Perte de cheveux : le tif dans tous ses états

Publié par Sam Cardinal
le 26/12/2006
Maj le
5 minutes
Autre
De tout temps, la chevelure a été un signe extérieur de puissance. Perdre ses cheveux pour un homme, c'est un peu perdre de son autorité, de sa prestance, de sa virilité... encore que les Agassi et autres Barthes, n'en manquent pas ! Pour les femmes, c'est une atteinte insupportable à leur féminité. Mais le cheveu est plus qu'un attribut physique. Explications.

Multiples chevelures

Le cheveu est constitué principalement de kératine, tout comme les ongles qui appartiennent à la même famille, celle des phanères. C'est dans le cortex, ou coeur du cheveu, que se trouvent les grains de mélanine qui lui donnent sa couleur avec une gamme très étendue de nuances possibles. Du blond très pâle au noir le plus profond, en passant par les teintes les plus chaudes de châtain, ou les roux les plus flamboyants, les cheveux peuvent aussi varier en texture, forme, épaisseur, en fonction de l'ethnie ou du patrimoine génétique. Mais le cheveu peut révéler bien plus de choses sur la personne qui en est le propriétaire…

Dis-moi comment vont tes cheveux, je te dirai comment tu vas !

On parle ici de la partie visible du cheveu, la tige, qui est un véritable témoin des agressions extérieures. La pollution par la nicotine par exemple, est nettement observée sur les cheveux. On a pu ainsi prouver l'existence du tabagisme passif, en auscultant la chevelure d'enfants dont les parents fument. Le cheveu révèle également des dépendances à l'alcool ou aux drogues, et il peut dans certains cas alerter sur les risques de maladies cardiaques. On a, en effet, constaté que les hommes qui perdent leurs cheveux sur le dessus du crâne ont plus de chances de développer une maladie cardiaque que ceux dont les tempes se dégarnissent.

Les cheveux dans l'air du temps

La canitie, ou blanchissement des cheveux, s'installe progressivement avec l'âge, mais peut aussi apparaître de façon beaucoup plus rapide. Lors d'un choc émotionnel par exemple, le cheveu peut réagir en créant un processus enzymatique qui détruit les pigments capillaires, cela ayant pour effet un blanchissement brutal et irréversible de la chevelure. La tige du cheveu peut nous livrer des informations très précises sans limites dans le temps, car le cheveu est un matériau imputrescible s'il est bien conservé. Pour preuve, les analyses des cheveux de Napoléon, qui ont révélé des traces d'arsenic ou encore ces analyses des cheveux d'une momie âgée de 3.000 ans, qui ont décelé des traces de nicotine et de cocaïne ! Plus près de nous, si les analyses de cheveux permettent effectivement de confondre les cocaïnomanes, il semblerait que le cannabis résiste à ce type d'exploration.

Mémoire du cheveu et enquêtes policières

Comme toutes les cellules, celles du bulbe du cheveu contiennent l'intégralité du patrimoine génétique d'un individu. Ainsi, si l'on retrouve sur la scène d'un crime un cheveu avec son bulbe, on peut de façon certaine et irrévocable, affirmer l'identité de son propriétaire. En revanche, si le cheveu est coupé on ne peut déterminer de façon précise l'ADN de son propriétaire, mais l'analyse permet tout de même de mettre en évidence des mitochondries, qui sont de microscopiques éléments de cellules, et qui contiennent un type d'ADN dit mitochondrial. Cet ADN ne révèle qu'une partie du patrimoine génétique du propriétaire du cheveu car il n'est transmis que par la mère. On ne peut donc pas dans ce cas procéder à une identification formelle, mais on peut éventuellement exclure certaines personnes de la liste des suspects... Ces analyses couramment pratiquées, sont totalement admises par les cours d'assises depuis 1994.

Quand le cheveu se fait rare

L'alopécie, terme savant pour la chute des cheveux, affecte 20 % des hommes entre 25 et 35 ans, et la moitié d'entre eux passé 50 ans. Les femmes ne sont pas épargnées puisque 8 % d'entre elles en sont atteintes. Un chiffre qui tend à augmenter depuis que les femmes vivent des « vies d'homme » en ce qui concerne la sphère professionnelle ! Perdre ses cheveux est ressenti comme un véritable drame pour certaines personnes, il suffit pour s'en rendre compte de voir les efforts déployés afin que cela ne paraisse. On explique la couronne de lauriers que portait César par le fait qu'il voulait cacher sa calvitie naissante. Socrate, lui, se cachait derrière sa culture en clamant que « l'herbe ne peut pousser dans des rues actives »… Par bonheur, et grâce à l'évolution de la science capillaire, ces soucis seront bientôt dissipés et tous ornés d'une nouvelle, forte et imposante chevelure, nous pourrons clamer que « nous le valons bien ».

Chauve qui veut !

A l'heure actuelle, l'alopécie n'est efficacement résolue que par les transplantations de cheveux. Or, c'est une intervention onéreuse, parfois douloureuse et qui rencontre ses limites. C'est grâce aux biotechnologies que se dessine le salut de demain pour les quelque 10 millions d'hommes et les 4 millions de femmes qui perdent leurs cheveux en France. En 2005, un chercheur de l'université de British Columbia, a prélevé des cellules contenues dans le bulbe pileux (autrement dit la racine du cheveu) et responsables de la formation des cheveux. Il les a multipliées puis clonées. Ces clones ont été réimplantés par injection dans le cuir chevelu et ont donné naissance à .... des cheveux ! La « faiblesse » de la méthode, c'est l'absence de bulbe, générateur de nouveaux cheveux. En revanche, le patient pourrait prévenir la chute ultérieure de cheveux par des injections de ses propres cellules. En France, on privilégie une autre méthode. En effet, à l'Inserm, on a identifié des cellules souches dans le bulbe. Ces cellules peuvent générer des cellules de l'épiderme, dont celles à l'origine des cheveux. Enfin, toujours en 2005, le rêve est devenu réalité avec la création d'un bulbe pileux entier par des chercheurs Suisses. Dans ce cas, le cycle capillaire pourrait se renouveler de façon continue. Les tests concernant ces méthodes sont en cours et les premiers résultats prometteurs pourraient faire de la calvitie un choix purement consenti ou un phénomène de mode !

Sources

Côté Santé, décembre-janvier 2006.

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