Obésité : dans un monde de sédentarité, bouger ou grossir, il faut choisir...

Publié par Dr Dominique Boute
le 22/10/2007
Maj le
3 minutes
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Notre poids résulte d'une interaction entre l'hérédité - qui conditionne notre capacité à grossir plus ou moins facilement - et l'environnement. Si l'obésité est liée à une prédisposition génétique, le rôle de l'environnement est fondamental et peut expliquer la progression inquiétante de cette maladie partout dans le monde.

Comment expliquer le développement de l'obésité ?

Si l'on regarde les choses de près, on s'aperçoit, à travers les études épidémiologiques, que ce n'est pas tant l'apport calorique global ni les apports en graisses qui sont en cause, mais plutôt la sédentarité.

En effet, on ne mange pas beaucoup plus qu'avant et nos apports en graisses, même s'ils sont trop importants, n'ont pas beaucoup évolué au cours des dernières années. En revanche, la sédentarité a fortement progressé : d'une demande physique au travail, nous évoluons le plus souvent vers une demande intellectuelle. D'une fatigue physique, nous évoluons vers une fatigue « intellectuelle » qui se traduit par le stress, le burn out (ou stade ultime du stress)….

Or le travail « cérébral » nécessite peu d'énergie et le cerveau ne consomme que du glucose.… Les muscles, quant à eux, consomment aussi du glucose, mais eux seuls sont capables de brûler des acides gras.

Le phénomène de sédentarisation représente donc un élément fondamental pour expliquer la tendance vers l'obésité.

La sédentarité de l'homme l'oblige à adapter son métabolisme

Pour mieux comprendre, il faut se rappeler que notre réserve d'énergie se situe dans notre tissu graisseux (là où sont stockées les graisses) et que notre corps ne peut fonctionner qu'en homéostasie, ce qui signifie qu'il doit y avoir un équilibre entre les apports et les dépenses d'énergie.

Il faut donc un équilibre entre les apports en graisses et la capacité du corps à "brûler" les graisses (on parle d'oxydation lipidique).

La seule solution : bouger pour ne pas grossir

C'est là que le problème commence : pour pouvoir davantage brûler les graisses, notre corps n'a qu'une solution : bouger !

Dans un monde devenu sédentaire, la prise de poids devient un facteur de stabilité pondérale. En effet, la prise de poids s'accompagne d'une augmentation de la capacité à brûler les graisses. Une prise de 10 kg de masse grasse s'associe à une augmentation de la capacité d'oxydation lipidique de 20 g par jour, ce qui est équivalent à 40 à 50 minutes d'activité physique par jour !

Pourquoi notre corps a-t-il besoin d'augmenter cette capacité à brûler les graisses ?

Essentiellement parce que nous avons des difficultés à limiter spontanément nos apports en graisses. Contrairement aux glucides et aux protéines, les graisses n'entrent que faiblement dans le mécanisme de satiété, c'est-à-dire que l'on peut manger fort gras à un repas sans avoir tendance à limiter spontanément l'apport en graisses au repas suivant.

Le contrôle des apports en graisses dépend de notre volonté d'équilibrer notre alimentation.

Le prix à payer de la prise de poids...

Le problème qu'il ne faut pas oublier est que prendre du poids expose à un risque de diabète, d'excès de cholestérol et d'hypertension artérielle, alors que l'activité physique tend, elle, à diminuer le risque de diabète, d'hypercholestérolémie et d'hypertension.

Dans un monde sédentaire, l'organisme sacrifie la stabilité du poids au risque d'apparition de maladies métaboliques ou cardiovasculaires.

Les leçons à tirer de ces notions :

  • La prévention de la prise de poids passe certes par l'amélioration de l'alimentation mais aussi (et surtout) par la lutte contre la sédentarité.
  • Puisque maigrir implique de modifier l'équilibre énergétique entre les apports et les dépenses, reprendre une activité physique régulière après avoir perdu du poids est un excellent moyen de ne pas reprendre de poids.
Il est important de donner au corps un nouveau moyen d'équilibrer son poids : il avait « choisi » de grossir, vous pouvez « choisir » de bouger.

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