Déclenchement de convenance : la naissance sur commande

Publié par Dr Renaud Guichard
le 12/05/2004
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3 minutes

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Quoi de plus naturel qu'un accouchement ? Pourtant, on sait bien qu'existent la césarienne et le déclenchement. En dehors des indications médicales à terminer une grossesse artificiellement, qu'en est-il des indications de convenance (convenance pour la femme et pour le médecin) ?

L'accouchement : phénomène naturel mais encore mystérieux

Encore aujourd'hui, on ne connaît pas les mécanismes qui permettent à un accouchement de se déclencher naturellement. On ne peut que constater statistiquement que le moment idéal est situé autour de la 39e et de la 40e semaines d'aménorrhée, avec les limites de 37 semaines révolues pour éviter la prématurité et 42 semaines révolues pour éviter la post-maturité. On sait également prévoir l'imminence d'un accouchement sur l'aspect du col. Fort de ces éléments, on peut envisager la possibilité d'un déclenchement artificiel, d'autant plus que l'on connaît deux substances efficaces : l'ocytocine et les prostaglandines.

Pourquoi déclencher un accouchement ?

La possibilité de déclencher artificiellement un accouchement est très importante lorsqu'il y a un risque pour le bébé ou la maman à attendre trop longtemps. Par exemple, lorsque le bébé risque d'être trop gros pour sortir par les voies naturelles (on évite ainsi une césarienne), lorsqu'une pathologie maternelle (comme l'hypertension) risque de s'aggraver brutalement, ou encore lorsque le terme est dépassé et que l'accouchement ne se produit pas naturellement (à partir de 42 semaines). Le moment choisi est souvent la date où l'enfant sort de la prématurité (à partir de la 38e semaine), afin de conjuguer un risque minimum pour l'enfant et la mère. Mais de plus en plus, on assiste à des déclenchements non pas pour raison médicale mais pour convenance personnelle. Il peut s'agir simplement d'une question de confort psychologique ou professionnel pour la mère, ou alors, de façon plus argumentée, de prévoir l'accouchement dans la journée, au moment où les équipes obstétricales sont au complet. Au total, toutes raisons confondues, le taux de déclenchement en France est stable autour de 20%.

C'est parfois très long

L'ennemi du déclenchement programmé, c'est la précipitation. Le risque est en effet que l'accouchement soit long et difficile (pour la mère comme pour le bébé), ou qu'il se solde par un échec (avec risque de césarienne). Il est donc impératif que les conditions soient optimales, c'est-à-dire, que le col utérin soit « mûr » (NB : cette remarque est également valable pour les accouchements qui surviennent naturellement). On apprécie sa position par rapport au bassin, par rapport au foetus, sa longueur, sa dilatation et sa consistance. Si le score est supérieur à cinq sur dix, on peut injecter de l'ocytocine (plus connu sous le nom commercial de Syntocinon) afin de provoquer les contractions de l'utérus. Pour aider à la maturation du col, on met dans le vagin une substance appelée « prostaglandine ». La péridurale est souvent nécessaire car les contractions déclenchées artificiellement sont très douloureuses.