Mes reins, j’y tiens !

Près de trois millions de Français souffriraient d’une maladie des reins. Pourtant, la plupart d’entre eux l’ignore ! En effet, les maladies rénales ne provoquent aucun symptôme avant un stade avancé. Le diagnostic est donc très souvent tardif. Or, une prise en charge précoce permet de ralentir, voire de stopper l’aggravation de ces pathologies.
Les reins : filtres de l’organisme
Les reins éliminent les déchets toxiques provenant de la destruction des cellules de l’organisme et de la digestion des aliments. Pour vivre, les cellules du corps utilisent l’énergie et les diverses substances apportées par les aliments. Les déchets produits lors de ces opérations sont drainés par le sang, filtrés par les reins, puis se retrouvent dans l’urine. Ainsi, en cas de maladie rénale, l’organisme est empoisonné par ses propres déchets…
Les reins : usines à hormones
Mais, le rôle des reins ne se limite pas à la filtration du sang. En effet, les reins produisent aussi des hormones. Tout d’abord, la rénine est une des hormones qui régule la pression sanguine. Voilà une des raisons pour laquelle l’insuffisance rénale chronique s’accompagne souvent d’hypertension artérielle !
Les reins fabriquent aussi la fameuse érythropoïétine, rendue célèbre… par le dopage. Cette hormone agit sur la moelle osseuse pour produire des globules rouges. Son déficit constant en cas d’insuffisance rénale conduit à une anémie.
Enfin, les reins sécrètent le calcitriol, qui stimule l’absorption du calcium par l’intestin. Lors d’une maladie rénale, le calcitriol peut faire défaut. L’organisme, en manque de calcium, va alors le puiser dans les os, fragilisant le squelette.
Maladies des reins : causes multiples
Les maladies rénales peuvent être causées par des infections, liées à des microbes comme les streptocoques.
De même, l’absorption de substances toxiques, notamment certains médicaments, entraîne aussi parfois la destruction des reins.
Une atteinte rénale peut aussi être occasionnée par des dérèglements spontanés du système immunitaire, qui se met à attaquer les reins. Des maladies génétiques entraînent aussi des insuffisances rénales.
Enfin, les reins fonctionnent moins bien avec l’âge… En effet, à partir de 60 ans, on perd 10 % de fonction rénale tous les 10 ans.
L’obstruction des artères rénales
Une des causes principales d’insuffisance rénale est l’obstruction des artères rénales. Après la cinquantaine, la paroi des artères rénales peut s’épaissir suite à un dépôt de cholestérol. C’est la plaque d’athérome ! Le passage du sang vers les reins est réduit. Le tissu rénal se détruit alors peu à peu. Détectées précocement, ces obstructions peuvent parfois être traitées par angioplastie. Un petit ballonnet introduit dans la zone du rétrécissement de l’artère est gonflé durant une trentaine de seconde. La plaque d’athérome est alors écrasée et le sang peut circuler de nouveau normalement. Pratiqué à temps, ce traitement permet une régression partielle de l’insuffisance rénale.
Diabète et insuffisance rénale
Le diabète est responsable d’un quart des insuffisances rénales, et cette proportion est en constante augmentation. Le diabète s’accompagne souvent d’une hypertension artérielle, mais aussi d’une trop grande quantité de graisses dans le sang. Ces deux facteurs vont entraîner des lésions rénales. Là encore, le temps presse ! Plus tôt le diabète est diagnostiqué et traité, plus la destruction rénale sera ralentie.
Reins : les signaux d’alertes
Au début de l’atteinte rénale, les symptômes sont souvent inexistants. Puis, les insuffisants rénaux ressentent peu à peu une fatigue excessive à l’effort, un manque d’appétit et un besoin d’uriner plusieurs fois par nuit. L’altération de la fonction rénale est généralement découverte en cas d’hypertension artérielle, ou lors d’un examen d’urines sur bandelettes pratiqué à l’école ou à la médecine du travail. Afin d’évaluer le stade et la gravité de l’insuffisance rénale, les médecins se basent sur des examens sanguins. Le principal est la créatininémie, c’est-à-dire le dosage de la créatinine dans le sang. La créatinine provient de la destruction normale des cellules musculaires de l’organisme, en perpétuel renouvellement. Si les reins fonctionnent mal, la quantité de créatinine dans le sang augmente.
