Petites fuites secrètes, ça se soigne très bien !

Un problème si fréquent qu'on en finit même par en oublier les répercussions
Chez les plus de 65 ans, l'incontinence touche 10 à 30 % des personnes vivant de façon autonome à la maison et plus de 50 % en institution. Les femmes sont plus souvent concernées que les hommes (70 % de femmes pour 30 % d'hommes).
Sur le plan économique, les coûts annuels liés au traitement de l'incontinence urinaire et à ses complications sont considérables.
Comment se passe une miction normale ?
La vessie est un réservoir dont la paroi est un muscle élastique, fermé à la base par deux sphincters, sorte d'anneaux musculaires disposés autour de l'urètre (canal d'évacuation) qu'ils resserrent et ferment en se contractant. Ce réservoir recueille l'urine produite par les reins, acheminée par les uretères (à ne pas confondre avec l'urètre, qui part de la vessie et aboutit à l'extérieur).
Lorsque la vessie contient entre 300 et 600 cm3 d'urine (3 à 6 dl), les sphincters se relâchent pour permettre l'écoulement en même temps que le muscle vésical se contracte pour bien vider la vessie.
Ce qui paraît être un mécanisme simple ne l'est en fait pas du tout.
Il dépend de muscles, nous l'avons vu, mais aussi de l'état général du périnée (plancher du petit bassin qui s'étend de l'anus aux parties génitales) et du système nerveux, dont une composante est volontaire (se retenir quand la vessie est pleine).
Le vieillissement à lui seul ne provoque pas d'incontinence urinaire !
Il faut lutter contre cette idée que passé 50 ans, il est « normal » d'avoir des fuites.
Bien sûr, le temps favorise l'apparition de certains dysfonctionnements, mais ça ne suffit jamais à justifier l'incontinence.
- Avec l'âge pourtant, la capacité de la vessie se réduit, les contractions involontaires augmentent.
- Chez la femme ménopausée, le manque d'œstrogènes peut provoquer des inflammations vaginales ou urétrales responsables de mictions impérieuses ou de douleurs.
- Les antécédents d'accouchements (suivis parfois de « descente de l'utérus ») ou d'interventions chirurgicales au niveau du bas-ventre peuvent perturber la répartition des pressions dans le périnée et expliquer des incontinences urinaires d'effort.
- D'autres facteurs favorisant l'installation de l'incontinence urinaire : les troubles de la marche, la diminution des fonctions cérébrales, certaines maladies comme le diabète sucré ou l'insuffisance cardiaque, et certains médicaments.
De quel type d'incontinence souffrez-vous ?
Si l'on enlève les problèmes liés à la dépendance physique ou mentale (problème de déplacement vers les toilettes, oublis), il existe trois types de troubles, parfois associés.
L'instabilité vésicale ou par impériosité
C'est « l'urgence mictionnelle » : la vessie se contracte de façon involontaire, entraînant soit des fuites imprévisibles, soit des envies contrôlées mais impérieuses et nombreuses, surtout la nuit.
Les émotions, le stress, le froid, le rire, les bruits d'eau peuvent amplifier ce phénomène.
L'incontinence d'effort
Les pertes d'urine sont inopinées, brèves, sans envie particulière. Le nombre des mictions quotidiennes est normal.
Les pertes surviennent au cours d'effort provoquant une pression dans le bas-ventre, comme lors des changements de position (assise à debout), de la marche, de l'éternuement, de la toux, du rire, du sport.
A savoir :On parle d'incontinence mixte lorsque les deux types d’incontinence ci-dessus (d’effort et par impériosité) sont représentés (environ 30 % des cas).
La miction par regorgement
Se traduit par la vidange périodique de la vessie, involontaire et sans besoin.
La vessie ne se contracte plus, ou l'écoulement urinaire normal est empêché (fibrome par exemple).
De ce fait, l'urine « déborde » quand la vessie est trop pleine.
