Paupières tombantes et chirurgie esthétique : quoi de neuf ?

Comment vieillit la paupière supérieure ?
Pr Armand Paranque : Autour de 40 ans, la paupière supérieure s'alourdit, avec apparition plus ou moins progressive d'un excédent de peau, la classique « casquette ». Les rides de la patte d'oie se marquent progressivement et une poche de graisse se forme dans la portion interne de la paupière (proche de la racine du nez).Cette situation s'aggrave progressivement au cours des années. La casquette de peau excédentaire pouvant venir buter contre les cils.Le regard devient de plus en plus lourd et perd son éclat initial, d'autant que le sourcil chute (en particulier son extrémité externe ou queue du sourcil), augmentant l'excès de peau et donnant un air triste et « pleureur ».L'ensemble de ces anomalies apparaît et s'aggrave en raison des effets de la gravité et des agressions extérieures (UV, tabac, pollution ), mais aussi des actions répétées du muscle orbiculaire de l'oeil.
Quelles sont les techniques de médecine esthétique envisageables en cas de paupières tombantes ?
Pr Armand Paranque : Les rides de la patte d'oie peuvent être améliorées par les techniques de resurfaçage (lumière pulsée - laser non ablatif fractionnel erbium voire CO2) et les injections de toxine botulique (décontraction du muscle orbiculaire) et d'acide hyaluronique (comblement et réhydratation du derme).La chute de la queue du sourcil peut être améliorée dans certaines limites par la toxine botulique. Son but est de rendre l'action du muscle frontal (releveur du sourcil) prédominante sur celle de l'abaisseur (muscle orbiculaire de l'oeil).En revanche, un excédent cutané net de la paupière supérieure relève d'un geste chirurgical léger : la palpébroplastie ou blépharoplastie supérieure.
Comment se déroule une palpébroplastie supérieure ?
Pr Armand Paranque : Elle est précédée d'un examen soigneux de la région oculaire (orbite et paupières). Toute contre-indication d'ordre ophtalmologique doit avoir été éliminée et un avis spécialisé sera demandé au moindre doute.L'intervention se déroule souvent sous anesthésie locale, parfois avec légère sédation.La quantité de peau à supprimer doit être évaluée à la perfection. Mieux vaut en retirer trop peu (retouche aisée) que trop. La cicatrice sera cachée dans le pli de la paupière supérieure, donc très vite invisible. La peau est réséquée (incision au bistouri). Un geste est presque toujours réalisé sur le muscle orbiculaire sous-jacent, à type de résection contribuant en particulier à un mouvement d'ascension de la queue du sourcil. La poche de graisse interne est traitée, classiquement par coagulation bipolaire et résection minutieuse. La suture est réalisée à l'aide d'un fil très fin, retiré vers le 5e jour post-opératoire.Lorsque la chute du sourcil est trop marquée, un lifting du sourcil (incision cutanée en zigzag dans la queue du sourcil) peut être réalisé dans le même temps, plus rarement un lifting temporal ou un lifting frontal.
Quelles sont les suites habituelles d'une palpébroplastie supérieure ?
Pr Armand Paranque : Elles ne sont pas douloureuses. Si l'ecchymose (« bleu ») est possible malgré toutes les précautions prises par le chirurgien durant l'intervention (coagulation du moindre petit vaisseau), l'oedème est quasi-systématique. Il est combattu par l'application de glace et l'adoption d'une position de sommeil tête légèrement surélevée. L'oedème est maximum entre les 2e et 3e jours post-opératoires. L'activité sociale peut être reprise vers le 8e jour en moyenne. Il s'agit d'un geste réalisé au sein d'une structure chirurgicale parfaitement sécurisée, en ambulatoire (entrée le matin, sortie l'après-midi). Le pansement est retiré avant le retour au domicile.Tarif : entre 2.600 et 3.600 euros environ.
Quelles sont les évolutions récentes de cette chirurgie ?
Pr Armand Paranque : Elle tend vers toujours plus de naturel et de personnalisation. Ainsi, par exemple, une paupière « pleine » sera préservée ; on veillera à l'alléger subtilement en conservant l'impression de mystère qu'elle donne au regard.Les gestes réalisés ne doivent en aucun cas (sauf cas et demande très particuliers) modifier la forme des yeux. Bien effectués, ils donnent un air reposé et rendent au regard son éclat.La chirurgie comprend aujourd'hui des gestes plus légers, plus conservateurs vis-à-vis des poches graisseuses et de la peau. Cette intervention est aussi conseillée dès l'apparition des premiers excès cutanés, rendant plus discrètes encore les cicatrices et source d'un résultat plus naturel encore.Enfin, l'association aux injections (toxine botulique à faibles doses, acide hyaluronique) est très fréquente, complétant et pérennisant les résultats de la chirurgie.* Pr Armand Paranque, chirurgien maxillo-facial, professeur agrégé du Val-de-Grâce, Chef de Département à l'Institution Nationale des Invalides.