Plaies et cicatrisation : tout savoir

Comment se passe la cicatrisation de la peau ?
La cicatrisation est un phénomène complexe, à l’image des différentes couches qui composent la peau. Barrière contre les agressions, régulatrice de température interne, outil de communication avec l’extérieur, synthèse de la vitamine D : la peau doit être fermée, c’est-à-dire indemne d’effraction, pour être fonctionnelle et exercer correctement ses différentes fonctions.
La couche la plus externe de la peau est l’épiderme. C’est lui qui joue le rôle de barrière de l’organisme. Cet épiderme est en constant renouvellement et, quand il est touché, est facilement réparable.
Quand la plaie atteint la partie située en-dessous, le derme, qui contient des vaisseaux sanguins et des nerfs, cela déclenche les quatre étapes de régénération de la peau ci-après :
- La première étape est la formation d’un caillot, qui permet de stopper le saignement et constitue une « charpente » provisoire. Dans ce processus, les vaisseaux sanguins se resserrent pour minimiser les saignements, et une protéine connue sous le nom de fibrine forme un maillage dans le caillot qui empêche le sang de sortir et les bactéries de rentrer.
- Après 3 heures, la peau commence à rougir, ce qui annonce la deuxième étape : l’inflammation. Le corps envoie des cellules spéciales pour combattre les agents pathogènes qui auraient pu rentrer au travers de la plaie. En plus d’éliminer les tissus morts et les bactéries, ces cellules produisent des facteurs de croissance pour déclencher la guérison.
- Au bout de 2 ou 3 jours, de nouvelles cellules arrivent au niveau de la blessure : les fibroblastes. Ils vont produire du collagène qui formera des nouveaux tissus de peau pour remplacer la zone lésée. Dans le même temps, les cellules de l’épiderme se divisent pour reconstituer la couche externe de la peau, et le derme se contracte pour refermer la blessure.
- Enfin, durant la dernière étape du remodelage, la blessure s’arrange grâce aux molécules de collagène produites précédemment, qui vont être remodelées et ré-agencées. Ce processus peut durer plus d’un an.
Encadré : Le chiffre : 40 % des cicatrices "anormales" des femmes sont concentrées sur le ventre, évocatrices de maladie ou d’un événement heureux (une césarienne pour un bébé !). Enquête Listening Pharma 2013
Quel pansement choisir pour ma blessure ?
Quand on se blesse, il est préférable d’avoir le bon pansement sous la main. Pas facile de s’y retrouver parmi tous les types de pansements qui sont proposés en pharmacie.
Les pansements protecteurs : ce sont les plus connus. Ils protègent les plaies superficielles type écorchures et les coupures. De nombreux modèles existent :
- Les « extensibles », qui suivent le mouvement de la peau et sont adaptés aux plaies situées au niveau des articulations.
- Les « résistants », qui résistent aux frottements et aux étirements et sont adaptés aux plaies situées dans les zones de frottements : pieds, poitrine, ceinture…
- Les « épais », avec une bande en mousse épaisse qui protège les plaies des chocs.
- Les « lavables », qui conservent leur adhésivité au contact de l’eau, mais ne protègent pas la plaie de l’humidité.
- Les « waterproof », qui sont adaptés aux plaies qui doivent être protégées de l’eau et permettent la baignade.
- Les « absorbants », avec une compresse épaissie, pour les plaies suintantes.
- Les pansements pour peau sensible, composés d’une bande hypoallergénique adaptée aux personnes à la peau réactive, sèche, fragile ou fine.
- Les « discrets », quasiment transparents, qui permettent de recouvrir les plaies discrètement à des endroits visibles (visage, mains, pieds…).
- Les pansements cicatrisants (hydrocolloïdes ou pansements gras) : ils permettent une cicatrisation accélérée et diminuent le risque de cicatrices. Ils sont utilisés dans les brûlures superficielles du premier et du second degré de faible surface, les ampoules, mais aussi pour les blessures superficielles.
- Les pansements hémostatiques : ces pansements sont particulièrement indiqués pour les patients sous anticoagulants, ou pour les plaies qui saignent beaucoup. Il faudra les poser directement sur une plaie lavée, désinfectée et séchée et renouveler le pansement deux fois par jour.
- Les pansements en spray : ils déposent un film protecteur transparent sur la plaie, qui résiste à l’eau et aux frottements tout en laissant respirer la peau. Il peut être utilisé pour toutes les petites plaies, notamment dans les endroits où un pansement classique ne tiendrait pas. Attention, il ne faut pas les utiliser sur les brûlures ni sur les plaies infectées ou profondes, et ils sont contre-indiqués chez les enfants de moins de 36 mois, chez la femme enceinte ou allaitante.
- Les sutures cutanées ou « strips » : elles permettent de rapprocher les deux côtés d’une plaie de type coupure, quand celle-ci n’est pas trop profonde et qu’elle est bien franche. Il faudra bien suivre le mode d’emploi de la boite de sutures pour la mise en place, et les laisser jusqu’à cicatrisation, éventuellement recouvertes d’un pansement. Si une des sutures se décolle spontanément, il faudra la remplacer.
Tous ces pansements sans exception s’appliquent sur une plaie nettoyée, désinfectée et séchée.
Plaies et cicatrisation : les conseils du pharmacien
Quand on s’occupe de soigner une plaie, il y a des étapes à respecter.
En premier lieu, on se lave les mains et on porte des gants si on soigne quelqu’un : on évite ainsi tout risque de contamination de maladies qui se transmettent via le sang.
Toute plaie doit être nettoyée avec de l’eau et du savon ou du sérum physiologique, afin de retirer les débris cutanés et sanguins, puis rincée et séchée en tamponnant avec une compresse stérile.
Ensuite, il faudra appliquer un antiseptique qui ne pique pas. Les sprays à base de chlorhexidine restent le meilleur choix pour toute la famille. Il ne faut pas utiliser d’alcool sur une peau lésée car ce serait trop irritant. De même, l’éosine n’est pas conseillée car elle ne fait qu’assécher et ne possède aucun pouvoir antiseptique, et sa couleur rouge pourrait masquer une éventuelle complication de la plaie. Rappelons également que les solutions hydroalcooliques sont uniquement destinées à la désinfection des mains et ne peuvent en aucun cas servir à l’antiseptie d’une plaie. Ce ne sont pas des médicaments. Enfin, ne pas utiliser plusieurs antiseptiques différents car leur action pourrait s’annuler.
On laissera sécher la lésion puis on appliquera un pansement adapté (cf. rubrique Quel pansement choisir pour ma blessure ?).
À vérifier, la validité de la vaccination antitétanique. En l’absence de vaccination ou de vaccination incomplète, on profite de cette plaie pour vacciner et pour, si la plaie le justifie et/ou le dernier rappel n'a pas été fait (à l’âge de 25, 45 et 65 ans puis tous les 10 ans), injecter dans l’autre bras des immunoglobulines antitétaniques (les anticorps directement).
Certaines plaies doivent d’emblée être vues par un médecin :
- Morsures animales,
- Débris enfouis dans la plaie et difficiles à extraire,
- Blessure chez un patient diabétique,
- Plaie qui fait plus de 6 cm de profondeur ou avec l’os à nu,
- Saignement incontrôlable,
- Plaie trop large dont on ne peut facilement rapprocher les 2 côtés : nécessité de points de suture dans les 6 heures,
- Plaies au visage, au cou, près d’une articulation ou dans une zone sujette à des mouvements fréquents.
Sources
"Plaies et cicatrisation", un article issu du magazine Bien-Etre & santé de mai 2014