Un nouveau facteur de risque : le lit

le 1/04/2000
Maj le
3 minutes
illustration 3d l'intérieur de la chambre grise avec une chaise en bois et un lit
Adobe Stock
Rester au lit serait l'un des plus importants facteurs de risque de décès, toutes maladies confondues. C'est ce que montre une grande étude américaine. Selon ses auteurs, cette découverte ouvre une voie de recherche des plus prometteuses. (Poisson d'avril 2000)

Plus de 90 % des décès sont liés à l'alitement

Les chercheurs du National Institute of Human beings (le célèbre NIHb américain), qui ont réalisé cette étude, ont examiné les modalités du décès de plus de 40 000 personnes. Ils ont ainsi noté que 65,3 % des gens décédaient à l'hôpital (26 148), et presque 12 % dans des maisons spécialisées (4678). Les 22,9 % restant (9174) étaient décédées soit à domicile, soit sur le lieu de travail, soit encore à l'occasion d'un déplacement. Plus intéressant, ils ont remarqué que plus de 90 % des personnes étaient décédées dans un lit, et tout particulièrement dans un lit hospitalier (plus de 75 % des cas, toutes structures confondues). Le risque de décès est statistiquement lié à la durée de l'alitement. D'autre part, chez les personnes décédées à l'hôpital, la durée d'alitement ne dépasse pas 6 mois en moyenne, contre près de 36 mois à domicile. Cette étude a enfin montré que le risque annuel de décès augmente avec l'âge, sauf chez le fœtus, où le risque est inversement proportionnel à l'âge.

Un éclairage nouveau

Certains facteurs de risque, notamment cardio-vasculaires, ont été identifiés dans les 30 dernières années (tabac, diabète, hypercholestérolémie, obésité, hypertension, …) mais n'expliquent qu'une minorité des maladies et des décès. Les grands sujets de recherche du XXIème siècle semblent porter sur les causes réelles de la mort, la manière de la prévenir, et l'étude des substances destinées à éviter le vieillissement. Un programme ambitieux auquel le NIHb a donné le nom de code “ Fontaine de Jouvence ”. L'originalité de l'étude du NIHb est d'avoir recherché, non les facteurs prédisposant à telle ou telle pathologie (abondamment étudiés par ailleurs), mais les facteurs directement impliqués dans le décès. Des études antérieures avaient déjà corroboré le fait que l'âge avancé est un facteur de mort subite, sans que la cause exacte puisse être précisée.

Lit + hôpital = danger maximum

Le lit doit donc désormais être considéré comme un facteur de risque à part entière. Et même particulièrement important, puisque dans la plupart des cas, les facteurs de risque n'ont aucun effet mesurable avant plusieurs années, voire plusieurs dizaines d'années. Alors qu'il suffit d'être alité pendant quelques mois pour que le risque de décès augmente de manière dramatique. De plus, l'analyse statistique a mis en évidence une corrélation très nette entre la mortalité et l'hôpital. Autrement dit, que l'hôpital reste le lieu privilégié du décès, sans qu'il soit pour l'instant possible de savoir pourquoi.

Controverse

Au vu de ces résultats, les auteurs estiment que les lits hospitaliers représentent un risque plus important que la consommation d'alcool et de tabac ou l'hypertension artérielle. La controverse actuelle porte sur les moyens de lutte contre ce nouveau fléau. Pour certains chercheurs, le mieux serait de supprimer la majorité des lits (en particulier à l'hôpital), ou de limiter l'accès des services hospitaliers aux personnes présentant le moins de facteur de risque (sujets jeunes, non buveurs, non fumeurs, non hypertendus, non obèses, non diabétiques, non cancéreux, etc.) Pour d'autres auteurs, les lits ne seraient peut-être pas la cause réelle du décès : ce serait la position allongée. Des expériences portent donc actuellement sur l'emploi de lits verticaux, dans lesquels les malades pourraient dormir debout, attachés par des sangles.

Sources

Aprilfish. et coll ' Clinophily : a new and terrrrrible risk factor ' Fish magazine 2000 ; 00 : 412- 032.

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