Piercing : risqué ou anodin ?

A travers la peau, la muqueuse ou le cartilage, le piercing existe depuis l’Antiquité, mais cette pratique, aujourd’hui très à la mode, s’est largement répandue, notamment chez les jeunes.
Mais aussi populaire soit-il, le piercing s’accompagne de complications dans 30 à 40% des cas, et ce, malgré la réglementation qui encadre la procédure de piercing (décret n° 2008-149 du 19 février 2008).
Ces complications sont soit infectieuses, soit liées aux gestes réalisés dans la vie quotidienne, soit en rapport avec la localisation du piercing.
Piercing : quid du risque d’infection
Les complications infectieuses surviennent dans 10 à 25% des cas.
L’infection peut être contractée lors du piercage initial, notamment si le piercing est réalisé sans respecter les conditions d’hygiène réglementaires. Elle peut aussi résulter d’une contamination lors des soins locaux, pendant la cicatrisation. Ou encore être inhérente à la manipulation intempestive de la zone piercée et notamment de l’objet inséré.
L’infection implique le plus souvent le staphylocoque doré (germe bien connu pour provoquer des intoxications alimentaires, des infections suppurées, voire des septicémies), parfois en co-infection avec la bactérie Pseudomonas aeruginosa. La gravité des infections dépend de la dissémination des germes dans l’organisme, et par exemple, s’ils infectent les os et les cartilages. Il existe aussi un risque de transmission des virus du sida et des hépatites B, C et D.
Piercing : le bon réflexe en cas d’infection
Retirer le piercing et consulter son médecin, lequel procédera à un prélèvement local afin d’identifier la bactérie responsable permettant ainsi de choisir le traitement antibiotique adapté. Mais une incision chirurgicale ou un drainage peut aussi s’avérer nécessaire.
Le piercing est exposé à nos comportements et gestes de la vie quotidienne
Soit parce qu’on ne cesse de manipuler l’objet, qu’il se retrouve régulièrement en contact avec des germes, ou qu’il gêne lors de l’habillage, de la mastication ou encore lors de nos mouvements, le piercing peut être à l’origine de douleurs, d’un traumatisme, d’une déchirure tissulaire, d’un saignement, d’un hématome, d’un chéloïde (cicatrice avec excroissance), d’une réaction allergique, d’irritations, etc. Certaines de ces complications sont d’apparition immédiate, d’autres plus tardives.
Les complications sont aussi spécifiques à la localisation du piercing
- Lobe et cartilage des oreilles : enchâssement du piercing avec impossibilité de retrait, gonflement avec accumulation de liquide, inflammation du cartilage…
- Nez : inhalation ou déglutition du piercing, hématome, inflammation des cloisons nasales, œdème…
- Muqueuse buccale, lèvre et langue : œdème de la langue, saignement prolongé, hématome, cicatrisation retardée, inflammation des gencives, problèmes dentaires, (fêlures, craquelure), déglutition du piercing, augmentation du flux de salive, mauvaise haleine…
- Mamelons et organes génitaux : chez la femme, élargissement du mamelon, inflammation du mamelon, abcès, infection d’une prothèse mammaire, problème d’allaitement, perturbation d’une contraception mécanique. Chez l’homme, irritation par friction, rupture de l’urètre, blocage du prépuce…
Au final, lors d’un piercing, pendant la cicatrisation et encore après, il faut être attentif et surveiller la zone piercée afin de consulter au moindre doute, et quelle que soit la localisation du piercing.
A savoir :
- Lors de la grossesse, le piercing du nombril doit être ôté.
- Lors d’une anesthésie, même loco-régionale, les piercings du nez et de la bouche doivent être retirés.
A connaître, les délais de cicatrisation
Durant toute la période de cicatrisation du piercing, les règles d’hygiène sont à respecter scrupuleusement pendant :
- Lèvres : 8 à 10 semaines
- Langue : 4 à 6 semaines
- Lobe de l’oreille et arcade sourcilière : 6 à 8 semaines
- Cartilage de l’oreille : 6 à 9 mois
- Nombril : 6 à 12 mois
- Mamelon : 4 à 6 mois
- Pénis : 3 à 9 mois
- Scrotum : 2 à 3 mois
Sources
Congrès Hebdo, Le Quotidien du Médecin, 14 janvier 2011.