Je n'aime pas les fêtes de fin d'année !

Publié par Dr Catherine Solano
le 21/12/2009
Maj le
5 minutes
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Alors que tout le monde prépare ses cadeaux, le repas de réveillon, les guirlandes ou sa liste au père Noël, certains restent en retrait. Ils n'aiment pas Noël, n'apprécient pas ces rassemblements familiaux obligatoires et organisés à date fixe tous les ans. Et si cette année on les écoutait pour comprendre leurs réticences, si on les aidait à imaginer une fête différente qui leur conviendrait mieux ? Une petite adaptation est parfois suffisante.

L'idée de la fête touche une blessure.

Ces fêtes tous les ans à la même période peuvent rappeler des événements douloureux.

Ainsi Fabien a-t-il passé la plupart de ses Noëls en pension, loin de sa famille. Seuls 2 ou 3 élèves restaient comme lui au collège et se sentaient abandonnés à cette période de l'année, alors que tout le monde festoyait. Maintenant qu'il est adulte, quand les fêtes arrivent, il se souvient de sa tristesse d'enfant.

Aussi n'arrive-t-il pas à s'amuser comme les autres... Même s'il a la gentillesse de faire semblant pour ses enfants !

Quelqu'un vous manque à la fête, et...

Il y a 7 ans, Lucinda a perdu son fils Simon de 21 ans dans un accident de voiture. Il partait en vacances et un chauffard l'a heurté. C'était au mois de juillet, mais depuis 7 ans, chaque réunion de famille rappelle à Lucinda l'absence de son fils chéri. Elle a du mal à ne pas pleurer et ne parvient pas à profiter pleinement de cette fête.

L'absence est trop présente pour elle. Tout le monde comprend, mais l'atmosphère s'en trouve alourdie.

Les fêtes correspondent à une date d'un anniversaire difficile.

"C'était la veille de Noël, il y a 15 ans, que j'ai appris que ma mère avait un cancer du sein. Depuis, je crains cette date qui me rappelle l'annonce de cette maladie et toutes les perturbations qui s'en sont suivies jusqu'au décès de maman " explique Sophie. Et en plus, cela m'angoisse car je me rapproche de l'âge qu'elle avait, et cela me fait peur aussi pour moi. Je ressens à la fois l'absence de ma maman, parce qu'à Noël, on reste un enfant, et la peur d'avoir un jour une maladie grave. "

Chacun peut avoir vécu un événement douloureux à cette période de l'année, ce qui la rend plus difficile à passer dans la bonne humeur.

Dans ma famille, les fêtes se passaient toujours mal.

" Mon père buvait et nous n'avions quasiment aucun cadeau car il dépensait tout l'argent en boisson. Je me souviens même qu'il avait volé l'argent de ma tirelire une année, ce qui fait que je n'avais même pas pu acheter un petit cadeau pour ma maman... " avoue Boris.

Dans d'autres familles, les fêtes sont prétexte à des affrontements familiaux ou des règlements de compte ! Alors, on comprend qu'on puisse par la suite entrer en décembre à reculons.

Je ne m'entends pas avec ma famille

Maxime n'aime pas les fêtes car il ne se sent pas bien en famille élargie. Autant il s'entend bien avec son épouse, autant il ne s'entend pas bien avec ses parents et se sfrères et soeurs (ils sont cinq), il n'est pas à l'aise. Comme il est le petit dernier, et malgré ses 39 ans, on continue à le traiter comme un enfant, à ne jamais écouter ses opions, à lui demander de se taire. Du coup, comme la messe de Noël est casrée, c'est une souffrance pour lui de la passer avec tout le monde,... puis d'aller partager le repas. Il ne le montre pas, mais c'est pour lui un des moments désagréables de l'hiver!

Je suis seul(e) !

Caroline est célibataire et sa famille vivent à l'étranger, à l'autre bout du monde. Du coup, pour Noël, elle sera seule et elle se sent déjà triste à cette idée. Pourtant, elle a beaucoup d'amis et une vie sociale bien remplie... Depuis plusieurs années, chaque fin d'année lui semble triste et sombre.

Que faire pour apprécier les fêtes ?

  • Il n'est pas bon de cacher, de refouler ses sentiments et de faire " comme si de rien n'était ".

    Pour se sentir mieux, il convient déjà de les accepter. Nous ne sommes pas des surhommes et nos blessures d'enfance peuvent rester sensibles.

  • Il peut être bon d'oser parler à l'entourage du malaise que l'on ressent et de ses raisons.

    Lucinda dont le fils est décédé a fini par demander à toute la famille, il y a 2 ans, de faire une minute de silence en pensant très fort à Simon qui n'était pas là. Depuis, elle compte garder ce rituel. Cette minute de silence a permis d'alléger l'atmosphère et de rendre son fils un peu présent. Elle n'a plus l'impression qu'on l'oublie et que personne ne pense plus à lui.

    Fabien qui passait les fêtes en pension l'a raconté à ses enfants qui l'entourent de leur affection. Il se dit que finalement, c'est le moment de profiter de cette affection qu'il n'a pas reçue et d'offrir à ses enfants une présence affectueuse et heureuse.

  • Nul ne choisit sa famille. C’est pourquoi, nul n’est non plus obligé de la supporter dans ses pires aspects. Ainsi, Maxime pourrait-il décider de ne pas passer le réveillon avec ses parents et sa fratrie. S’il ne veut pas couper le lien, il pourrait tout simplement s’en aller après la messe de Noël. Si ses parents et ses frères et sœurs le traitent en enfant, il n’ose pas non plus suffisamment s’affirmer ! En réfléchissant un peu à l’avance, en s’expliquant calmement, il est presque toujours possible de trouver une solution qui vous rend les fêtes plus douces.
  • Quand on est seul, il faut se trouver une famille, des amis, parler de sa situation autour de soi. Les fêtes de fin d’années sont un moment où l’on a envie d’être généreux et de donner. Tout le monde se plaint de l’aspect « consommation » des fêtes et aspire à un joli geste. Alors, donner à quelqu’un l’occasion vous inviter, c’est lui un cadeau. Et quand on est vraiment seul et sans amis, pratiquer un bénévolat pour une œuvre humanitaire et croiser des personnes plus malades, handicapées, âgées, et tout aussi seules permet de profiter de la joie de donner !
  • Et puis, même si une certaine souffrance est là, il est possible de l'accepter et de laisser une autre partie de soi profiter vraiment du plaisir des fêtes.

    Ce serait dommage que d'anciens événements viennent gâcher le bonheur possible à l'instant présent.

Alors, apprendre à habiter l'instant présent avec tout ce qu'il vous offre, voilà peut-être le secret des fêtes réussies.

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