assez contradictoires dans le passé. On ne peut que se féliciter qu'un certain ordre ait été établi dans la communication nutritionnelle depuis la création de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et de la mise en orbite de ce Plan National Nutrition Santé. Ces recommandations sont empreintes de bon sens : aucun aliment n'est interdit, des indications sont données pour mieux les consommer. Il s'agit avant tout - et c'est ce que nombre de nutritionnistes et de diététiciens affirment depuis des années - de manger de tout en fonction de son appétit et pas au-delà.
... et se bouger
La sédentarité qui a peu à peu envahi notre société est aussi responsable du désordre nutritionnel dans lequel nous vivons. D'où une recommandation particulière du PNNS, fort simple : celle de marcher au moins 30 minutes, plutôt de façon rapide. Ce qui n'a rien de vraiment difficile : il suffit de garer sa voiture un peu plus loin et de se dépêcher pour ne pas être en retard ! Quant aux enfants, pourquoi, dès qu'ils sont en âge de le faire, n'iraient-ils pas à l'école à pied ? De plus en plus de communes ont eu la bonne idée d'instaurer le Pedibus, ramassage scolaire à pied, avant que le baril de pétrole n'atteigne les sommets actuels ! Consommer moins de produits industriels, plus de légumes, de fruits, de pain et de céréales, moins se servir de sa voiture au profit de la marche (ou du vélo), cette nouvelle attitude de vie a non seulement l'avantage d'être bénéfique pour la santé mais aussi d'être plus écologique et économique. Tout sur le PNNS : www.mangerbouger.fr