Obésité infantile et publicité : pas d'interdiction... il faut éduquer !

L'obésité et le surpoids touchent déjà 19% des enfants français, soit deux fois plus qu'il y a dix ans. Bien au-delà du terrain génétique, ce phénomène prend sa source dans un déséquilibre entre l'apport alimentaire et la dépense énergétique.
Trop de sucres, trop de graisses
En France, la proportion de graisse n'a cessé d'augmenter et dépasse aujourd'hui de 5% les proportions recommandées. La consommation de certains aliments et boissons a explosé en 5 ans : +84% de viennoiseries, +24% de biscuits sucrés, +17% de sodas et jus de fruits. Un tiers des enfants et 40% des ados boivent des sodas au déjeuner et au dîner. Aux Etats-Unis, où l'on parle de véritable épidémie d'obésité, d'autres habitudes alimentaires ont été mises en cause, comme les déviations alimentaires précoces dès l'âge de 3 ans et l'évolution du mode de consommation : fast-food, grignotage, accès non contrôlés aux boissons sucrées notamment dans les établissements scolaires Pour toutes ces raisons, le Programme national nutrition santé élaboré par l'Afssa préconise de réduire de 25% l'apport en glucides simples ajoutés.
La sédentarité
Le temps passé devant la télé contribue spécifiquement à fabriquer des enfants obèses : 50 minutes de télé équivalant à une heure de sommeil en plus. Ainsi, les jeunes américains de 2 à 17 ans dorment quatre années supplémentaires, soit près du tiers de leur vie. Et ceux qui ont la télé dans leur chambre, sont plus obèses que les autres.
La publicité télévisée
Autre impact majeur de la télévision, l'exposition aux messages publicitaires. Selon l'Afssa, les pays dont les chaînes enfantines montrent le plus de publicités alimentaires comptent le plus d'enfants obèses.En France, le mercredi sur une chaîne pour enfant, 62% des sports publicitaires portent sur des produits sucrés et chocolatés, bonbons, boissons sucrées, etc. Et si la place réservée à la publicité dans les programmes adultes est de 7% (dont 42% portent sur l'alimentation), elle atteint les 10% lors des programmes pour enfants. Or avant l'âge de 10 ans, il est reconnu que l'enfant n'a pas de regard critique sur la publicité. C'est ainsi que l'Afssa déclare l'interdiction de la publicité alimentaire à destination des enfants comme une mesure « cohérente et proportionnée ».
De son côté, le Sénat s'est prononcé en faveur de l'éducation et non de l'interdiction, en imposant aux industriels d'ajouter une information sanitaire à leurs spots publicitaires. En cas de non-respect, ils devront verser une contribution destinée à financer la diffusion et la réalisation de messages de santé publique.Parallèlement, le Sénat propose de fixer par décret la liste des produits qui seront interdits à compter du 1er septembre 2005 dans les distributeurs présents dans les établissements scolaires.
Sources
Afssa, Communiqué du 6 juillet 2004, " Obésité de l'enfant : impact de la publicité télévisée " ; Sénat, Commission des affaires sociales, communiqué du 9 juillet 2004, " Le Sénat améliore le dispositif " anti-obésité " de la loi sur la santé publique ".