Fuites urinaires : comment traiter ?
En parler à son médecin, c'est déjà une solution…Une analyse fine de la situation est la clef d'une solution adaptée. On ne peut concevoir de tout régler sans avoir reconstitué l'historique des troubles et effectué un examen clinique complet, y compris gynécologique. RééduquerLes thérapies comportementales sont de véritables séances de musculation du périnée dirigées par un kinésithérapeute. Ces techniques sont extrêmement efficaces pour beaucoup de femmes. Dans l'ensemble, elles permettent de prendre conscience, puis de renforcer les contractions volontaires que l'on peut faire au niveau du périnée.Prendre les bons médicamentsUtilisés seuls ou associés aux thérapies comportementales, les remèdes choisis par le médecin dépendront du type d'incontinence. Le diagnostic doit donc être précis, et le suivi rapproché, car certains effets indésirables peuvent être gênants. Prendre les bons médicaments, c'est aussi tenter d'éliminer ceux qui peuvent perturber le bon fonctionnement de la vessie, ce qui n'est pas toujours facile (somnifères, diurétiques, etc.). Parfois le simple fait de diagnostiquer puis de traiter une infection urinaire permettra de faire rentrer les choses dans l'ordre !Il faut remarquer aussi que le traitement hormonal substitutif, y compris par voie vaginale, peut contribuer à prévenir, voire à résoudre, un certain nombre de situations.Opérer
Les incontinences urinaires d'effort résistant aux autres traitements, doivent toujours faire discuter de l'intérêt d'une intervention.
Après un bilan approfondi confirmant l'indication, le chirurgien proposera selon le cas une intervention, qui parfois sera un geste tout à fait minime, tout en donnant d'excellents résultats !
Bien sûr, quand l'incontinence s'accompagne de prolapsus (descente de l'utérus vers l'extérieur), le geste opératoire sera plus lourd.
Quelques conseils
- Identifiez les possibles changements qui peuvent avoir donné lieu à cette incontinence urinaire.
Un changement de médicament, de cadre de vie, un choc émotionnel, une infection urinaire peuvent provoquer des accidents urinaires.
- Continuez à boire 1,5 l d'eau par jour.
Diminuer son hydratation n'arrange pas les fuites, mais fatigue les reins, favorise les infections urinaires et fragilise l'organisme.
Mieux vaut répartir ses prises de boissons différemment, en les limitant en fin de journée pour ne pas avoir à trop se lever la nuit.
- Consultez le plus tôt possible, ne pas attendre.
Prenez rendez-vous rapidement chez votre médecin, il ne faut pas attendre que les « petits accidents » deviennent chroniques…
- Ne vous protégez pas trop tôt.
Les vêtements et les serviettes hygiéniques, bien que de plus en plus performants, sont des traitements palliatifs.
Il ne faut pas les utiliser en première intention, ni avant d'avoir fait une évaluation diagnostique chez son médecin (généraliste, gynécologue et/ou urologue).
De même, ils peuvent parfois retarder les effets des thérapies comportementales : moins gêné, on est moins motivé à lutter. Néanmoins, quand ils deviennent indispensables, ils constituent un bon rempart contre la gêne et les odeurs, tout en permettant un habillage correct et donc une vie sociale satisfaisante.
- Restez positive.
Gardez à l'esprit que la guérison de l'incontinence est possible, sous réserve que le diagnostic soit correctement posé et que les facteurs environnants soient également pris en compte.
Alors, ne vous cachez plus, vous n'êtes pas le (ou la) seul(e) à avoir des fuites urinaires ! Personne ne vous juge.Parlez de ces problèmes dès que possible avec votre médecin traitant.
Sources
Houston K.A., Incontinence and the older woman. Clinics in Geriatrics Medicine 1993; 9 : 157-171. Syllabus Gériatrique. IPSEN American Geriatrics Society. Société Française de Gérontologie. 1999 ; 125-133.