Psychisme : la ménopause agit sur le moral

Publié par Dr Catherine Solano
le 28/10/2011
Maj le
5 minutes
femme de l'eau potable
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Au moment de la ménopause, le psychisme des femmes change souvent. Mais au fait, pourquoi et comment ?

Ménopause, les hormones changent, le psychisme aussi...

  • Au début de la ménopause, les ovaires fabriquent moins d'hormone progestérone, et continuent à fabriquer des hormones estrogènes. La balance entre ces deux hormones, en faveur des estrogènes, stimule l'excitation. D'où une certaine nervosité et des difficultés de sommeil très fréquentes en période de préménopause.
  • Par la suite, les estrogènes diminuent et la balance se fait en faveur de la progestérone. Elle donne une fatigabilité augmentée, et plus d'envies de dormir, et parfois un sentiment de légère déprime, avec par exemple des envies de pleurer plus fréquentes.
  • Le désir évolue. Chez les femmes, la testostérone est une hormone produite pour les ovaires. Elle diminue au fil de la vie, comme chez les hommes, dès l'âge de 30 ans environ. À la cinquantaine, elle est donc plus basse qu'auparavant. Ce n'est pas spécifiquement lié à la ménopause puisque c'est un processus progressif. Mais ajouté aux changements de la ménopause, cela peut se révéler gênant. Pour d'autres femmes, le désir persiste, très nettement, voire augmente ! Avez-vous remarqué que quelques poils peuvent pousser à la ménopause ? S'ils ne sont guère esthétiques, ils sont le témoin d'une bonne imprégnation en testostérone. Alors, si vous connaissez cet inconvénient, épilez-les et réjouissez-vous de conserver votre désir !
  • La fertilité cesse. S'il s'agit d'un soulagement pour certaines femmes, pour d'autres, c'est une perte importante...

La ménopause et le temps qui passe...

  • La ménopause se produit lors de la crise du milieu de la vie. La ménopause correspond à un âge de bilans. C'est cette fameuse crise du milieu de la vie, observée dans tous les milieux, dans tous les pays du monde, chez les hommes comme chez les femmes. Elle se traduit souvent par un moment de quasi dépression qui dure quelques années. Ce moment n'est pas spécifiquement dû aux changements hormonaux de la ménopause puisqu'il existe aussi chez l'homme. Il correspond à un moment où l'on se demande si l'on a réussi sa vie, et ce que l'on peut faire pour l'améliorer. Et l'on sent la pression du temps qui passe. C'est le moment où la vie devant soi est peut-être plus courte que le temps de vie passée... Autant d'éléments potentiellement perturbateurs de moral !
  • Le corps change. Chez de nombreuses femmes la séduction physique est un facteur important de bien-être. Ou tout du moins le sentiment de séduction possible. À 50 ans, le corps change et commence à donner des signes de vieillissement. Difficile à accepter de la part de très belles femmes, ou de femmes qui ont beaucoup misé sur leur physique. Elles peuvent se sentir dépossédées d'un atout qui agissait beaucoup sur leur estime d'elles-mêmes.
  • Le plaisir de laisser la séduction derrière soi ! Pour d'autres femmes, se dire « Enfin, je n'ai plus besoin de séduire » peut être une révélation et une libération. Prisonnières dans les clichés de la femme belle et séductrice, ces femmes s'épanouissent à ce moment !
  • Les enfants grandissent. Les filles sont de jeunes et belles filles, et comme les garçons, elles sont à l'âge des amours. Cette confrontation à la séduction et la sexualité des enfants peut mettre le doigt sur ce temps qui passe et se révéler difficile. La place dans la société, pour une femme ménopausée, n'est plus celle d'une jeune femme.
  • La peur de la mort. Les changements du corps sont le témoin du temps qui passe, et donc de la vieillesse à venir. Les angoisses de mort peuvent apparaître.

La ménopause et les changements familiaux

  • Les enfants s'envolent. Ils s'en vont vivre leur vie. C'est le possible syndrome du nid vide. Une femme qui a basé sa vie sur son rôle de mère peut se sentir arriver dans le vide. Et ressentir l'angoisse de ne plus servir à rien.
  • Le mari part à la retraite. La ménopause moyenne est à 50 ans. Le conjoint ayant souvent quelques années de plus, commence à penser à sa retraite. L'achèvement d'un cycle de vie s'annonce, qui peut révéler des angoisses.
  • Les parents deviennent très âgés. C'est souvent un poids que de s'en occuper, de les soigner, ou simplement douloureux de les voir vieillir et devenir dépendants.

Faut-il déménager ? Les enfants partis, faut-il garder notre logement, sachant que les revenus de la retraite sont moins élevés qu'en cours d'activité ? Cette question peut, par elle-même se révéler difficile à poser. Et la réponse est difficile. Changer de quartier, d'environnement, peut déstabiliser à un moment de la vie déjà difficile par ailleurs.

La ménopause et les changements sexuels du mari

Si le conjoint ne vit pas la ménopause, il prend aussi des années, et il en a souvent quelques-unes en plus. Même si les hommes ne connaissent pas le changement brutal des hormones, le vieillissement peut leur faire peur. Et la femme est en première ligne pour encaisser les angoisses de monsieur, parfois supérieures aux siennes. Le corps répond moins, l'érection devient moins rapide et moins complète. Cela peut perturber un homme auparavant bien dans sa peau et entraîner des difficultés de couple. La femme peut avoir peur de ne plus plaire et ne pas savoir comment réagir pour aider son homme...

Alors, comment réagir ?

Savoir ce qui se passe et le comprendre permet de prendre de la distance par rapport aux signes de la ménopause.

Le dialogue de couple est essentiel à cette période de la vie. Si une femme s'exprime sur son irritabilité, si son conjoint en parle avec elle, s'ils font preuve d'humour et d'indulgence l'un envers l'autre, c'est gagné.

Accepter de s'adapter aux changements du corps est indispensable pour continuer à vivre heureuse.

Et l'on sait que l'âge où le bonheur est le plus élevé se situe après la ménopause, aux alentours des 60 ans. Comme quoi, vieillir a aussi du bon...

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