Mise au régime des cancers de l’ovaire

Les cancers de l’ovaire, comme de nombreux autres, ont un métabolisme qui leur est propre.Une équipe a montré qu’il était possible de distinguer un cancer de l’ovaire agressif d’un cancer non-invasif en étudiant ses besoins en glutamine, un acide aminé nécessaire au bon fonctionnement des cellules.
© Istock

La « signature » métabolique de cancers ovariens

Otto Warburg, en 1924, montrait que les cellules cancéreuses produisaient - via une réaction appelée la glycolyse - plus d’énergie que les cellules saines. Cette observation expliquait le fait que ces cellules cancéreuses consommaient plus de glucose que la normale. En 90 ans, l’observation a été nuancée et il semblerait que toutes les cellules cancéreuses n’aient pas les mêmes « dérèglements » métaboliques ni les mêmes besoins. Une équipe de l’Université de Rice, Texas, a identifié la « signature » métabolique de cancers ovariens et propose un test qui permettrait de savoir si la tumeur est invasive ou non.

Les besoins en glutamine indiquent le niveau d’agressivité des cellules des cancers ovariens

Des centaines de tumeurs ont été analysées par les chercheurs.

Leurs conclusions montrent non seulement que la glutamine est la ressource énergétique majeure pour ces cellules des cancers ovariens, mais elles permettent surtout de distinguer des différences entre les cellules invasives et celles qui ne le sont pas : les premières sont dépendantes d’un apport extérieur en glutamine alors que les cellules peu agressives sont en mesure de produire elles-mêmes la glutamine dont elles ont besoin.

Les répercussions d’une telle découverte sont multiples.

Au niveau du diagnostic, d’abord : les chercheurs ont réussi à mettre au point un test métabolique qui permet d’évaluer le ratio entre la quantité de glutamine importée par les cellules et la quantité qu’elles produisent. Ce ratio informe sur le niveau d’agressivité des tumeurs et permet ainsi d’adapter la prise en charge de manière précoce. Du point de vue des traitements, ensuite, la relative indépendance énergétique des cellules peu invasives expliquerait le peu d’effet qu’ont les thérapies qui privent les cellules de glutamine. Cette donnée oriente les chercheurs vers des stratégies qui visent les premières étapes de la production de glutamine.

Les auteurs de cette étude travaillent d’ailleurs, dans un modèle préclinique, à la mise au point d’une double stratégie qui bloque les deux modes d’approvisionnement en glutamine des cellules cancéreuses.

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Source : Fondation ARC -Yang, L. et al ; Metabolic shifts toward glutamine regulate tumor growth, invasion and bioenergetics in ovarian cancer; Mol Syst Biol.; mai 2014.