MST : méfiez-vous de l'herpès génital

Publié par Dr Philippe Presles
le 13/11/2002
Maj le
4 minutes
Les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) sont devenues synonymes de SIDA. Pourtant d'autres maladies peuvent aussi avoir des conséquences très graves. Plus insidieuses, elles doivent également être connues. C'est le cas de l'herpès génital.

Les MST et les craintes qu'elles suscitent évoluent en fonction des époques et des traitements. Si redoutées encore dans les années 60, les complications de la syphilis (la "petite vérole" de l'histoire), ne se rencontraient plus guère en France métropolitaine (depuis trois ans, on assiste à une recrudescence inquiétante de syphilis). Ceci s'explique par le succès de la pénicilline sur l'agent responsable, le tréponème. La pénicilline a également fait disparaître la crainte de la gonococcie, la fameuse "chaude-pisse" qui fit tant rire et pleurer (attention, elle revient et peut être responsable de stérilités tant masculines que féminines). Après la période exceptionnelle des années 70, au cours de laquelle les MST étaient le plus souvent curables, l'épidémie du Sida refit de la sexualité un vecteur de maladie mortelle. L'usage de préservatifs devenait essentiel pour préserver sa vie et son avenir. Puis l'invention des traitements antiviraux anti-HIV rendit l'épidémie provisoirement moins dramatique en sauvant de nombreuses vies. Parallèlement, on découvrait que d'autres MST étaient aussi très redoutables comme les chlamydiae qui sont responsables de stérilités tubaires (par obstruction des trompes), les papilloma virus qui provoquent à long terme des cancers, notamment du col, et les infections herpétiques qui peuvent récidiver toute la vie. Le préservatif retrouve d'autres qualités qu'il ne faut pas négliger, d'autant plus que le sida est toujours là, contaminant chaque jour de nombreuses personnes.

L'herpès génital peut tant être méconnu que récidivant

L'herpès génital est une maladie particulièrement pénible. Sa première manifestation (primo-infection) est caractérisée par une éruption, très prurigineuse (démangeaisons) et très douloureuse, des vésicules, voire des cloques sur le sexe. Chez la femme, on les retrouve disposées en bouquet dans le vagin ou sur le périnée (peau comprise entre le vagin et l'anus). Chez l'homme, elles se regroupent sur le pénis ou sur les testicules. Tant chez l'homme que chez la femme, des lésions anales sont possibles. En quelques jours, ces lésions vont s'éroder pour constituer des plaies encore plus douloureuses… Ce tableau déjà pénible peut être aggravé de fièvre, de maux de tête, de douleurs digestives et de courbatures.

Mais, ces symptômes caractéristiques sont d'une certaine manière trompeurs : dans 60% des cas, l'infection ne se déclare jamais cliniquement et reste inaperçue. A contrario, quand elle s'est manifestée, des récidives surviennent dans 85% des cas. Ceci explique pourquoi l'herpès est une maladie insidieuse pouvant facilement être méconnue et se transmettre d'un partenaire à l'autre. Selon une enquête Louis Harris, réalisée pour le compte de l'Association Herpès, si près d'un Français sur cinq est ainsi atteint, seuls deux sur dix se savent contaminés. Pire, seules 34% des personnes atteintes savent qu'il s'agit d'une MST et 59% n'utilisent jamais de préservatifs…

L'herpès se soigne mais ne guérit jamais

Aujourd'hui, si l'herpès se soigne grâce aux antiviraux spécifiques du virus (Zovirax ou Zélitrex), il ne guérit jamais : des récidives sont possibles toute la vie. Dans les cas d'herpès récidivant plus de 6 fois par an, il est maintenant possible de mettre en place une cure longue et quotidienne d'antiviral sur une durée de 6 mois. Dans certains cas l'herpès peut être très grave, notamment chez les nouveau-nés et chez les patients immunodéprimés.

Pour prévenir des atteintes gravissimes du nouveau-né, en cas de risque, outre la mise en place d'un traitement antiviral, une césarienne sera pratiquée pour éviter tout risque de contamination. Chez les personnes immunodéprimées, notamment les malades soufrant du Sida ou d'un cancer, un traitement antiviral de longue durée doit être institué.

En pratique, il faut être bien informé et utiliser systématiquement les préservatifs

En pratique, il faut se prémunir au mieux contre cette maladie et se tenir bien informé. Il faut ainsi systématiquement se protéger en utilisant des préservatifs lors des rapports sexuels avec de nouveaux partenaires. Il faut savoir en effet qu'il existe deux types de virus : le HSV1 et le HSV2 et que le premier peut également être responsable d'un herpès buccal (le fameux bouton de fièvre) pouvant se contracter lors de simples baisers et contaminer ultérieurement la sphère génitale. Dès lors, personne ne peut être à l'abri…

Il faut ensuite consulter rapidement un médecin dès les premiers signes d'une éruption génitale et ne pas mettre n'importe quoi dessus : l'application de corticoïdes peut être catastrophique en favorisant la diffusion du virus. Outre la prescription d'antiviraux, cette consultation permettra de prescrire des prélèvements permettant d'identifier le virus en cause. Cette information permettra ensuite de se traiter plus tôt si d'autres poussées surviennent et de prévenir ses partenaires lors de rapports sexuels ultérieurs. Il faut en effet savoir que l'herpès est constamment contaminant, même en dehors de toute poussée, même si la contamination est maximale lors des éruptions. Les rapports sexuels sont alors formellement déconseillés.

Faire pratiquer une sérologie chez son partenaire

Un herpès génital peut ainsi gravement perturber une vie de couple. Dans ce cas, il faut enfin savoir qu'une recherche du virus dans le sang (une sérologie virale), peut être effectuée chez les deux partenaires. Si d'aventure les deux sont contaminés par le même virus (HSV1 ou HSV2), il ne devient plus nécessaire de se protéger l'un l'autre de la contamination : il n'existe pas de phénomène de surcontamination d'un individu à l'autre.

Sources

FMC Hebdo N°79 - 13 juin 2000 Enquête Louis Harris réalisée pour l'Association Herpès

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