Plan national anti-hépatites B et C

La contamination par les virus de l'hépatite B et C touche un grand nombre de personnes en France. Toxicomanie et sang contaminé sont les principaux vecteurs de l'hépatite C qui se transmet essentiellement par le sang. L'hépatite B, elle, se transmet par voie sanguine et sexuelle.Dans le cadre d'un plan National annoncé le 20 février, Bernard Kouchner, ministre délégué à la santé, souhaite réduire les risques de transmission de ces maladies en s'appuyant essentiellement sur des mesures préventives. Cependant, le dépistage et la prise en charge des malades seront également améliorés, la recherche et essais cliniques seront développés. Les principales mesures touchant directement les malades et les personnes à risque sont les suivantes:
Des soins médicaux plus sécurisés
Suite à l'affaire du sang contaminé, les produits sanguins et plus généralement tous les produits de santé manipulés en milieu hospitalier ont déjà fait l'objet de mesures de sécurité conséquentes. Il reste cependant à renforcer la surveillance des centres d'hémodialyse afin d'éviter que ne se répètent des contaminations telles que celles qui ont récemment eu lieu à Béziers.Une évaluation des pratiques professionnelles et notamment l'usage des matériels médicaux réutilisables dans différentes spécialités médicales et même chez les dentistes, débutera au mois de mars. Un guide à destination des médecins sera diffusé en septembre 2002 pour inciter au respect des bonnes pratiques médicales.
Inciter aux bonnes pratiques dans les populations à risque
Le prix des Stéribox, kit de matériel stérile pour injection, sera abaissé au prix symbolique de 1€. Cette mesure sera effective dès le 1er avril prochain afin de rendre ces matériels plus accessibles aux toxicomanes (50 à 60% des usagers de drogues sont contaminés par le virus de l'hépatite C). Un programme expérimental d'échange de seringue sera testé dans les prisons. Il s'agit, dans les deux cas, de lutter contre les pratiques à risque telles que les échanges de seringues, de cuillères ou de pailles à sniffer. L'utilisation du préservatif sera également encouragée pour réduire les risques de contamination à l'hépatite B.
Prévenir des risques liés au tatouage et au piercing
La pratique du tatouage et du piercing sera réglementée et des normes concernant le matériel et les produits utilisés seront fixées. Là aussi, un guide des bonnes pratiques sera diffusé aux professionnels. Une campagne d'information sur les risques associés à ces actes sera adressée au public.
Encourager au vaccin et mettre un terme aux peurs infondées
Il existe un vaccin efficace contre l'hépatite B, mais son utilisation a été remise en cause par les soupçons qui ont pesé sur lui. Il est suspecté d'entraîner des maladies neurologiques graves telles que la sclérose en plaque, bien qu'aucune preuve scientifique n'aie été établie dans ce sens. Le ministre entend mettre un terme à ces doutes en demandant une expertise à ce sujet. Selon lui, le nombre de nourrissons vaccinés reste insuffisant en France (30% seulement), alors que le vaccin ne présente aucun danger à ces âges.Une campagne d'information visant à augmenter la couverture vaccinale sera donc mise en œuvre et visera en particulier les toxicomanes, les personnels médicaux manipulant du sang ou ses dérivés, les personnes à partenaires sexuels multiples, les nourrissons et les adolescents.
Renforcer le dépistage et améliorer la prise en charge
En plus de ces mesures préventives, l'accent devra être mis sur le dépistage. Ceci est particulièrement vrai pour l'hépatite C qui touche environ 600.000 personnes en France. Cependant, le fait que la maladie puisse rester silencieuse pendant 15 à 20 ans fait qu'un grand nombre, estimé à 300.000, ne se sait pas atteint de la maladie. Une campagne de dépistage grand public devrait démarrer dans le courant du second trimestre.Par ailleurs, certains médicaments comme l'interféron, qui auparavant n'étaient délivrés qu'en milieu hospitalier pourront être à la disposition des médecins de ville. Cela devrait permettre de désengorger les services hospitaliers et améliorer la prise en charge des malades. Consultation psychologique et éducation thérapeutique seront proposées aux malades dans les services cliniques pour les accompagner et les encourager à observer leur traitement. Une enveloppe de 2,37 millions d'euros est prévue à cet effet.