Empêcher l’aggravation !
Une fois détectée, l’insuffisance rénale doit être traitée afin d’éviter son aggravation. Pour cela, il faut tout d’abord contrôler l’hypertension artérielle au moyen de médicaments. Ensuite, il faut revoir la diététique. En effet, une alimentation trop riche en protéines augmente le travail des reins et favorise la dégradation de la fonction rénale. De même, l’arrêt du tabac est indispensable. En effet, l’intoxication tabagique accélère la progression de l’insuffisance rénale.
Quand les reins ne fonctionnent plus !
Dès que l’insuffisance rénale devient sévère, il faut programmer un traitement par dialyse. La dialyse épure le sang au travers d’une membrane semi-perméable. En France, près de 8 000 personnes commencent un traitement par dialyse chaque année, et plus de 35 000 sont dialysées régulièrement. Les patients ont le choix entre l’hémodialyse et la dialyse péritonéale. Lors de l’hémodialyse, le sang est prélevé dans une veine du bras et conduit jusqu’au dialyseur. À la sortie, le sang épuré est réinjecté dans une veine. En revanche, dans le cas de l’hémodialyse péritonéale, on introduit deux litres d’une solution dans l’abdomen par un petit tuyau. C’est le péritoine, la membrane enveloppant les organes du ventre, qui joue alors le rôle de filtre...
La greffe de rein
Très lourd, le traitement par dialyse est difficilement vécu par de nombreux patients. La greffe de rein est alors un soulagement. "En raison d’une insuffisance rénale terminale due à une maladie génétique, j’ai subi la dialyse dès l’âge de 12 ans, trois fois par semaine pendant quatre heures. La dialyse est une vraie épreuve physique, qui entraîne beaucoup de fatigue et abîme peu à peu l’organisme. À 17 ans, j’ai eu la chance de recevoir une greffe de rein. C’était comme une renaissance !», confie Sabrina, 33 ans, professeur des écoles. La greffe consiste à transplanter chez le receveur un rein prélevé sur un donneur en état de mort cérébrale, ou sur un donneur vivant (jumeau, parent…). La greffe de rein libère le patient de la dialyse, mais elle impose de prendre sans interruption un traitement antirejet.
Comment protéger ses reins ?
Certaines règles très simples permettent de préserver la bonne santé de ses reins. Il faut boire la quantité d’eau adaptée à ses besoins (au moins un litre par jour) et répartie sur la journée, afin de faciliter le travail des reins. Veillez à avoir une alimentation équilibrée, pour éviter le surpoids et l’excès de cholestérol. Ne mangez pas trop salé, car l’excès de sel favorise l’hypertension. Ensuite, mieux vaut éviter l’automédication. En effet, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, y compris l’aspirine, peuvent être toxiques pour les reins. Il en va de même pour certains analgésiques, comme le paracétamol, s’ils sont utilisés à fortes doses et à long terme. Soyez vigilants quant à l’abus de laxatifs ou de diurétiques, et à la consommation de produits dont la composition n’est pas clairement identifiée, comme certaines préparations d’herbes chinoises. Enfin, attention aux régimes hyperprotéinés, qui fatiguent les reins !
Nos reins sont précieux, mieux vaut les ménager…
Pensez au dépistage !
Puisque le début des maladies rénales est souvent asymptomatique, il faut penser au dépistage afin d’éviter une aggravation. Les sujets à risques doivent absolument en parler à leur médecin ! Il s’agit des personnes âgées de plus de 50 ans, hypertendues, obèses, diabétiques, fumeuses, ayant des antécédents personnels ou familiaux de maladie des voies urinaires ou de maladie rénale.
Pour en savoir plus
Sources
Côté santé